11 - La fin de l'insouciance

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Outre ses moments intimes avec Yaël qui étaient de plus en plus satisfaisants, Aulus passa le plus clair de son temps dans de somptueuses fêtes organisées par ses amis d'enfance qui redoublaient tous de faste pour leurs adieux à la vie civile.

Micianus lui aussi se préparait à partir rejoindre les troupes de son oncle en Syrie. Quelques jours avant son départ, il passa la journée avec son meilleur ami.

« Que tu es impressionnant dans ce costume... » Ironisa Aulus lors d'une énième séance d'essayage allongé sur une banquette des appartements de Micianus.

« Arrête,  j'ai autant l'air d'un soldat qu'une catin d'une vestale ! Qui veux-tu que je trompe ? Les légionnaires vont me manger tout cru ! Je ne vais pas tenir plus de deux jours !"

« Et moi, que crois-tu ? Lorsque j'ai enfilé la côte maille, je me suis déjà senti déguisé !». Les deux jeunes hommes rirent de bon cœur.

« Eh bien, ce n'est pas avec nous que le soleil de Rome va briller. J'ai bien peur que nous ne soyons la risée de toute l'armée romaine ! ». Cette dernière sortie de Micianus fut suivie d'un nouvel éclat de rire des deux garçons.

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Le lendemain, les deux amis avait été conviés à leur dernier banquet avant leur départ.

Là, ils avaient rencontré le brillant Caius Metellus. Il s'agissait d'un jeune homme d'une vieille famille de province fort puissante sur la péninsule. Il était sublime avec des yeux bleus qui respiraient l'intelligence. Beaucoup plus discret que Micianus, avec une réserve hautaine qui pouvait paraître pour de l'arrogance, il faisait pourtant mouche dans ses rares réparties. Dès qu'il avait vu Aulus, ce dernier avait eu du mal de cacher son attirance pour lui. Même s'il évitait de croiser son regard, il l'avait observé tout le long de la soirée. Aulus, pour sa part, n'avait rien remarqué, tout occupé, comme à son habitude, à taquiner les esclaves de son hôte.

Micianus, quant à lui, n'avait pas manqué de noter l'émoi du jeune homme. Agacé, il se pencha vers son ami et lui chuchota : "Je vois là-bas un coquin qui n'a d'yeux que pour toi Aulus."

Aulus haussa les épaules. Il avait l'habitude d'être désiré par des hommes de sa condition mais, cela n'allait jamais volontairement bien loin. En effet, ce genre de relation suscitait la réprobation unanime de la société romaine. Depuis la banquette où il était allongé, il orienta néanmoins peu après son regard vers Metellus. Ce dernier baissa aussitôt les yeux, embarrassé d'avoir été ainsi découvert.

Cependant, alors que la fête touchait à sa fin, Metellus se rapprocha de l'objet de son attention dans le patio. Il l'aborda avec des banalités sur l'ambiance du diner et la chaleur de l'air. Puis, rapidement, il s'assit près de lui.

Aulus, gêné, ne sut bientôt plus où se mettre, ni quoi dire. Voyant son trouble, Metellus se mit à déclamer à mi-voix des vers sulfureux d'Ovide. Aulus sourit devant l'audace du jeune homme puis, baissa les yeux comme une jeune vierge. Il songea, cependant, que le jeune provincial était encore plus beau de près et il arrivait à peine à supporter son regard encore plus brûlant sur lui. Il pensa qu'il était bien dommage qu'il ne fut pas esclave ou même affranchi car, dans ce cas, il l'eut troussé sur le champ. Mais, comme il était encore sonné par l'épisode Aétius, il s'était promis d'éviter tout nouvel ennui à quelques jours de son départ pour la Germanie.

Mais, après quelques échanges aimables, Aulus avait accepté l'invitation de Metellus en sa demeure deux jours plus tard. En effet, ce dernier avait attiré sa curiosité en lui affirmant disposer d'une dague légendaire incrustée de pierres précieuses qui aurait appartenu au père d'Aulus. Peu après, les deux hommes se quittèrent avec moult politesses sous le regard suspicieux et jaloux de Micianus.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant