32 - L'amitié et le pouvoir

146 11 0
                                    


L'épouse d'Aulus et sa puissante famille virent dans les nombreux hommages au jeune favori disparu une nouvelle provocation de la part de l'Empereur. Il n'était pas pensable pour eux que l'amour fut la cause d'une telle folie. Ils envoyèrent Micianus, l'ami d'enfance mais, aussi le puissant préfet du prétoire tenter de raisonner le souverain.

Aulus s'attendait à cette nouvelle offensive des Gallius et s'était déjà bien préparé lorsqu'il reçut son ami.

     « Préfet Micianus, que me veux-tu ? » demanda-t-il sèchement. 

       "Divin césar, Aulus Marius, mon ami. Je te conjures d'arrêter tes folies ! »

        « Quelles folies ? N'ai-je pas le droit de faire ce que je veux. Je suis l'Empereur ! »

         « Oui, empereur par la grâce de ma famille, ne l'oublie pas ! »

         « Et par la grâce des dieux et de l'argent de Batiatus !"

         "Par les dieux ou les hommes, Aulus tu ne peux plus continuer comme cela. Tu veux finir comme ton prédécesseur ? »

         "Tu me ferais du mal ? toi mon préfet du prétoire. Celui que j'ai couvert de richesse, mon meilleur ami. Tu veux te retourner contre moi ? »

        "Non bien sûr, César, tu es mon empereur. Tu sais bien que je n'ai jamais souhaité que ton bonheur. » Fit-il en se rapprochant plus près du souverain.

        « Ah oui ?"

        « Oui, tu le sais bien. Tu connais mes sentiments pour toi. Je les ai toujours... » fit-il en posant sa main sur celle de son empereur.

       « Ne me touche pas ! » le repoussa-t-il.

        "Divin César, je sais que c'est l'amour qui t'a fait perdre la tête. Dis-moi que tu vas arrêter et tu rassureras tout le monde sur ta santé mentale. »

        "Je déteste cette pression que toi et ta famille veulent me mettre. Je ne suis pas à votre service, je suis l'empereur ! »

         "Aulus, je t'en prie. Cesse de t'entêter sinon Rome se retournera contre toi ! Je ne veux pas que tu meures, j'ai encore l'espoir que... »

         « Quel espoir ?"

         "L'espoir que tu acceptes enfin de m'aimer tout comme je t'aime. Comme je t'ai toujours aimé... »

        «Mon pauvre Micianus, tu es pathétique. Tu t'es vu ? Comment peux-tu imaginer un instant que je puisse t'aimer d'amour ? »

        « Certes, je ne suis pas aussi jeune et beau que tes amants mais, je te connais parfaitement. Je suis en mesure de te satisfaire en tout point. »

         "Si tu veux me satisfaire, cesse déjà de me harceler et de me menacer avec ta puissante famille. Je me sens oppressé par votre présence. Je n'ai plus confiance. Crois-tu que je ne sais pas ce qui est arrivé à mon amour ? C'est ta sœur qui l'a assassiné ! Je ne sais pas comment elle s'y est prise mais, elle l'a tué. »

       "Ma sœur n'a rien à voir avec la mort de ton amant. Il avait des tas d'ennemis. Un jaloux aurait pu tout aussi bien le faire périr. Crois-tu que ton épouse aurait fait une chose pareille en sachant parfaitement que ce serait elle qui serait la première soupçonnée ? »

       "Je sais. Mais elle l'avait menacé devant moi. »

       "Peut-être mais, au-delà des mots, ma sœur est incapable de faire du mal à qui que ce soit. Elle est très malheureuse de ton attitude. »

       "Elle aurait dû y songer avant. Je l'avais prévenue. D'ailleurs, j'ai l'intention de la répudier. »

        "Aulus, mais tu n'y penses pas. C'est insensé ! »

        « Je n'ai plus confiance en elle, Micianus... Ni en toi d'ailleurs... D'ailleurs, j'ai décidé de me séparer, aussi, de tes services."

        « Mais, césar, tu ne peux pas..."

        « Prétoriens, arrêtez cet homme !"

        « Aulus, non, tu ne peux pas faire cela."

        "Je suis l'empereur, je peux tout ! Allez ! »

Une troupe de prétoriens accompagnèrent sans ménagement le préfet démis de ses fonctions et le conduisirent dans une geôle du palais. Ses biens furent confisqués. Un nouveau préfet le remplaça.

Gallia fut répudiée dans la foulée et exilée loin de Rome où elle mourut peu après d'une fièvre étrange.

Le consul de Syrie fut exécuté par son aide de camp qui avait préalablement été grassement payé par le pouvoir. Il prit sa place selon les directives de l'empereur. Cette nouvelle purge n'émut pas grand monde à Rome où la puissante gens Gallia avait fait beaucoup de jaloux.

Seul Vorénus eut quelques états d'âme. Il n'en toucha pas mot à son empereur de peur de finir lui aussi dans une geôle ou pire. Ce n'est qu'auprès de Magnus qu'il fit part de sa désapprobation.

        "Pourquoi tant de haine ? Les Gallius ne l'ont-ils pas aider à prendre le pouvoir ? »

        "Ils l'on aidé, certes, mais, ils voulaient une part de gâteau de plus en plus grande. Micianus était corrompu. C'était connu. Il pillait allègrement le trésor impérial et détournait de grosses sommes pour son intérêt et celui de sa famille. »

        « Mais, l'impératrice n'avait rien à voir dans ces détournements."

        « L'impératrice, quant à elle, a fait tuer le jeune favori de césar parce qu'il lui faisait de l'ombre."

       « En avez-vous la preuve ?"

       "Oui, celui qui a procédé à l'empoisonnement m'a parlé. Il est mort peu après sous la torture. »

        « C'est terrible !"

        "L'empereur n'a fait que ce qu'il devait faire – rien de plus. Il s'est débarrassé du consul Gallius qui aurait pu fomenter des troubles en Orient pour se venger. C'était logique. »

       "Oui, logique. Mais, les nouveaux amis du prince ne sont pas beaucoup plus fiables... »

       « Je sais et nous devons redoubler de vigilance ! »

       « Tu as raison."

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant