3 - Le banquet coquin des adieux

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Dans la soirée, Aulus et Micianus avaient rejoint leurs amis pour le banquet que donnait Démétrius pour fêter sa proche incorporation dans les légions romaines.

Selon l'habitude des romains, les agapes furent mémorables avec un défilé de mets les plus délicats et les plus coûteux que l'empire pu fournir. Rien n'était trop beau pour les invités de Démétrius qui donnait dans le parvenu autant qu'un affranchi.

Cette faute de goût exceptée, alors que les bonnes manières romaines auraient voulu de la mesure en toute chose, l'accompagnement musical et les odes associées étaient ce qu'il y avait de mieux pour l'époque. Poètes, chanteurs, danseurs et musiciens à la mode se succédèrent à un rythme effréné.

En tant que membre de la famille impériale, Aulus était l'invité principal et faisait l'objet de tous les égards de la part du maître des lieux et de ses serviteurs.

Contrairement à sa prédiction, Micianus ne dormait pas. Au contraire, il redoublait de bons mots avec les philosophes, sénateurs et tribuns aguerris qui l'entouraient.

Ce genre de joutes verbales ennuyaient Aulus qui ne les goûtait guère. Il préférait observer avec amusement le ballet des esclaves magnifiques qui s'agitaient autour des invités. Il les taquinait gentiment entre deux passages de plats en essayant de les faire trébucher sur sa couche ou de les peloter furtivement lorsqu'ils s'approchaient pour le servir.

L'hôte du jour, près de qui il était allongé, devisait avec les uns et autres sans perdre une miette du manège de son voisin.  "Pas d'impatience Aulus, tu pourras en avoir autant que tu le souhaiteras tout à l'heure..." murmura Démétrius en direction du jeune patricien.

"Tes esclaves sont les plus beaux de Rome, Démétrius !" chuchota Aulus, les yeux brillants, à l'oreille du Dominus.

"Oui, les plus beaux de Rome...après les tiens, Aulus ! Tout le monde sait que tu as tes entrées auprès de Gératus qui fournit la plus belle marchandise de tout l'Empire ! » Persifla Démétrius avec un brun de jalousie dans la voix. "D'ailleurs, on m'a dit que l'on t'avait vu sortir de chez lui cet après-midi avec un jeune germain d'une très grande beauté. C'est bien vrai ?"

"Tes espions t'ont bien renseigné Démétrius. Un garçon de tout premier choix, il est vrai... fils d'un chef germain... »

 "Ah les germains, je les adore aussi...mais mes préférés ce sont les Parthes...avec leurs yeux noirs profonds... hum..». Quoiqu'un peu gras, Démétrius présentait un visage charmant avec l'allure d'un gros poupon à peine sorti de l'enfance. Comme l'ensemble des amis d'Aulus, il partageait totalement les goûts de ce dernier pour les mœurs grecques.

Le clou de la soirée approchait. Il s'agissait d'un combat de gladiateurs. Démétrius avait pu se procurer via un laniste de sa connaissance, deux grandes vedettes de l'arène pour un combat de démonstration.

Les deux adversaires s'étaient avancés au milieu de la salle à manger, leurs corps cachés sous de lourdes capes sombres. Puis, ensemble, ils les avaient faites glisser à leur pieds. Ils étaient apparus totalement nus, tenant juste un glaive à la main. Cette vision avait déclenché une brusque clameur dans la salle. Leurs muscles impressionnants laissaient pantois d'admiration les jeunes patriciens déjà émoustillés par le vin. Leur peau imberbe et huilée brillait à la lumière des flambeaux, excitant les amateurs de beaux mâles virils.

Au signe du maître des lieux, les deux combattants engagèrent une violente passe d'armes. Le son métallique de leur épées résonnait dans la pièce redevenue silencieuse. Bientôt chacun dans la salle prit parti pour l'un des gladiateurs et les cris d'encouragement commencèrent à fuser. Après plusieurs minutes de combat, l'un des deux hommes eux le dessus sur l'autre. Il demanda grâce en levant deux doigts.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant