L'homme en face de moi devait mourir. Enfin... pour cela il faudrait que je puisse le qualifier d'homme ce qu'il ne méritait pas franchement. Il le méritait à peu près autant qu'un rhinocéros mérite la couronne de Miss Délicatesse. Et encore... au moins le rhinocéros faisait des efforts. Ce serait un grand ajout à l'histoire de l'Humanité si désormais on pouvait cocher la case "Raclure" pour le genre. Comme ça, les serial-killers et autres gentillesses pourraient se désavouer de la race humaine dans le calme le plus complet.
La raclure donc était petite, rachitique, avec trois cheveux pour couvrir son crâne d'œuf et un complet d'un brun terne comme un réveil sans café. Il ressemblait au cliché du type enfermé dans un open-space toute la journée, ce qui était des plus éloignés de l'image glamour collée à la mafia et au crime en général. La seule preuve physique qui le différenciait de Robert de la compta était sa frousse monstrueuse. Des frissons l'agitaient violemment et je regardais, fascinée, sa sueur coulait le long de sa tempe. Pour un caïd, il était plus impressionable qu'une vierge le jour de son mariage. J'aurais bien pris ses gardes du corps à témoin mais la rigor mortis avait la fâcheuse tendance à plomber les langues. Jetant un bref coup d'oeil vers l'arrière, je m'assurais qu'aucun d'entre eux n'avait eu la mauvaise idée de survivre. Dix-sept, dix-huit, dix-neuf, ils étaient bien tous là. Les gentils garçons, je leur donnerai une image pour récompenser leur bonne conduite.
Mais cette étrange peur ne l'empêchait pas de tenir un revolver à bout de bras tremblants. Au moins, peut-être qu'à défaut d'avoir l'apparence et le mental, avait-il les compétences liées à son rang. Un sourire cynique découvrit mes dents. Il pensait sérieusement me faire mal avec ce jouet ? Même un gosse avec une pétoire en plastique à trois dollars avait plus de chance. C'était beau l'innocence. Je lui donnerai peut être une image à lui aussi. Mais l'homme semblait sincèrement croire qu'il pourrait défendre sa vie avec. C'est donc d'une voix arrogante, bien que parcourue de tremblements, qu'il me déclara:
"-Vos m...mains en l'air ! Et tout de....de suite !"
À mesure qu'il parlait, il avait raffermi sa prise sur son arme. Il savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. Moi je savais qu'il ne lui restait plus qu'une seule balle. Les autres étaient incrustées dans le front des enfants qu'il avait kidnappé. Tsss... il avait tué sa propre marchandise. Car ce charmant personnage était trafiquant d'êtres humains, plus précisément de mineurs. Vous comprenez mieux le qualificatif de "raclure" ? Les petits cadavres jonchaient la pièce, empêchant par la même occasion à cette ordure de s'enfuir sans trébucher. Je considérais que c'était un juste retour du karma. Et aussi une preuve de stupidité. Je me demandais de plus en plus comment il avait fait pour atteindre le poste de chef.
Ne m'abaissant pas à lui répondre je levai simplement mon arbalète à la hauteur de son front dégarni. Je ne sus pas si son pitoyable instinct de survie s'éveilla à cet instant mais ce qui était sûr, c'était que son revolver avait tiré. Il savait viser (Enfin une qualité ! ) et malgré sa peur, ses mains n'avaient pas tremblées lorsqu'il avait appuyé sur la gâchette.
Le soulagement se peignit sur son visage blême au fur et à mesure que la balle fonçait vers mon cœur...pour traverser mon corps sans le moindre heurt avant de finir sa trajectoire dans le mur derrière moi.
La figure de ma proie était désormais tordue de frayeur tandis que je laissais un rictus prédateur découvrir mes dents. Les amis, toujours travailler le panache, c'était la base de votre réputation. Cependant la mienne était plus répandue de l'autre côté, je l'avoue.
"-Qui...qui êtes vous ? Ou plu...plutôt, qu'êtes vous ?"
Mon rictus s'accentua. Sa frousse aussi.
"-Ta mort."
Mon arbalète n'émit aucun bruit lorsque j'appuyai sur la gâchette. Au contraire, le bruit de son corps et de son arme s'effondrant sur le sol résonna longtemps dans la pièce bétonnée.
Mais j'étais déjà partie. Comme unique preuve de ma présence subsistait une balle dans un mur. Le panache, toujours.
VOUS LISEZ
Nox, Livre I : Umbra
FantasyTutoriel pour écrire un résumé : "Bonjour, je m'appelle [insérez ici prénom féminin à consonance américaine], j'ai [choisir un âge entre 15 et 18 ans]. J'étais une adolescente normale jusqu'au jour où un beau/brun/ténébreux garçon m'a révélé la vér...