☠ Chapitre 32 ☠

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Je commence à paniquer face à toutes les options qui s'offrent à moi. Mais lorsque je m'avance vers le sac en question pour jeter un coup d'œil à l'intérieur, ma grand-mère passe sa tête dans l'embrasure de la porte du salon.

- Allison, tu es là. J'aimerais te dire quelques mots.

Elle repart aussi vite qu'elle est arrivée et je la suis sans prendre la peine de retirer ni mon manteau, ni mes chaussures. Toute ma petite famille est déjà dans la pièce mais lorsque j'entre, ils sortent tous, me laissant seule avec ma grand-mère.

- Que se passe-t-il ? je panique en me tenant juste devant ma mamie.

- Je leur ai déjà expliqué, me répond-elle simplement en prenant place dans un des fauteuils.

- Tu leur as déjà expliqué quoi ?

Je perds patience et m'écroule à ses côtés, exténuée.

- Je retourne dans le sud demain, à la première heure.

- Pourquoi ?

Mon petit monde s'effondre en même temps que cette annonce. Je sers fort l'accoudoir de ma main gauche. Je ne veux pas me résoudre à ce qu'elle parte.

- Je dois retourner à la maison. Il y a les animaux dont je dois m'occuper, les enfants sont là-bas aussi.

- Mais tu les vois toute l'année, tu ne voudrais pas rester avec nous, pour une fois ? je m'emporte, frustrée. C'est toujours eux. On dirait que c'est eux, ta seule famille !

Je tourne la tête pour la regarder. J'y lis un brin de colère et beaucoup de tristesses. Je sais que mes propos sont dures mais je veux lui faire rendre compte de la réalité.

- Tu ne penses pas ce que tu dis, tranche-t-elle. Je te connais comme si je t'avais faite. Tu sais Allison pour quelle raison je dois rentrer, pourquoi t'acharnes-tu ?

- Parce que j'en ai marre. Tu comprends ça ? J'en ai marre que la famille, dans le sud, passe avant tout. Je sais qu'il y a trois de tes enfants et la plupart de tes petits-enfants mais il y a nous aussi. Maman est ta fille et nous sommes tes petits-enfants. Je n'en peux plus de te parler seulement au téléphone.

Et instinctivement, je lui livre ma plus profonde inquiétude.

- J'ai peur qu'un jour, en me réveillant, j'apprenne que tu ne fais plus partie de ce monde. J'ai peur de ne pas profiter assez de toi.

Elle ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir. J'y vois à présent une grande sagesse.

- On est tous destiné à mourir, tu le sais, ma chérie.

- Oui, je dis dans un filet de voix.

- Mais j'ai toujours vécu de sorte que je ne regrette jamais rien. Si je venais à m'éteindre demain, sois sûre que je serai heureuse. Terriblement. Et je ne veux pour rien au monde que tu sois triste. J'ai soixante-dix ans et je ne regrette aucune seconde de mon existence. Même là-haut, je t'aimerai toujours.

Je ne contrôle plus mes émotions et pleure dans les bras de ma grand-mère. Elle a beau me dire tout cela, si demain elle perdait la vie, je m'écroulerai à nouveau. C'est quelque chose que je ne maîtrise pas. Tout simplement.

- J'aimerais te donner un conseil, me propose-t-elle, attendant ma réponse.

- Je t'écoute.

- Ignore tout. Les problèmes comme les interrogations. Vis ta vie comme elle vient et surtout, profite de l'instant présent. Comme ça, mes paroles peuvent te sembler flous mais, repense y dans quelques temps, quand tu seras perdue de nouveau. La vie est tellement plus simple lorsqu'on ignore les choses inutiles.

À la Vie, à la Mort !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant