Je regarde ma mère et me retourne en me levant de la chaise sur laquelle j'étais assise. Mon corps est tremblant mais je trouve malgré tout la force de demander à mon père :
- Qui est au téléphone ?
- Tu verras bien, Allison.
Je déteste ce genre de réponses, mais avec mon père, on va dire que j'y suis habituée. Alors je lui lance un regard débordant de reproches et m'avance dans la pièce qui se trouve en face de la salle à manger : le bureau. Mes pas sont petits. J'ignore qui se trouve de l'autre côté du combiné et ça me stress d'autant plus. Je n'aime plus parler aux gens, que ce soit ma famille, mes amis ou même des étrangers.
J'entre dans la pièce et vois le téléphone déposé sur le bureau. Il en sort une voix lilliputienne et, j'aurai rigolé si cette scène n'était pas grave pour moi. Je m'empare de la chaise de bureau, m'installe et colle le téléphone à mon oreille :
- Allô ? je dis pour que la personne sache que je suis à présent là.
- Oh, Allison ! Comment vas-tu ma Chérie ?
Je reconnais immédiatement la voix de ma grand-mère du Sud de la France. J'éloigne le combiné pour souffler un peu. Mes conversations avec elle sont souvent interminables mais positives. Pas que ça me dérangeait avant, mais aujourd'hui oui, ça me dérange. Étant donné que c'est ma grand-mère, je ne peux pas la renvoyer bouler alors je réponds :
- T'es sûre que c'est la question que tu voulais poser Mamy ?
- Non, excuse-moi ma Chérie, c'est une erreur de ma part... Ça se passe comment tes journées ? Je suis venue prendre un peu de tes nouvelles. Tu nous manques énormément ici.
Je me cale dans le fauteuil de cuir et réponds :
- Mes journées ? Et bien... Je me lève à des heures plutôt correctes, ensuite je m'occupe comme je peux et, à partir de seize heures je sors.
- Tu sors ? s'étonne ma grand-mère.
Je m'empresse de lui répondre, les larmes aux yeux :
- Pas comme tu le penses ! Je vais à l'hôpital voir Nathan... Je reste avec lui jusqu'à dix-neuf heures et ensuite je vais voir mon psy.
- Oh, je vois... Au moins ça te fait sortir un peu, c'est déjà bien ! Et... ça se passe bien avec ton psychologue ? Il t'aide ?
Je me mords involontairement la lèvre :
- Oui, il est super gentil ! S'il m'aide ? Oui, beaucoup, je vais mieux grâce à lui.
Mais je m'attendais à tout sauf à cette réponse de la part de ma grand-mère :
- Je vois Allison, tu n'as même plus confiance en ta pauvre grand-mère. Pourquoi tu me mens ? Je suis au courant que tu ne parles pas à ton psy, que vous vous regardez dans le blanc des yeux pendant des heures.
« Tuez-moi ! Tuez-moi ! Mais qu'est-ce que je suis débile ! C'est ma grand-mère, pourquoi je ne lui dis pas la vérité, comme je l'ai toujours fait ? ».
Devant mon mutisme, elle décide d'enfoncer le clou :
- Je sais que tu es au plus mal, Allison. Tu auras beau dire tout ce que tu voudras, je le sais. Tu ne manges plus, tu broies du noir à longueur de journée, tu as des sauts d'humeur... Autant dire que tu es dépressive !
- Je ne suis pas dépressive, je dis en articulant bien, et plutôt sur la défensive.
- Alors, comment se fait-il que tu ne manges plus ? Que tu préfères rester seule dans ta chambre que de voir ta famille ? Que tu refuses qu'on t'accorde de l'attention ? Allison, je te connais comme si je t'avais faite ! Cela se voit même dans ta voix tremblante que tu es mal ma Chérie... Le fait que tu m'aies menti à moi, ta grand-mère, en atteste.
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À la Vie, à la Mort !
Historia CortaEt la mort a surgit soudain. Elle s'est immiscée dans les moindre recoins de ma vie, détruisant tout sur son passage, y compris ma petite personne. Ma vie a basculé du jour au lendemain à cause d'eux ! Ces monstres qui m'ont tuée en me laissant viva...