Oumy, une Cendrillon Sénégalaise

12-

_Vous me fascinez ! J'ai vraiment hâte de découvrir votre roman.

_Il vous faudra patienter une heure. Plaisanté-je en émettant un rire nerveux.

_Pas forcément !

Il se lève pour ouvrir la porte de son bureau. Il m'invite ensuite à l'accompagner en marmonnant un «Venez».

Il s'installe dans son bureau avant de me demander de m'asseoir face à lui.

_Vous pouvez commencer la présentation de votre oeuvre. Me dit-il.

Je me mets alors à faire le résumé détaillé de celle-ci. Plus je parle, plus le stress et l'angoisse qui m'accablent disparaissent petit à petit. Je deviens de plus en plus confiante et ça m'aide beaucoup à bien répondre aux questions que me pose Monsieur Sarr.

_Bien ! Je pense que votre histoire est originale et très intéressante. Il faudra par ailleurs que je le lise pour savoir si tout est cohérent et vraisemblable. Commente-il à la fin de mon récit. Parlez moi de vous à présent.

_Euh... Je m'appelle Oumy Sarr, élève en licence 2 de management à l'IFM. Je suis orpheline de... de père et de mère (des larmes perlent de mes yeux), je vis avec...

Je ne peux plus prononcer un mot. La tristesse a pris le dessus. Je réagis toujours comme ça en parlant de mes parents. C'est tellement dure de penser qu'ils ont rejoins le Tout Puissant en m'abandonnant ainsi dans ce monde cruel et hostile.

_Je suis désolé. Fit-il en se levant de son siège pour s'asseoir à coté de moi.

Il arrache un mouchoir de la boite avant de m'essuyer les larmes avec.

_J'étais loin de m'imaginer que vous faites tous les jours face à une telle situation.

Il prend sensuellement mes mains puis les caresse affectueusement. J'avoue que ça me réconforte beaucoup

Au même moment, la secrétaire ouvre bruyamment la porte en chantonnant joyeusement :

_Salut Monsieur Sarr !

Son sourire s'efface et son visage se raidit aussitôt qu'elle m'aperçoit près de son cher patron. Son regard s'attarde ensuite sur les mains de celui-ci tenant délicatement les miennes.

Sans ajouter mot, elle referme calmement la porte.

Je guette la réaction de Monsieur Sarr ce qui me permet de constater qu'il est un peu gêné.

_Bon je vous libère maintenant. Je suppose que vous devriez être en classe en ce moment. Vous m'enverrez plutard votre biographie par écrit. Déclare-t-il après un silence éphémère.

On se fixe du regard un moment. Ah ses beaux yeux m'attirent tellement !

Je murmure un «merci» avant de quitter la pièce.

Je marche rapidement pour rejoindre l'ascenseur mais dès que je traverse le secrétariat  j'entends la secrétaire laisser échapper un «Tseep» avant de marmonner des jurons qui sûrement me sont destinés. Néanmoins, je l'ignore royalement.

Je pénètre dans l'ascenseur et arrive hâtivement au rez de chaussée.

_Mademoiselle Sarr ? M'interpelle-t-on encore.

_Monsieur Sarr ? Constaté-je sans pour autant masquer la surprise qui se peint sur ma voix et mon visage.

Que me veut-il encore ?

_Vous utilisez quel moyen de transport ? M'interroge-t-il en remuant les clés de sa voiture.

_Le bus.

_Avec ce véhicule, ce n'est même pas la peine de vous rendre à l'école vous arriverez sûrement à la fin des cours. Plaisante-il en déverrouillant sa Ferrari.
Montez, je vais vous emmener.

_Quoi ? Non merci monsieur.

_C'était un ordre pas une proposition. Votre école se trouve sur mon chemin. Je passe au restaurant Delightful pour déguster une pizza et un divin cappuccino vu que j'ai du temps libre. Allez venez au lieu de jouer à la timide.

Je m'exécute alors tandis qu'un petit sourire s'esquisse sur mes lèvres. Il est bien différent du Monsieur Sarr arrogant et cruel de l'autre jour !

Pendant le trajet, je trouve enfin le courage de lui demander s'ils ont découvert l'identité de la gagnante du concours Miss Poésie pour vérifier s'il sait que c'est moi. Il me répond négativement. J'ouvre la bouche tellement je suis déçue. Putain, il ne sait pas que c'est moi !

_Et vous allez faire quoi si vous ne découvrez pas qui sait ? Rajouté-je après m'être ressaisie.

_On l'inclut quand même dans le livre de poésie et à la place du nom de l'auteur, on met «Une Charmante Inconnue».

Je souris alors car ce nom me plait bien. Je crois même que je vais me contenter de rester une inconnue pour le moment. Je lui dirais que je suis «celle qu'il a failli embrasser» le moment venu.

Malgré les embouteillages, on arrive à l'Université une trentaine de minutes après. Je descends de son véhicule non sans l'avoir remercié des dizaines de fois.

_Euh... ?! Soufflé-je intriguée de le voir descendre de la voiture.

_Quelle justification allez-vous donner à votre professeur pour prouver les raisons de votre absence ?

_Je vais me débrouiller. Merci encore.

J'avance rapidement vers ma salle de classe tout en espérant qu'il ne me suive pas. Je frappe à la porte et pénètre à l'intérieur une fois que j'entends le professeur prononcer un «Entrez».

_Bonjour Monsieur Diop.

_Bonjour Mademoiselle Faye. Je vois que ces temps ci, vous jouez aux mauvais élèves !

_Excusez là Monsieur, elle avait un rendez-vous professionnel avec moi.

Eh oui c'est bien Monsieur Sarr ! Décidément, il ne cessera jamais de me surprendre mais cette fois-ci, je ne suis pas la seule à être étonnée.

Tous les yeux sont rivés sur lui. Certains élèves laissent même échapper des gémissements d'ébahissement. Le professeur reste silencieux avant de m'autoriser à aller m'asseoir. Il sort ensuite pour accompagner Monsieur Sarr et discuter avec lui par la même occasion.

Le fameux Monsieur Sarr s'est déplacé jusqu'ici pour moi, c'est incroyable non ? Serait-ce une preuve d'Amour ou une action quelconque ?