J'entre alors dans le cimetière, peu sûre de moi, me demandant dans quelle situation je venais de m'embarquer encore une fois. Le gardien du cimetière s'avance alors vers moi pour me proposer son aide, j'en profite pour lui demander mon chemin :
- Je souhaiterai savoir où se trouve les tombes des victimes des attentats, s'il vous plaît.
Étrangement, le gardien inspire la confiance et, lorsqu'il me dit de le suivre, je n'hésite pas une seule seconde. Nous marchons dans le dédale des tombes et je ne me sens pas à mon aise. Je ne suis jamais allée dans un cimetière, même à la mort de mon grand-père. Jamais. J'étais restée sagement à la maison, ne voulant pas faire face à la tombe de mon papy. Je voulais garder la belle image que j'avais de lui.
- C'est ici..., m'informe-t-il, le visage fermé.
Je vois malgré tout un pointe de tristesse dans son regard mais je ne m'y attarde pas. Je le remercie d'un signe de tête et il s'en va, silencieusement. Je dépose mon sac à dos au bout de l'allée et m'assois par terre. Je souffle fortement pour me préparer psychologiquement. J'ai le cœur lourd et la mâchoire serrée. Je n'ai jamais fait ça. Au bout d'un moment, la brise fraîche me fait me relever et j'avance lentement, mes fleurs à la main, vers la première tombe. Le nom me fait m'arrêter automatiquement.
« Meyer Dylan
1999-2016
Tu resteras dans le fond de nos cœurs ».
Voilà ce qui se trouve sur la première tombe. Dylan... C'était mon meilleur ami, mon confident. C'était un des piliers de ma vie. Nous nous connaissions depuis tellement d'années ! Voir son épitaphe sous mes yeux me retourne l'estomac.
- Dylan...
Je m'agenouille devant sa tombe où beaucoup de fleurs, de bouquets et de mots ont déjà été posés. Je retire à mon tour une rose du sac et dis :
- On s'était promis de toujours être là l'un pour l'autre, de toujours être heureux, de connaître l'amour de notre vie. On s'est promis de rester à jamais les meilleurs amis du monde, d'être les « inséparables », comme on nous appelait. On s'était promis le monde, Dylan.
J'essuie maladroitement les larmes qui coulent sur mes joues et continue, pour extérioriser tout ce que je ressens :
- Mais aujourd'hui, tu es dans cette foutue tombe et je ne t'ai plus à mes côtés. Ta famille aussi t'a perdu. Nous sommes tous tristes, déprimés, dépités. Tu égayais nos vies, ma vie. Tu me manques mais tu n'imagines pas à quel point ! « À jamais », disait notre promesse. Et bien, aujourd'hui je peux te le dire. Tu seras « à jamais » dans mon cœur...
J'ai le plus grand mal à terminer ma phrase tellement ma gorge se crispe sous mes mots. La main tremblante, je dépose alors la fleur à côté d'un papier et me relève après une dernière prière d'adieu. J'ai le visage ravagé par les larmes et ma respiration est saccadée. Je fais à peine trois pas pour arriver sur la seconde tombe.
« Ever Garance
1999-2016
Nous avons encore toute la vie pour t'aimer ».
Garance était une grande amie à moi. Nous étions complice et je me rappelle de sa bonne humeur légendaire et de sa passion pour les citations. Elle adorait les citations ! Nous nous amusions à nous en envoyer à chaque fois qu'on en avait l'occasion. Cette fille était mon amie. Cette fille a toujours été là pour moi et j'aurai aimé qu'elle le soit encore aujourd'hui.
- « Toujours là l'une pour l'autre qu'importe notre situation », c'était notre plus belle promesse. Et nous l'avons tenue. Je suis heureuse d'avoir fait une partie de ma vie en ta compagnie mais je suis tellement déçue que ça n'est pas pu continuer encore et encore. Après tout ce qu'on avait traversé...
Je dépose alors une autre rose sur sa tombe déjà bien remplie en ressitant sa citation préférée :
- « On s'aimera toujours mais on ne s'appartiendra jamais ». Je t'aime ma belle...
Et je continue comme ça sur toute l'allée. Les prénoms défilent et les visages de mes camarades refont surface. Les souvenirs ressurgissent, plus blessants les uns que les autres. Mais mon corps tout entier se fige lorsque j'aperçois la tombe de Sarah, au milieu d'autres. Mes yeux restent plantés sur les fleurs, par terre. Je m'écroule à côté et pleure comme jamais je n'avais pleuré auparavant. La tombe de ma meilleure amie est celle de trop. C'est celle que je n'aurai jamais dû voir. C'en est trop. Beaucoup trop.
- Je suis tellement désolée Sarah. Je suis désolée d'être restée vivante alors que tu n'es plus de ce monde. Je n'arrive pas à me l'imaginer sans toi, sans nous. Nous étions un duo, des meilleures amies. Je pensais qu'on grandirait ensemble, qu'on aurait vieillis ensemble. Je n'aurai jamais pu imaginer une seule seconde me retrouver ici, en train de parler à ton corps inerte.
J'arrête de parler pour déverser le flot de larmes qui menace de sortir depuis tout à l'heure. Je pleure en continue, sans arrêt. Je n'y arrive pas de toute façon. Pleurer est le seul moyen de déverser ma haine, ma tristesse, sans faire du mal autour de moi, sans me faire du mal. J'ignore combien de temps je reste ici, en sanglots, mais au bout d'un moment, les larmes n'arrivent plus à sortir. Je reste bloquée, le regard rivé sur la rose que je viens de déposer sur la tombe de ma meilleure amie. Je lève alors lentement la tête et observe le ciel nuageux, essayant de m'imaginer Sarah, là-haut, me regardant, le sourire aux lèvres. Je m'imagine ses deux petites fossettes au coin de ses joues qu'elle détestait tant. Je souris à cette pensée. Et puis, l'imagination l'emportant, je pose les trois fleurs qu'il me reste par terre et m'allonge sur le sol de terre, ne pensant plus à mon apparence. Mes deux bras derrière la tête, le regard dans le vague du ciel, je m'imagine le monde où pourrait vivre mes amis. Ils seraient heureux, riant aux éclats pendant des heures. Ils n'auraient plus aucune contraintes, les lois ne seraient plus là pour leur empêcher quoique ce soit. Le bonheur ferait parti de leur nouvelle vie et, ils me regarderaient d'en haut assis sur un nuage, peut-être en ce moment, et ils me souriraient pour m'aider, pour me redonner de l'espoir. Pour me rassurer et m'affirmer que tout va bien, qu'ils sont heureux. À cette simple pensée, je souris. Je souris parce que je les pense sincèrement heureux. J'ai toujours cru à une vie après la mort et je suis sûre qu'ils sont en train de la vivre en ce moment même. Alors je suis heureuse pour eux. J'irai un jour les rejoindre, je le sais. Ce n'est pas une promesse, mais une certitude.
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J'espère que l'histoire vous plaît toujours... ? 🤔 d'ailleurs, puisque je suis en vacances, je vais pouvoir avancer sur cette histoire et, qui sait, peut-être la finir ? 😏Ce chapitre vous a-t-il plus ? Pour ma part, j'avais les larmes aux yeux en l'écrivant 😢❤️
Aller je ne vous embête pas plus ! Pleins de bisous à vous et passez d'excellente vacances 😍
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À la Vie, à la Mort !
Short StoryEt la mort a surgit soudain. Elle s'est immiscée dans les moindre recoins de ma vie, détruisant tout sur son passage, y compris ma petite personne. Ma vie a basculé du jour au lendemain à cause d'eux ! Ces monstres qui m'ont tuée en me laissant viva...