Et les jours passent à une vitesse folle depuis que j'ai repris le chemin de l'école. Cette fichue routine hebdomadaire s'installe au fur et à mesure et me rend nerveuse. Je n'aime pas faire la même chose tous les jours. Me lever, aller au lycée, suivre les mêmes cours, rentrer chez moi, faire mes devoirs et dormir pour tout recommencer le lendemain.
- Je suppose que c'est pour fuir cette routine que je souhaite devenir journaliste, je soupire en sortant du lit pour débuter une nouvelle semaine de cours.
J'exerce la même routine, encore et encore, depuis deux semaines, et je sature. Littéralement. Je revois les mêmes élèves, les mêmes profs, les mêmes personnes encore et encore, et cela, tous les jours. La routine qui s'installe me fait rendre compte des jours qui passent sans que je n'ai à profiter d'un seul. Certes, je vais mieux depuis quelques temps car je n'ai plus le temps de me rappeler les attentats mais je passe à côté de ma propre vie en en ayant pleinement conscience.
- Tu rentres manger ce midi ? m'interroge ma mère avant que je ne parte de la maison.
- Non, les parents de Margaux m'ont proposé de manger chez eux.
- Tu passeras le bonjour à tout le monde alors !
- Compte sur moi.
Et je sors dans ce doux début de printemps. Le Soleil pointe légèrement le bout de son nez mais, pour autant, il ne fait pas froid. Ma simple veste en cuir me suffit amplement, je n'ai plus besoin de mes gros manteaux d'hiver. Et mon humeur varie beaucoup en fonction de la météo. C'est vrai que lorsqu'il pleut et qu'il fait froid, l'envie de rire et de profiter me passe un peu. Mais lorsque le Soleil brille, tout nous paraît plus brillant, plus joyeux, plus vivant, en somme. À cet instant, je ne peux m'empêcher de penser à celui qui me paraît le moins vivant de ce monde : Nathan. Je m'arrête au milieu de la rue, le regard vide. Ça fait maintenant deux semaines que je ne suis pas retournée le voir. Je n'ai plus la force de le voir dans cet état. Il a le corps froid, il est raide, il a maigri, il ne bouge pas. Il n'a pas l'air plus vivant que mes amis décédés il y a plus de trois mois maintenant. Mais il me manque. Terriblement. Je sais au plus profond de moi que s'il était vivant, ce serait lui mon tremplin qui me propulserait du côté de la joie et du bonheur. Je sais qu'il est le seul à pouvoir me rendre à nouveau heureuse et à pouvoir me faire vivre avec la douleur. Mais il n'est pas là et je suis infiniment seule avec moi-même, avec mes cauchemars et mes maux. Je veux qu'il revienne à la vie. Plus que tout.
- Allison ? Qu'est-ce que tu fous au milieu du trottoir ? Le bus va arriver d'une minute à l'autre.
Je mets un certain temps à me rendre compte qu'on me parle. Mais lorsque la voix atteint mon cerveau, je reviens brutalement à la réalité et fixe mon amie avec des yeux hagards.
- Désolée Margaux. Je repensais à Nathan.
Elle pose ses deux pouces sur mes deux joues et avant son geste, je ne m'étais pas rendue compte que je pleurais. Mais les larmes coulent et je n'arrive pas à les arrêter.
- Tu veux retourner chez toi ? m'interroge-t-elle. En me prenant le bras droit. Viens, je te ramène.
- Non, non, je dis avec force en me débattant pour qu'elle me relâche – ce qu'elle fait instantanément. J'ai envie de voir Nathan.
- Je croyais que ça te faisait du mal de le voir allongé sur « cette foutue table d'hôpital à la noix », s'exclame-t-elle en reprenant les termes exactes que j'ai déclaré quelques jours plus tôt.
Je soupire en m'adossant au muret d'une maison. Je me pince l'arête du nez pour essayer de me détendre un peu mais rien à faire, je reste toujours aussi tendue.
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À la Vie, à la Mort !
Historia CortaEt la mort a surgit soudain. Elle s'est immiscée dans les moindre recoins de ma vie, détruisant tout sur son passage, y compris ma petite personne. Ma vie a basculé du jour au lendemain à cause d'eux ! Ces monstres qui m'ont tuée en me laissant viva...