À la Vie, à la Mort !

☠ Chapitre 16 ☠

Ma bouche s'entrouvre dans l'espoir qu'un son en sorte, mais rien. Aucun mot ne daigne franchir mes lèvres tremblantes. Mais je ne tremble pas forcément de peur. C'est plutôt de l'anxiété. Si je me décide à lire toutes ces lettres, c'est que je suis prête à voir ces attentats en face. Cela signifie que je regarderai par la suite les vidéos, que j'irai de nouveau sur les réseaux sociaux, que j'aurai un nouveau téléphone. Ces lettres déclencheront une suite d'événements que je ne pensais pas voir de sitôt.

Si ma mère les a déposée ici, c'est qu'elle me pense prête. Même seulement deux semaines après ma sortie. Mais la question qui revient sans cesse dans ma tête depuis quelques minutes, c'est : « Je tente le coup ou je continue ma petite routine quotidienne sans chercher plus loin en restant enfermée dans mon marasme ? ».

Soit j'y gagne tout, soit ce sera pire. Soit j'arrive à remonter la pente grâce au soutien des autres, soit tout ceci me fera peur et je me refermerai encore plus sur moi-même.

Mais la vie n'est-elle pas faite pour prendre des risques ? Pour dépasser des limites que l'on pensait infranchissables ? La vie ce n'est pas s'exposer au danger, quitte à risquer de tout y gagner ? La vie c'est peut-être une chance mais... Qui sait la saisir ? Ceux qui veulent revoir la lumière. Voilà ma réponse. Ceux qui, comme moi, sont au fond du gouffre et qui souhaitent plus que tout au monde rejoindre la lumière qui les a tant rendue heureux, à une époque.

- Á une époque..., je soupire.

Alors, une autre question me vient, comme un murmure imperceptible.

« Veux-tu être heureuse ? ».

Bien sûr. Tout le monde le veut. Tout le monde veut pouvoir toucher ce bonheur du bout des doigts. C'est un plaisir que seuls ceux qui ont soufferts peuvent apprécier à sa juste valeur.

« Peux-tu être heureuse ? ».

Si on le veut, on le peut. Et je le veux, alors je le pourrai.

Et c'est ça qui met fin à mes tourments et qui me décide à changer mes habitudes. J'ai conscience que je ne pourrai pas tout reprendre d'un seul coup mais, au moins, la décision de changer m'a changée moi-même.

Je me visualise, dans quelques temps, libre comme l'air, heureuse à tout rompre, cachant mes plus grandes peurs et mes plus grandes douleurs au fond de mon être. Cherchant de la positivité dans tout ce qui m'entourera quoiqu'il arrive. Mais pour le moment, je suis encore ici, dans ma chambre, venant tout juste de comprendre qu'il fallait que je fasse bouger les choses.

- C'est grâce à toi, Mamy..., je murmure. Merci, merci ! Merci de m'avoir appelée. Merci de m'avoir fait prendre conscience de tout ce qui n'allait pas...

Un sourire s'étire de lui-même sur mes lèvres et, pour la première fois depuis l'accident, je souris. Un vrai sourire. Un sourire franc qui dégouline d'une joie, infime soit-elle.

C'est alors, le sourire pendant à mes lèvres, que je me décide enfin à ouvrir toutes ces lettres...