Après encore quinze minutes de bus, j'arrive à l'hôpital et monte directement à l'étage des psychologues. Le mien me prend dès mon arrivée et je suis malgré tout déçue de ne pas trouver la petite Noémie.
- Comment vas-tu, Allison ? me demande-t-il en s'asseyant sur son éternel fauteuil en cuir.
- Mieux.
- Mieux ? C'est-à-dire ?
Je place mes mains sous mes cuisses, nerveuse, comme toujours.
- C'est-à-dire que je ne vais pas bien, mais mieux. Je m'en sors, si vous voulez tout savoir.
- Quelque chose de nouveau est survenu ? m'interroge-t-il, connaissant déjà la réponse.
- Oui, je retourne au lycée dans quelques jours.
- C'est une excellente idée que tu as eu. Et puis, si j'ai bien compris, le proviseur de ton lycée est un ami de tes parents. Je suis sûr qu'il va tout faire pour que ta réintégration se passe de la meilleure des façons.
Les psys parlent beaucoup trop à mon goût. Ou alors, je suis seulement tombée sur le plus bavard. Et il continue avec son baratin.
- Et tu penses que ça va se passer comment, une fois là-bas ?
- Bien, je suppose. Je serai mise dans la classe d'une de mes amies. Ça me rassure un peu.
- En effet, c'était une bonne idée de te mettre dans sa classe.
Et la séance continue sur cette lancée pendant près d'une heure. Nous avons surtout parlé des commémorations, par la suite. Lorsque je sors de là, j'ai les yeux rouges de larmes et un nœud à l'estomac, comme la plupart du temps. Une fois la porte refermée, je m'assois sur une des chaises de la salle d'attente pour reprendre mes esprits. Tout me perturbe en ce moment. Tout va beaucoup trop vite. J'ai l'impression de louper mes journées, comme si je ne les vivais pas.
- Allison ? j'entends un voix surprise à ma droite.
Noémie. Je souris en relevant la tête.
- Bonjour, ma belle. Comment vas-tu ?
- Comme toujours, me répond-elle du tac au tac.
Cette petite m'impressionnera toujours de sa franchise. Mais je remarque qu'elle est seule.
- Où est ta maman ? je demande doucement en la mettant sur mes genoux.
- Elle est encore avec le médecin, elle voulait lui parler toute seule.
J'adore terriblement cette petite fille. Elle est mignonne comme tout, gentille et tellement touchante. Et je veux profiter des quelques minutes que j'ai en ma possession pour lui faire part des interrogations qui me brûlent la langue.
- Je peux te poser une question ? Mais tu n'es pas obligée d'y répondre, tu sais.
- Oui.
- Pourquoi es-tu agressive avec la plupart des gens, pour ne pas dire tous, mais pas avec moi ? Je voudrais savoir pourquoi tu me fais confiance au point de me raconter tes cauchemars de fantômes.
Je plonge mes yeux bleus dans le noir des siens. Mais elle tourne la tête face à elle, comme pour réfléchir. Et quelques secondes plus tard, elle replace sa tête face à la mienne en murmurant :
- C'est toi qui vient me sauver, chaque nuit. Quand les fantômes m'attaquent, c'est toi qui me sauve du mal qu'ils me font.
Je reste complètement muette face à cette révélation. Noémie me touche à un point inimaginable.
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À la Vie, à la Mort !
KurzgeschichtenEt la mort a surgit soudain. Elle s'est immiscée dans les moindre recoins de ma vie, détruisant tout sur son passage, y compris ma petite personne. Ma vie a basculé du jour au lendemain à cause d'eux ! Ces monstres qui m'ont tuée en me laissant viva...