Et puisque je voulais fuir les deux comparses, c'est tout à fait normalement que je me retrouvais à leurs côtés une demie-heure plus tard. Comment ? Croyez-moi, vous ne voulez pas savoir. Tout ce que je dévoilerais, c'est que j'ai perdu l'épée de Fealan dans l'opération et récupéré mon arbalète chérie à la place. Elle m'avait tellement manquée lors de ces longues heures si loin l'une de l'autre, que je lui fis un câlin dès que je l'eus de nouveau en main. Ne nous jugez pas, notre relation est trop fusionnelle pour se conformer aux normes de la société.
Bref, c'est ainsi que je me retrouvais assise sur une chaise. Encore. Mais cette fois-ci, sans lien ou bâillon. Je notais une amélioration progressive du traitement réservé à ma personne, peut-être même qu'un jour je pourrai me tenir debout. Imaginez-vous donc !
Pour l'instant, cela restait aussi hypothétique que la crédibilité de Justin Bieber.Le décor aussi avait changé. Adieu l'ambiance chic et classique, bonjour repaire cliché de méchant de James Bond des 70s. Sérieusement, je ne voyais pas comment définir autrement une assemblée d'individus à l'air sérieux autour d'une table en verre ultra design. Ah si, une réunion dans le Pentagone, mais les deux étant des fervents adeptes de la stratégie hautement subtile du "je tape d'abord, je réfléchis jamais" cela revenait au même. Et à la vue des invités peuplant les sièges autour de moi, je sentais que beaucoup d'entre eux convoitaient une place dans l'État-major américain. Révoltez-vous qu'ils disaient...
Pendant que je divaguais, les derniers Immortels attendus étaient arrivés. J'en reconnaissais quelques-uns, que soit avec appréhension face au petit signe de main de Kimcila ou avec une surprise teintée de joie en apercevant le visage trop-parfait-pour-être-vrai de Nathan. Néanmoins lorsque Faelan se leva pour réclamer l'attention de la salle, je fus estomaquée de constater la présence de Tina, visage fermé et costume élégant sur les épaules, à ses côtés. Ses pupilles brunes fixaient obstinément la surface polie de la table, me poussant à faire de grands gestes pour voir si j'arrivais à attraper son attention. Apparemment non, mais si j'en croyais le petit raclement de gorge du vampire près d'elle, j'avais réussi à attirer celle de quelqu'un d'autre. Je ramenais sagement mes bras dans mon giron, laissant le macchabée s'adresser à l'assemblée.
-Je déclare donc cette assemblée de l'A.C.E ouverte, en dépit des événements perturbateurs et des absences regrettées, commença t-il avec l'air le plus sérieux que je lui ai jamais vu. De part la disparition encore inexpliquée du Seigneur Calas, je serais le responsable de cette réunion.
Faelan s'interrompit un court instant pour inspirer brièvement en jaugeant l'humeur de la salle d'un regard. Les mines graves qui le contemplaient en silence devaient correspondre à ce qu'il voulait puisqu'il continua son discours, la voix plus ferme que l'acier de mes poignards.
-Si aucune opposition ne s'élève, alors la séance est ouverte. La première question à traiter est la suivante : pour ou contre une riposte face à la récente avancée des troupes de Lucifer en terres gobelines. La parole est ouverte avec l'intervention de dame Kimcila, espionne tout juste revenue des lignes ennemis, conclut-il en se rasseyant.
J'étais impressionnée. Il y avait vraiment avoir un vrai débat, où chacun des intervenants pourrait exprimer librement son point de vue dans le respect de l'autre pour parvenir à la meilleure solution possible ? Heureusement la réalité reprit vite le dessus, moins d'une seconde après que le vampire se soit adossé à son siège, un homme couvert d'écailles se leva brusquement en hurlant :
-Je m'y oppose ! s'exclama t-il, interrompant avant même qu'elle n'ait commencé l'accent de Kimcila et méritant ainsi mon respect éternel. Durant deux secondes.
La Duchesse souffla d'exaspération. Son expression méprisante reflétait tout ce que lui évoquait son interlocuteur reptilien.
-Qu'il y a t-il Mi'tlal ? lui demanda t-elle néanmoins mais sans pousser l'effort jusqu'à lui donner son titre.
Le malotru fit comme si Valentia venait lui donner son accord pour occulter complétement la gobeline rose, oubliant de façon opportune l'affront qu'elle venait de lui faire. Se rengorgeant face à l'attention d'une assemblée résignée, le reptile sur deux jambes s'accapara donc la parole :
-Je pense qu'il serait des plus intéressants de porter à l'A.C.E un fait nous concernant tous avant de débuter réellement la question, déclara t-il avec sa voix rugueuse (car elle m'irrite le système nerveux).
Je jetai un coup d'oeil autour de moi : non je n'étais pas la seule à en avoir absolument rien à faire de ce qu'il racontait. La seule personne à avoir un début de lueur d'intérêt était un espèce d'illuminé qui semblait plus suivre par fanatisme que par réelle curiosité.
-En effet, nous ne sommes pas entre nous. Un intrus s'est glissé en notre sein, persévéra t-il en dépit du manque d'intérêt.
10 dollars que ça tombe sur moi. Pourquoi ? Loi de Murphy.
-Et cet intrus, c'est elle ! finit-il de s'époumoner en me désignant de son gros doigt écailleux.
Les différents invités jugèrent bon de faire semblant d'avoir quelque chose à faire des autres participants. Je fus donc dévisagée par des voisins de tablée curieux tandis que mon diffamateur se gargarisait d'avoir trouvé un espion ennemi. Ce bon vieux Murphy avait toujours raison.
Ne voulant pas perdre trop de temps et cherchant de toute façon une excuse pour partir, je m'exclamai :-Oh, diantre ! Je suis eue ! Face à tant de sagacité, je ne peux faire le poids et me retire donc loin de votre vue.
-Ne l'écoutez pas, elle a un sens de l'humour un peu spécial. Si il le faut vraiment après tout les tests de sécurités que nous avons subis, je me porte garant d'elle, m'interrompit Nathan.
Il m'adressa un grand sourire radieux, persuadé d'avoir accompli une bonne action. Putain de chevalier servant. Face à mon visage grincheux, Valentia dut étouffer un fou rire derrière son poing délicat.
-Maintenant que cet important problème est réglé, peut-on en revenir au vif du sujet ? demanda un invité à peine excédé par cette perte de temps.
-C'est un peu trop tard pour ça, déclara tranquillement une silhouette, jusqu'à là cachée dans les ombres de la salle.
Se détachant du mur auxquel elle était adossée, elle s'avança vers la table de verre d'une démarche vive. Les regards se tournèrent dans sa direction, chacun cherchant à reconnaître cette voix à la tonalité grave.
-En effet, pendant que vous vous chamailliez, l'armée de Lucifer a continué sa percée en terre gobeline et campe désormais aux limites du territoire fae, annonça t-elle toujours aussi calme et suscitant des hoquets horrifiés de la part des oreilles pointues.
Même Valentia n'arborait plus son habituelle moue de dédain et fixait, avide, l'inconnu. Qui était-il pour savoir avec exactitude les mouvements des troupes ennemies ? D'où venait-il pour avoir des vêtements aussi amples et dissimulant les détails de sa silhouette ? Mais surtout, comment avait-il fait pour tromper la vigilance des gardes ?
-Je vais donc actualiser la question, dit-il en s'arrêtant face à l'extrémité de la table, à quelques centimètres à peine de la lumière. Désormais c'est : allons nous enfin tenter de défendre nos frontières ou alors allons nous sagement attendre la défaite, à coup d'inactions et de paroles inutiles ? Je ne sais pas vous, mais moi j'ai fait mon choix.
Et alors qu'il achevait sa déclaration, il tourna son visage courbé par un rictus moqueur vers la lumière, permettant à chaque membre de l'assemblée d'enfin l'identifier.
Maxen.
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Nox, Livre I : Umbra
FantasíaTutoriel pour écrire un résumé : "Bonjour, je m'appelle [insérez ici prénom féminin à consonance américaine], j'ai [choisir un âge entre 15 et 18 ans]. J'étais une adolescente normale jusqu'au jour où un beau/brun/ténébreux garçon m'a révélé la vér...