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**** PDV Eleanor ****

Son oncle et sa tante n'étaient pas venus la chercher à la gare. La Serdaigle se dit que le contraire l'aurait étonnée, venant d'eux. Ils avaient dû penser que puisqu'elle avait pu y aller à pieds à la rentrée, elle aurait très bien pu revenir à pieds également sans problèmes. Un petit peu comme une vengeance personnelle.

De toutes façons ils n'ont que ça à faire, se venger et me mettre des bâtons dans les roues, se dit-elle.

Eleanor s'empressa de sortir de la voie 9 3/4 où les parents des sorciers se massaient afin de retrouver leur enfant. La sorcière se faufila ensuite entre les Moldus sur les quais de la gare, puis sortit enfin à l'air libre. 
Elle marcha environ une petite heure, et parvint enfin au domicile de son oncle et de sa tante. Elle respira un grand coup, puis frappa à la porte. Personne n'ouvrit. Fronçant les sourcils, elle toqua une seconde fois. Toujours rien. La sorcière colla son oreille à la porte et tenta de guetter un quelconque bruit significatif de vie. Elle songea qu'ils n'étaient sûrement pas là. Soudain, elle entendit une voiture se garer dans l'allée derrière elle, et se retourna lentement. Ses tuteurs sortirent de la voiture. Sa tante en resta bouche bée, tandis que son oncle, d'abord en colère, sembla se calmer et l'invita à entrer. Sa tranquillité n'était pas des plus rassurantes. Il la fit s'asseoir dans un fauteuil du salon, tandis qu'ils rangeaient les achats qu'ils venaient de faire. Eleanor distingua un "On n'a rien prévu pour elle" d'un ton méprisant. Un "Ce n'est pas important" s'ensuivit.
La Serdaigle leva les yeux au ciel.

Faites comme si j'étais pas là surtout, songea-t-elle...

Lorsque son oncle et sa tante revinrent vers elle, et après un long moment gênant de silence à se fixer dans le blanc des yeux, sa tutrice demanda :

- Pourquoi es-tu revenue, ils ne pouvaient pas te garder à Poudlard ?
- Tu crois que si j'avais eu le choix je serais revenue ? répondit Eleanor d'un ton sarcastique.

Le visage de sa tante se décomposa, se tordant de rage, et elle trembla lorsqu'elle fit, tentant de contenir sa fureur :

- On n'a rien pour toi.
- Tant pis, je mangerai les restes, ça sera pas différent de d'habitude. Au moins avec vous je suis sûre de pas prendre un kilo ! s'énerva la sorcière.

Ses tuteurs l'insupportaient, et elle ne voulait plus qu'ils conservent sur elle une emprise aussi importante que lors des vacances dernières.
Alors, avant même qu'ils ne puissent répliquer, Eleanor se leva et monta à grand pas jusqu'à sa chambre, s'y enfermant et laissant derrière elle un oncle et une tante interloqués. Cette pensée arracha un sourire de satisfaction à la sorcière, qui s'allongea sur son lit, les bras croisés derrière sa tête, et fixant le plafond blanc et lisse.

**********

Cette nuit-là, la sorcière ne parvint pas à trouver le sommeil. Drago était revenu hanter sa mémoire et elle se faisait un sang d'encre à son sujet. Peut-être bluffait-il ? Peut-être avait-il eu un problème ? Deux pensées assez contradictoires occupaient ainsi constamment son esprit. Vers minuit, elle se leva et ouvrit la grande fenêtre de sa chambre qui atteignait presque le plafond et touchait le sol. Elle s'appuya sur le garde corps qui arrivait à hauteur de sa taille, et observa la lune. Elle brillait, telle mille étoiles, haute dans le ciel obscur parsemé de petits points lumineux. La Serdaigle tenta de reconnaître les constellations, mais ne retrouva que celle de Pégase. Eleanor se demanda, curieuse de la réponse, si Drago savait les retrouver. Peut-être pourrait-il lui apprendre un jour.

Enfin, encore faudrait-il que tu saches ce qu'il a pour ne pas t'avoir prévenue de son départ...

Sa conscience ne la laissait décidément pas tranquille.
La brise qui caressait doucement son visage et soulevait légèrement ses cheveux la refroidit et la fit frissonner au bout d'un instant, si bien qu'elle referma la fenêtre et se glissa dans ses couvertures, espérant trouver le sommeil.


**** PDV Drago ****

Le Serpentard se leva d'humeur maussade. Le soir même, il avait très mal dormi. Il soupira en sortant de son lit. Lorsqu'il fut prêt, une heure plus tard, la première chose qu'il fit fut de traverser le salon aux couleurs ternes et froides en direction d'une petite pièce où des hiboux se trouvaient, tout au bout d'un couloir. Drago était presque arrivé, lorsqu'il sentit une présence derrière lui. Il se retourna vivement. Queudver l'observait depuis le salon, de ses petits yeux brillants, et ne daigna pas baisser son regard. Méfiant, Drago décida de changer de direction, et bifurqua dans la bibliothèque, juste à sa gauche. Il ferma la porte à clef.
Il songea que puisqu'il ne pouvait pas encore accéder aux hiboux, par pure prudence, il allait rédiger son message dans la bibliothèque. Le Serpentard se munit d'une plume et d'une feuille de papier. Il rédigea la lettre avec application, puis la plia et l'inséra dans une petite enveloppe discrète. Le Serpentard sortit ensuite de la grande pièce et entra dans celle où les hiboux attendaient qu'on leur donne quelque chose à faire. Pourtant, en ouvrant la porte, il sentit encore cette présence, mais ne vit personne en se retournant. Il entra tout de même, et, libérant un hibou cendré à qui il confia la lettre, murmura :

- Rends-toi utile et apporte ça à Eleanor.

Puis le hibou s'envola. Drago ne s'était jamais vraiment intéressé à la manière dont les hiboux parvenaient à trouver leur destinataire, mais jamais ils ne se trompaient. Il avait mis l'adresse sur l'enveloppe, au cas où. Mais il y avait peu de risque. Le Serpentard avait choisi le hibou le plus sûr qu'il possédait.
Trouver l'adresse n'aurait d'ailleurs pas été une mince affaire s'il n'appartenait pas à la famille Malefoy, à qui on ne refusait jamais rien. Drago songea qu'il était parfois bien avantageux d'avoir autant d'influence. L'information lui était parvenue en peu de temps. Il n'avait en effet jamais pensé à la demander à Eleanor.
Lorsqu'il remonta jusqu'à sa chambre, il croisa Queudver dans les escaliers en colimaçon qui le salua avec un rictus étrange, et des yeux brillants de ce qui semblait être de la satisfaction.
Drago était perturbé même s'il n'en laissait rien paraître, et se demanda ce que tout ce cinéma cachait. Mais peu lui importait, tant qu'Eleanor recevait sa lettre. Il ne fallait pas qu'elle se fasse des idées et cela lui ferait sûrement du bien de la lire et d'avoir des nouvelles.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant