8 - Du malheur d'avoir un cousin si puissant

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La Villa des Marius s'éveilla à l'aube. Une myriade d'esclaves s'ébroua dans différentes tâches ménagères, des cuisines aux salles de bains, prête à subvenir aux besoins de leurs maîtres exigeants.

Ouvrant l'œil avant son maître, Yaël s'assit au bord de la banquette qui lui avait servi de couche pour la nuit. Encore un peu sonné des évènements de la veille, il essaya de reprendre ses esprits et de réfléchir froidement à la situation. Toutes les paroles et les images lui revenaient : "N'oublie pas qui tu es...Tu dois te soumettre...Il n'y a plus rien là-bas...Tu seras le favori... ». Se prenant la tête à deux mains, il fut sorti de ses pensées par l'appel d'Aulus qui venait d'ouvrir l'œil.

« Toi, viens ici... » Ordonna-t-il.

« Je m'appelle Yaël ! » se vexa poliment ce dernier.

« Yaël...Ah oui...Approche ! » lança-t-il en souriant.

Yaël s'avança jusqu'au lit. Se tenant droit, les yeux baissés vers le sol : « Maître... ».

« Viens là... » Murmura Aulus en lui prenant la main, délicatement. Le jeune germain leva les yeux et lui sourit.

Une nouvelle fois Yaël répondit totalement aux exigences de son jeune Dominus. L'empoignade fut plus brève que la nuit précédente, Aulus ayant des obligations familiales en fin de matinée.

En effet, accompagné de sa mère et de sa sœur, il devait se rendre au palais impérial où devait se tenir une cérémonie. Il s'agissait de rendre hommage aux troupes romaines victorieuses des rebelles germains qui avaient menacé la Pax Romana.

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Sur l'estrade qui dominait le palais, l'Empereur et son épouse s'affichaient au premier rang. Loin derrière eux, Livia la mère d'Aulus, lui même et sa sœur Mariana se tenaient debout, immobiles dans des toges immaculées brodées d'or.

Lorsque la cérémonie fut achevée, tous regagnèrent le palais pour une collation en compagnie du général et de ses principaux officiers.

Aulus reconnut aussitôt son amant de la veille. Il vacilla sur ses deux jambes lorsque ce dernier le salua avec arrogance. « Jeune Marius, cela fait si longtemps... Tu n'étais qu'un enfant.».

Puis reprenant ses esprits et son impertinence : « Général, je salue la vigueur de vos exploits qui ont dépassés toutes nos attentes... » Dit-il en le saluant.

Devinant la double signification, Aétius gêné s'éloigna rapidement après lui avoir rendu brièvement son salut.

Durant tout le repas qui suivit, le général évita de croiser le regard du jeune homme.

Comprenant qu'il avait sans doute commis une erreur, Aulus resta silencieux tout en écoutant distraitement les échanges de l'assemblée.

Il fut sorti de sa torpeur par l'intervention de son impérial parent.  "Mon jeune cousin Aulus, que voilà, doit être prochainement incorporé dans mes armées pour y effectuer son service militaire. Pourquoi ne pas le prendre avec toi ? Un héros tel que toi ne pourrait que lui servir de modèle et ceci pour la plus grande gloire de Rome ! ».

Aulus crut de nouveau défaillir.

Interloqué, le général bredouilla «Euh... Divin César...Bien entendu... Ce serait un honneur d'avoir un membre de la famille impériale au sein de mes légions.»

« Et puis, tu sais, Aulus parle couramment le germain. C'est normal, il y en a presque plus chez lui que dans tout l'empire Romain ! ». La sortie de l'empereur fut suivie des rires de l'assemblée. Le jeune garçon n'appréciait pas l'humour de son impérial cousin mais, il n'en fit rien paraître.

« J'en serai moi aussi très honoré, Imperator !» répondit Aulus d'une voix légèrement étranglée.

« Voilà une affaire réglée ! » se félicita l'Empereur en levant sa coupe d'or.

Aulus ne desserra pas les dents du reste du repas. Sa mère le regardait avec inquiétude. Elle voyait bien que la décision de son illustre cousin ne l'avait pas enchanté.

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Après avoir salué les invités, les Marius rejoignirent leur villa sans un mot. Aulus se rendit immédiatement dans sa chambre d'où il fit sortir fermement l'ensemble des serviteurs y compris Yaël.

Mitria s'enquit auprès de Magnus de ce qui avait bien pu autant contrarier son maître. Devant l'incompréhension de ce dernier, il en conclut qu'il s'agissait sans doute d'une affaire de famille.

Magnus tenta d'en savoir plus auprès de la Domina qui ne fut pas plus loquace. Tous craignaient un nouvel avatar des conflits qui gangrénaient la famille impériale dont l'histoire était parsemée du sang des crimes, parricides et suicides en tout genre.

"Le pouvoir ne se partage pas." Songea Aulus allongé sur son lit. Nul doute que son impérial cousin appliquait à la lettre l'adage des césars. En éloignant son jeune parent aux confins de l'empire, dans une contrée aussi sauvage que dangereuse, l'Empereur avait joué un coup de maître. Entre les fièvres des marais et les barbares, vu son peu d'attrait pour les armes et sa délicate constitution, les chances étaient grandes pour qu'il n'en revienne pas.

Le pouvoir ne se partage pas...

Aulus fut sorti de sa torpeur par des coups légers donnés sur la porte. Il l'ouvrit brusquement sur Mitria intimidé qui se tenait courbé derrière : « Pardon, mon Maître, le noble Micianus est là, il veut absolument te voir.»

« Micianus...Oui... Fais le entrer » ordonna-t-il.

« Alors, tu l'as vu ? Avais-tu reçu mon message ? » fit Micianus affolé

« Qui ? quel message ? » 

« Oh, il est là... Par tous les dieux, tu étais déjà parti ! Pardon, je me suis réveillé trop tard pour te prévenir plus tôt...le...le » bredouilla le jeune homme.

«...Soldat d'hier était en fait le général Aétius...Merci ! je m'en suis rendu compte ! Aujourd'hui, ce salaud a fait comme s'il ne m'avait pas revu depuis dix ans ! ».

Détectant l'énervement de son ami, Micianus s'assit dans un fauteuil. « Qui y a-t-il mon ami ? » murmura-t-il

« Le bouquet, c'est que je dois être incorporé dans ses légions !» grogna-t-il.

« Je croyais que tu devais faire ton service militaire au sein de la garnison de Rome ? » s'étonna Micianus.

« Et bien, mon cher cousin en a décidé autrement ! Il a jugé que l'air des forêts germaines me ferait le plus grand bien ! » Enragea Aulus.

« Du moins, toi qui raffoles des germains, tu n'auras pas que de désagréables occupations là-bas... » Tenta le jeune homme pour détendre l'atmosphère.

« Micianus! Peux-tu être sérieux un instant !» hurla son ami.

« Oui pardon. Et tu crois que ce sera mieux pour moi avec mon oncle en Syrie. Il me déteste. Pour lui, je ne suis qu'un bon à rien qui jette l'argent de la famille par les fenêtres !».

« Ouf...Nous voilà bien servi. Rien ne sert d'avoir des ennemis, nous avons nos familles pour nous faire mourir à petit feu ! Sinon, as-tu revu son compagnon de débauche ? Je l'ai aperçu lors de la cérémonie tout empanaché. »

« Crassus, oui...hum...Nous avons fait plus ample connaissance... »

« Micianus ! Mais, c'est proprement scandaleux ! Tu es incurable ! » la sortie d'Aulus fut suivie des rires des deux garçons. Ils chahutèrent par la suite tout en s'esclaffant des commentaires salaces de Micianus concernant les détails sexuels de sa précédente nuit.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant