☠ Chapitre 39 ☠

29 4 0
                                    

- Allison ! Tu vas mieux ? Comment ça s'est passé ?

Lorsque je redescends à l'étage où Nathan repose, la tornade qu'est Cathy me fonce littéralement dessus à la recherche de réponses sincères. Ses yeux cherchent constamment les miens mais je les fuis. Je n'arrive pas à lui communiquer ma souffrance. C'est plus fort que moi.

- Tu as pu parler avec ton psychologue ? enchaîne-t-elle en m'attrapant le bras pour nous isoler un peu. Non, je suis bête. Je suppose que oui puisque tu es restée un certain temps là-haut. Non, désolée d'être indiscrète.

Je la repousse légèrement pour la regarder dans les yeux. Ils sont toujours humides mais elle n'a pas pleuré, pas encore. Mais Cathy mérite des réponses, elle est comme une seconde mère pour moi. Elle l'est depuis quelques années, elle m'a toujours accueillie à bras ouvert et m'a acceptée au sein de sa propre famille, je lui dois bien ça.

- Non, je ne suis pas allée voir mon psychologue, je lâche soudain, la laissant perplexe. Enfin si, mais pas de la manière dont tu le penses.

- C'est-à-dire ?

- Il y a une petite fille que j'ai rencontrée à l'hôpital, elle s'appelle Noémie. Elle est atteinte de bipolarité et d'un début de schizophrénie et c'est à elle que j'ai parlé de mes souffrances.

- À une petite fille ? s'étonne Cathy en croisant les bras sur sa poitrine.

- Oui, je me suis rendue compte que j'avais juste besoin d'extérioriser ce que j'avais sur le cœur, rien de plus. Et c'est avec elle que je l'ai fait.

Puis, soudain, je me sens plus lasse que jamais. Je m'appuie sur le mur et ferme les yeux quelques secondes. Cathy me tient de nouveau le bras, au cas où je m'écroulerai. Je suis épuisée au plus haut point. J'ai juste envie que cette matinée d'horreur se termine et qu'on ait une réponse par rapport à l'état de Nathan. Je veux savoir, je n'en peux plus d'être dans l'attente.

- Je suis désolée, Cathy. Je suis fatiguée, on continuera cette conversation plus tard ? je dis dans un souffle en soupirant lentement.

- Sans problème, Allison. Il n'y a aucun souci.

Mais tout en m'emmenant vers la chambre de Nathan, au bout du couloir, Cathy ne lâche pas mon bras gauche, comme pour s'assurer que je ne vais pas m'effondrer. Avant qu'elle m'y amène, je n'avais pas remarqué la vingtaine de personnes devant la chambre. C'est la famille de Nathan. Je reconnais quelques cousins, des oncles, des tantes, ses grands-parents du côté paternel. Et je les connais tous. Sans exception. Cela fait trois ans que je suis en couple avec Nathan, j'ai eu le temps en ces quelques années d'aller aux repas de familles, à certains mariages et aux baptêmes de quelques enfants.

- Bonjour, Allison ! me lance Jimmy, le cousin de vingt deux ans de Nathan.

- Salut, Jimmy ! Tu es là depuis quand ?

J'essaie de faire la conversation afin d'accélérer le temps et surtout, oublier la vie instable de Nathan, de l'autre côté du mur. Je parle ensuite avec d'autres membres de la famille et surtout, avec Margaux. Je ne retiens même plus mes larmes, elles sont comme un prolongement de mes yeux. Je les laisse couler même pendant les conversations, je n'arrive plus à garder ma tristesse pour moi.

- Je suis épuisée, mentalement, je soupire en posant ma tête sur l'épaule de mon amie.

- Courage ma belle, courage. Les médecins ne vont pas tarder, je pense. Ils ne sont pas venus nous annoncer une mauvaise nouvelle, prends-le comme un indice positif.

- Je n'y arrive pas, Margaux. Je n'y arrive plus...

Ma voix est à peine audible. Si mon amie ne me tenait pas par la hanche, je crois que je me serai écroulée sur le sol depuis longtemps. Et comme si ça ne suffisait pas, je commence à trembler de froid face aux légers courants d'air qui passent dans le couloir.

À la Vie, à la Mort !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant