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Eleanor soupira à la fois de soulagement et de lassitude. Elle allait à Poudlard, une grande école de sorcellerie.
Auparavant, lorsqu'elle habitait encore avec ses parents, donc c'est-à-dire il y a quatre ans, elle était inscrite à une autre, bien moins réputée de par ses fréquentations et l'apprentissage des jeunes sorciers. Certaines choses qu'ils apprenaient relevaient de la Magie Noire et elle avait toujours détesté ça. Sa baguette même se montrait réticente à l'emploi de cette magie, et Eleanor avait toujours évité autant qu'elle l'avait pu de lancer ces sortilèges. C'est pour cette raison qu'il lui arrivait parfois de se faire traiter de fragile, de Traître-à-son-sang, ou de fille indigne de ses parents serviteurs et partisans de Vous-savez-qui. 

Et voilà que je me mets à faire comme tout le monde! C'est Voldemort, pas "Vous-savez-qui"! C'est ridicule, pensa-t-elle.

Son nom ne lui faisait pas peur. La jeune fille savait que Voldemort ne ferait rien si elle prononçait son nom. Elle ne comprenait pas pourquoi tant de sorciers craignaient de l'entendre. A ce qu'elle savait, il ne s'était jamais rien produit lorsque quelqu'un l'avait prononcé.
Ses parents Mangemorts qui le soutenaient, donc emprisonnés à Azkaban, lui avaient valu une mauvaise réputation, à laquelle elle s'était, à son plus grand désarroi, habituée au fil du temps qui passait. Ce que les sorciers retenaient, étaient surtout le fait qu'elle les avait dénoncés au Ministre de la Magie. Comme si cela avait été chose facile, du haut de ses 12 ans...
Avec le temps, sa carapace de mental d'acier, implacable et sans pitié que ses parents avaient voulu lui forger dès son plus jeune âge, s'était peu à peu effritée, jusqu'à finir par tomber complètement, la rendant vulnérable aux attaques des autres, qu'elles soient verbales ou physiques, n'ayant jamais été dans son caractère d'être méchante. Enfoui au plus profond d'elle, la jeune fille savait qu'elle était entièrement à même de s'en protéger, mais elle n'y parvenait plus. Elle commençait même à croire au fait qu'elle était juste... faible.
Mais tout cela était du passé, et elle espérait faire peau neuve pour sa sixième année d'étude qui se déroulerait à Poudlard. Eleanor était persuadée que les jeunes sorciers de l'école étaient bien plus sympathiques. Enfin, si seulement sa réputation ne la précédait pas partout où elle posait les pieds...
Sa valise était fin prête, et semblait l'attendre sur le pas de la porte de sa chambre. Si l'on pouvait appeler ça une chambre... Il y avait à peine la place d'y mettre une armoire et un lit, sans espérer pouvoir beaucoup circuler. Eleanor s'assit lourdement sur son lit et regarda par la petite ouverture qui lui servait de fenêtre. Elle n'avait qu'une hâte, partir loin, loin de son oncle et de sa tante qui l'avaient accueillie dans leur habitacle. Contrairement à l'apparence plutôt charmante qu'ils donnaient, ils étaient doté de cœurs de pierre. Eleanor les avait même suspectés de pratiquer la Magie Noire, jusqu'à ce qu'un jour, ayant seulement renversé un verre sur la robe fleurie préférée de sa tante, elle la punisse d'une manière disproportionnée pour un simple faux mouvement. Elle avait souffert à cause de sa maladresse. Et ils n'en manquaient pas une. A chaque fois qu'ils pouvaient la punir, ils le faisaient. Elle évitait toujours de les confronter, mais il arrivait toujours des moments où la jeune fille ne pouvait guère le faire. Alors elle se renfermait, et intériorisait tout, minimisant la douleur même si, au final, cela la rendait plus insupportable. Ça au moins, elle parvenait à le faire, du moins jusqu'à l'implosion.
La jeune sorcière revint à elle en entendant des pas dans l'escalier. Elle reconnut le pas peu léger de sa tante. Eux aussi n'attendaient que son départ, elle venait sûrement lui rappeler de ne pas louper son train... trois heures en avance.

Tant pis, je vais partir maintenant, cette atmosphère m'étouffe, se dit-elle.

Elle se leva aussitôt, saisit sa baguette en bois de saule légèrement torsadée et la rangea dans la poche arrière de son jean. Puis elle saisit sa valise, prit ses livres dans son bras libre et sortit de sa chambre. Au même moment, sa tante achevait de monter les escaliers. Eleanor lui jeta un regard mauvais en voyant son petit sourire narquois et mielleux. Celle-ci dit alors :

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant