☠ Chapitre 4 ☠

243 36 19
                                    

« Nathan ?! Non c'est impossible ! C'est un cauchemar, je vis un cauchemar, c'est pas possible ! ».

- Non... Il faut que je le vois, je me précipite en hurlant aux médecins.

- Mademoiselle, vous devez...

- Je ne dois rien du tout ! Nathan est mon petit-ami depuis trois ans, vous comprenez ?! Trois ans ! Il faut que je le vois !

Ma mère m'attrape le bras pour me calmer. Ça marche, j'arrête instantanément de bouger et me replace dans mon lit.

- Vous le verrez, tranche le médecin. En attendant, nous allons vous laissez avec votre famille le temps que nous préparons votre déplacement car votre blessure à l'abdomen est beaucoup trop    récente pour que vous puissiez bouger dans tous les sens.

Je hoche la tête en pleurant de plus belle pendant que toute l'équipe médicale part. Seule ma famille est présente. Certains cousins du Sud de la France sont venus ainsi que d'autres membres de ma famille, comme mes grands-parents.

Ils essaient de me réconforter comme ils le peuvent mais je ne veux rien entendre. Je viens de survivre à un attentat terroriste, comment dois-je me sentir ? Mes amis sont morts, mon petit ami est entre la vie et la mort, une centaine de gens sont morts, je suppose. J'ai une haine immense envers ces terroristes qui viennent de faire basculer ma vie !

- Maman ? je l'appelle doucement d'un mouvement des lèvres presque    imperceptible.

Elle tourne son visage vers moi en même temps que toutes les personnes présentes dans la chambre.

- Oui, ma chérie ?

- Je... Tu peux allumer la télé... Je veux... savoir ce qui s'est passé...

Ses yeux sont prêts à sortir de leur orbite. En d'autres temps, j'aurai rigolé mais là, maintenant, l'envie de sourire m'a passé.

- Allison... Tu... Tu ne peux pas. Je veux dire... Toutes ces images sont affreuses, tu ne peux pas les voir, pas après ce qui s'est passé. En tout cas, pas maintenant.

Je tourne la tête, déçue. Je lui en veux mais je sais qu'elle a, d'un côté, raison. Mais j'ai besoin de les voir, pour me rendre compte. Pour me rendre compte de ce à quoi j'ai survécu. Mais je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit que les policiers de tout à l'heure reviennent.

- Excusez-nous Allison mais... Notre chef nous a demandé de... De te poser quelques questions sur ce qui s'est passé pour toi. Le pourquoi du comment tu as survécu...

Ma famille leur lance des regards noirs et je tourne une nouvelle fois la tête pour éviter le regard de tout le monde. Je ne veux plus voir personne, pas avant d'avoir pu voir Nathan. Personne ne sait où se mettre et le médecin arrive avec un fauteuil roulant. Le policier est dans l'obligation de sortir et il n'a, heureusement, posé aucune question. S'ensuit deux infirmières qui arrivent pour m'aider à monter dedans. Des gémissements sortent de ma bouche et je vois ma petite sœur qui pleure. Je ne peux m'empêcher de la prendre comme je peux dans mes bras.

- Ne pleure pas, Lylou, ne pleure pas. Je suis là...

Elle renifle bruyamment dans ma tenue d'hôpital avant de me lâcher. Poussez par le docteur, j'avance en direction d'une chambre du même étage que le mien. Mes larmes coulent toujours sur mes joues asséchées.

Il ouvre la porte en disant aux personnes à l'intérieur :

- Bonjour, je suis le médecin chargé de Mademoiselle Connor. Celle-ci voudrait voir Nathan... Mais cette décision vous appartient.

Je reconnais la voix de Cathy, la mère de Nathan.

- Oh mon Dieu ! Comment vas-tu ?! me demande-t-elle en criant.

- Mal...

Elle vient me serrer dans ses bras une fois à l'intérieur de la chambre.

- Quand nous sommes passés te voir, tu étais encore dans le coma... Au moins tu es en vie, c'est ce qui compte... !

Je hoche doucement la tête, ne sachant que répondre face à ça. Elle attrape ensuite les poignées de mon fauteuil roulant pour m'avancer vers le corps inerte de Nathan.

Je le regarde attentivement. Ses cheveux châtains, toujours en bataille, ses joues creuses, sa bouche pulpeuse et ses yeux bleus, aujourd'hui fermés. Les larmes continuent de déferler sur mon visage. Je repense à notre première rencontre, complètement absurde. Je repense à tous ses fous rires avec lui, à tout ce que j'ai ressenti en sa présence. Je repense à tous nos souvenirs et à la possibilité qu'il ne se réveille plus jamais...

- Pourquoi, Nathan... ? Pourquoi tu ne te réveilles pas ? Je ne pourrai pas vivre sans toi... Je ne pourrai pas le supporter ! Pas après ce que je viens de vivre, pas après ça...

Je me tourne instantanément et remarque qu'il n'y a plus que moi et lui dans la pièce. Alors je regarde Nathan. Je le regarde, espérant qu'il ouvre les yeux, qu'il me prenne dans les bras. J'ose espérer que nous serons deux. Deux contre le monde. Que nous serons les deux survivants.

- Ne m'abandonne pas, je t'en supplie...

Je reste encore là, pendant cinq minutes, peut-être dix. Peut-être même une heure, qui sait. Je reste là, à lui raconter toute l'histoire qu'il connaît déjà par cœur, notre histoire. Du début jusqu'à... Jusqu'à aujourd'hui. Je pleure toujours. Je n'arrive plus à m'arrêter, c'est tout bonnement impossible !

- Je t'aime, Nathan...

Et sur ces mots, je me penche, une grimace sur le visage, et l'embrasse. Dans ce baiser, j'y ai mis tout mon amour pour lui, toute l'ivresse que j'ai connu en sa compagnie. J'y ai mis tout mon désespoir et mon espérance. J'attrape ensuite sa main et mes larmes redoublent d'intensité pendant que j'insulte les terroristes qui ont détruit ma vie à jamais !

À la Vie, à la Mort !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant