Il m'embrasse le visage de partout et me prend une dernière fois sans ses bras. On entend toujours les cris des journalistes de l'autre côté mais cela m'est égal. Ils peuvent rester toute l'année ici s'ils veulent, je ne leur dirai rien. Pas plus qu'à mon futur psychologue d'ailleurs.
- Où sont Erwan et Matthieu, Papa ? je lui demande en me détachant de lui.
- Ils sont en cours.
Mais avant que je ne dise quoique ce soit il s'empresse d'ajouter :
- Ne crois pas que c'est de leur propre gré ! Ils ne voulaient pas aller à la fac alors que leur sœur était à l'hôpital mais c'est moi qui les y ai obligé...
Je hoche la tête et monte dans ma chambre en tremblant. Revenir après un accident comme celui que j'ai eu c'est dur, très dur. Je m'arrête devant le seuil de la porte et inspecte chaque détail de la pièce. Rien n'a bougé. Je m'approche lentement, sentant mes muscles se tirer à chaque mouvement de mes jambes. Je m'assois alors sur le bord de mon lit pour reprendre légèrement mon souffle. J'enlève lentement les lunettes de soleil que ma mère m'a donné et lance un regard à la totalité de la pièce. Mon ordinateur repose toujours sur mon bureau en bois. Je le fixe intensément, sans rien dire. Le jour où je devrais l'allumer de nouveau, c'est le jour où je serai prête à répondre à tous ces messages, toutes ces notifications. Le jour où je pourrai voir ces attentats en face et en parler. Mais ce jour n'est pas encore arrivé.
Je baille mollement et me rends compte que je tombe de fatigue. Mais je ne trouve pas le sommeil, mes pensées encore beaucoup trop agitées. Alors je pleure. Je pense à tous mes amis qui sont décédés dans ces attentats, toutes ces victimes qui n'ont jamais souhaité perdre la vie, pas à ce moment-là.
Je me recroqueville un peu plus sur mon lit, étouffant mes sanglots dans mes oreillers. Mes nerfs, mon corps, me lâchent complètement. Je n'arrive même plus à réfléchir normalement. Les images de toutes ces personnes mortes hantent sans arrêt mon esprit. Les visages, les sourires, les gestes, les manières. Tous les détails, aussi infimes soient-ils, de mes amis font des allers-retours dans mon esprit sensible.
J'entends la porte d'entrée claquer et des voix masculines parler entre elles, signe que mes deux grands frères sont rentrés. Mais je n'ai pas envie de leur parler. Pas plus qu'à mes parents ou qui que ce soit d'autres. Je veux juste rester seule. Seule avec moi-même. Seule avec mes pensées.
Je les entends malheureusement monter les escaliers en direction de ma chambre. Je fais semblant de dormir et j'entends Matthieu me chuchoter :
- Tu es la fille la plus courageuse que je connaisse, Allison.
Il m'embrasse tendrement la joue et Erwan fait de même en me murmurant :
- Repose-toi ma belle, tu en as bien besoin !
Ils sortent ensuite, affirmant à mon père que je dors bien. Ils parlent ensuite de ce que je vais bien pouvoir devenir avec une expérience comme celle-ci. Mais je n'entends plus la suite. Leurs paroles ont eu l'effet d'une berceuse sur moi et je m'endors, une larme perdue roulant tout le long de ma joue...
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À la Vie, à la Mort !
Storie breviEt la mort a surgit soudain. Elle s'est immiscée dans les moindre recoins de ma vie, détruisant tout sur son passage, y compris ma petite personne. Ma vie a basculé du jour au lendemain à cause d'eux ! Ces monstres qui m'ont tuée en me laissant viva...