Pour pallier à ma déficience naturelle en chance, j'avais acquis l'incroyable compétence de pouvoir déceler les avantages de n'importe quelle situation. Par exemple , dans le cas présent, je profitais de la présence très proche du visage du roi des Faunes pour en apprendre plus sur la morphologie particulière de son espèce. Car outre ses cornes recourbées (bien que celle de droite eut été brisée, le laissant qu'un moignon) et ses sabots, sa face n'était pas exempte de curiosités. Je découvrais avec stupeur que la couleur obsidienne de ses iris dissimulait des pupilles horizontales, comme les boucs, d'une demie-teinte plus sombre. Si je n'avais pas été aussi près de lui, je ne l'aurais jamais remarqué.
En revanche, toujours du à ma déficience naturelle en chance, j'avais aussi acquis la compétence de me rendre rapidement compte des problèmes d'une situation. Par exemple, dans le cas présent, c'était l'écume sortant de ses babines, ses yeux exorbités et surtout, ses mains serrées autour de mon cou.
— Roman, fais preuve de civilité ! asséna avec bonhomie Terri. Tu ne veux tout de même pas tuer notre invitée !
Suffocant à moitié, je ne pus lui exposer mon point de vue quant à sa façon de formuler le problème, mais tentais de lui faire comprendre avec un regard accusateur. Peine perdue, la naine ne le vit jamais car elle venait de se redresser pour héler d'un grand geste la nahual restée en amont.
— Si, grogna le roi des faunes en réponse alors qu'un filet de sang s'écoulait hors de ses lèvres.
Ah. Il semblait donc que mes intentions divergeaient de nouveau des siennes. En effet, je n'étais que très peu encline à me laisser être étouffée sans opposer aucune opposition, pour une bête question de survie. Et, dommage pour lui, ce n'était ni son état de cadavre-en-devenir, ni mes scrupules, qui allaient m'empêcher de me débarrasser de cet étouffant collier fait de ses phalanges. Sentant mon champ de vision se rétrécir tandis que l'oxygène commençait à me manquer, j'attrapais un énième stylet dissimulé dans ma manche et le plantais non loin de son cœur. Marrant, j'avais comme une sensation de déjà-vu...
— Auxanne ! Tu ne vas pas t'y mettre à ton tour ! me reprocha Terri avec le même ton qu'une mère obligeant ses enfants à manger ses épinards.
Quelle aide précieuse de sa part ! Cependant, je ne prêtais aucune attention à ses paroles, toujours affairée à défendre ma vie. En effet, peut-être à cause de sa chair torturée, le roi semblait ne plus ressentir la douleur et continuait de presser ma gorge comme si c'était une orange particulièrement coriace. Ou alors, il se fichait simplement de vivre. J'espérais pour lui que la seconde option était la bonne puisque, pour une fois, j'allais alors accomplir son souhait. Rendre service, ma spécialité... lorsque c'était dans mon intérêt, évidemment. Raffermissant ma prise sur mon arme, j'effectuais une torsion du poignet pour enfin me débarrasser du faune.
Enfin, j'essayais.
La naine semblait avoir enfin décidé d'effectuer son travail. Attrapant son patient par l'arrière du crâne, elle le tira en arrière d'un geste brusque, le dégageant de la prise mortelle de mon stylet contre son cœur.
— Dolor craneale, déclara Terri en lui assénant une claque sur la tempe avec nonchalance. Et dors bien maintenant. Tu n'avais qu'à bien te tenir, non mais.
Je sentis l'emprise du roi se relâcher sur mon cou, me permettant de me dégager d'un geste sec. Bien qu'encore sous l'emprise du manque d'oxygène, mon cerveau eût tout de même le réflexe de retirer mon arme pour conserver le stylet. Libérée, je m'éloignais de quelques pas avant de m'affaisser, crachant mes poumons contre le sol. Cependant, contrairement aux attentes de l'algomancienne, son sort ne fut pas suffisant pour assommer Roman. Bien que plongée dans mon tourment, je glissais un regard en direction de la principale menace de la pièce. Les yeux du fae s'étaient révulsés sous l'action de l'Animus de Terri et il commença à se convulser mais ne s'évanouit pas. La naine fronça les sourcils.
VOUS LISEZ
Nox, Livre I : Umbra
FantasyTutoriel pour écrire un résumé : "Bonjour, je m'appelle [insérez ici prénom féminin à consonance américaine], j'ai [choisir un âge entre 15 et 18 ans]. J'étais une adolescente normale jusqu'au jour où un beau/brun/ténébreux garçon m'a révélé la vér...