Une dizaine de minutes plus tard, je bouillonnais de frustration rageuse tandis que Maxen se planquait avec prudence derrière son rôle d'hôte, ce qui se traduisait par une place à mon opposé autour de la table. Sur les dix-huit personnes présentes, le sorcier était le plus éloigné de moi. Et pourtant, entre le regard mauvais du nahual aux yeux de reptile, Mi'tlal, et l'ange me regardant avec ses iris blancs comme si j'étais un carlin venu spécialement depuis Pandémonium pour baver sur son auréole, il avait de la concurrence. Et encore, je ne comptais pas les expressions austères ou simplement dédaigneuses des autres participants. Ils avaient conscience de leur propre importance et tenaient à le faire sentir aussi subtilement que Chuck Norris dans Walker Texas Ranger 3: Deadly Reunion. Le seul visage un tant soit peu amical était celui de Faelan, placé sur ma droite. Pas de chance, j'avais plus envie de lui coller un poing dans la tronche qu'une bise sur la joue.
Ayant de plus en plus de mal à supporter ces jeux à l'importance politique hautement puérile, je daignais accorder un regard à mon voisin de gauche. À ma grande surprise, je reconnus la nymphe arboricole que j'avais copieusement arrosée d'alcool nahual lors du petit-déjeuner cérémonial, près d'une semaine auparavant. Je clignais des yeux. Entre tous les événements et les péripéties, je ne m'étais pas rendue compte à quel point le temps était passé vite. Peut-être aussi à cause de ma petite sieste de quatre jours me souffla mon esprit. Effectivement, cela y contribuait pour beaucoup. Cessant de laisser gambader mes pensées, je me concentrais sur ma voisine en ignorant avec ostension le demi-dragon. Non, je n'étais presque pas rancunière. La dryade avait toujours la peau aussi dorée par le soleil et sa chevelure acajou n'avait pas perdu les feuilles la parsemant. Cependant l'éraflure barrant sa joue ainsi que les hématomes tachetant ses tempes étaient la preuve qu'elle n'avait pas perdu cette semaine à cueillir des cerises. J'arquais mon sourcil préféré.
— Hé bien. Si ma mémoire est exacte, vous m'aviez déclaré être une simple nymphe. En voilà du chemin parcouru ! commentais-je sarcastiquement.
Un sourire énigmatique courba ses lèvres en une expression très fae.
— Effectivement, il semblerait que je n'ai parlé que de mes pouvoirs et négligé de mentionner quelques membres de la royauté dans ma lignée. Un petit oubli, vous en conviendrez.
Sa réplique me tira un éclat de rire caustique et les regards courroucés de la moitié de l'assemblée.
— Heureux de voir que la guerre et les morts ne parviennent pas à faire disparaître votre humour, persifla Mi'tlal avec un air si indigné qu'il me donnait envie d'empirer la situation.
Et manque de chance pour lui, j'ai cédé à mon envie. Je m'ennuyais, il venait de me fournir une bonne excuse pour me divertir. Délaissant ma voisine, je laissais un sourire prédateur révéler mes dents.
— Pauvre petit, c'est vrai que tu souffres tellement à cause de cette guerre. Ton absence de blessure et tes habits de soirée intacts aussi apparemment... insinuais-je en plantant mon regard dans ses pupilles reptiliennes.
Pour mon plus grand bonheur, la pique l'offusqua assez pour le lever de son siège et le pousser à rétorquer :
— Vous ne savez rien de moi, ni des sacrifices auxquels j'ai dû consentir pour ce conflit ! s'emporta t-il.
Déçue par sa réplique en deçà de mes espérances pour un courtisan, mon sourire s'affadit. L'on ne pouvait même plus s'amuser aux dépends des gens ! Je toucherais un mot à Maxen quant à qui inviter pour ne pas s'ennuyer à une réception, si il survit à ce que je lui infligerais après qu'il m'ait révélé son secret, bien sûr. Néanmoins, j'accordais au nahual furibond une réponse afin d'achever cette embryon de conversation et me laisser ensuite repartir à ma discussion avec ma voisine mille fois plus intéressante.
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Nox, Livre I : Umbra
خيال (فانتازيا)Tutoriel pour écrire un résumé : "Bonjour, je m'appelle [insérez ici prénom féminin à consonance américaine], j'ai [choisir un âge entre 15 et 18 ans]. J'étais une adolescente normale jusqu'au jour où un beau/brun/ténébreux garçon m'a révélé la vér...