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**** PDV Eleanor ****


Les vacances de Noël étaient passées si lentement qu'Eleanor crut qu'elle rêvait lorsque vint le jour de repartir à Poudlard. 
Son oncle et sa tante avaient tout fait pour l'assommer de tâches énervantes ou qui leur avait permis de la tenir éloignée d'eux. Malgré ce qu'elle leur avait dit au début des vacances, cela n'avait pas empêché ses tuteurs de ne lui donner que ce qui restait au fond des boîtes. C'est ainsi que chaque matin elle se levait avec le ventre vide... mais se couchait également sans que grand-chose n'ait changé. La Serdaigle avait eu beau pester, rien n'avait changé non plus. Et alors il n'était même pas question de compter sur eux pour un pauvre petit cadeau à Noël !
Sa tante la réveilla aux alentours de six heures du matin.

- Prépare tes affaires et vas-y.
- Mais il n'est que six heures ! Le train part à neuf heures ! maugréa la sorcière.

Sa tutrice ne tint pas compte de ce qu'elle dit, et repartit d'un pas ferme, claquant presque la porte derrière elle.

Elle a hâte que je parte elle... Quoique moi aussi en fait, songea-t-elle. Mais pas aussi tôt !

Eleanor bailla, puis s'étira avant de sortir de son lit en maugréant. Elle enfila les habits à la fois les plus élégants et les plus confortables qu'elle avait, puis prépara toutes ses affaires. Il lui manquait malheureusement quelque chose. Sa baguette. Dès le deuxième jour de ses vacances, son oncle la lui avait confisquée. Ils faisaient toujours ça, pour elle ne savait quelle raison absurde. Auraient-ils peur de ce qu'elle pourrait faire ?
Elle sortit de sa chambre, sa valise derrière elle, et tomba sur sa tante, en bas des marches, sa baguette dans les mains, qui semblait l'attendre. Elle la lui rendit, et Eleanor la saisit vivement sans commentaire. Puis elle alla pour se diriger vers la cuisine prendre un semblant de petit-déjeuner, mais sa tutrice lui barra la route et ouvrit la porte d'entrée, comme pour lui faire signe de sortir.

Toujours aussi sympathique, se dit-elle. 

Son oncle arriva au même moment, et regarda sa nièce sortir par-dessus l'épaule de sa femme. Cette dernière referma la porte aussitôt que la Serdaigle se trouva sur le perron.

Qu'ils aillent se faire voir, au moins je suis débarrassée d'eux pendant quelques mois... pensa-t-elle, furieuse.

D'abord levée du mauvais pied, trop tôt et partie sans petit-déjeuner, la journée s'annonçait particulièrement longue.


************

Une femme courant sur le quai et bousculant la sorcière la fit pester, et si la Moldue s'était retournée, Eleanor ne savait pas ce qu'elle lui aurait fait. De mauvaise humeur, elle mit dix minutes de plus qu'à l'accoutumée pour trouver le mur menant à la voie 9 3/4. Lorsqu'elle fut finalement devant, elle lâcha un "enfin", en soupirant. Puis elle s'élança et traversa la séparation entre le quai des Moldus et celui des sorciers. 
La Serdaigle fit le tour du quai, visita tout ce qu'elle put visiter et même une deuxième fois, afin de faire passer le temps. Il n'était que sept heures, alors il était long d'attendre deux heures. Puis, lorsque vint finalement le moment de retourner jusqu'au train, le quai s'était rempli en quelques instants. Tous se bousculaient afin de dire au revoir à leurs enfants, ou alors en tentant de rentrer dans le train parmi cette foule étouffante par endroits. Eleanor chercha Drago, mais son cœur se serra en voyant qu'elle ne le trouvait pas. Alors elle parvint à entrer dans le train, et à peine fut-elle assise, sa valise au pied du siège libre à côté d'elle, qu'une secousse ébranla le train, qui démarra en sifflant. Il prit rapidement de la vitesse, et les paysages se mirent à défiler devant les yeux de la sorcière, pensive. Même si elle commençait à les connaître, elle ne se lassait jamais de les regarder. Et puis, elle songea que cela occupait son esprit à penser à autre chose qu'à son ventre vide. Elle avait laissé tout son argent à Poudlard, l'empêchant de s'acheter de quoi manger. Elle s'en était mordu les doigts lorsqu'elle s'en était rendue compte.


**** PDV Drago ****


Cela faisait maintenant quinze minutes qu'il attendait, assis dans le train, pour le moment peu rempli, mais dont les sièges furent vite comblés par les sorciers qui arrivèrent tous au même instant. Les mêmes pensées lui trottaient dans la tête. Eleanor avait-elle reçu sa lettre ? Pourquoi n'avait-elle pas répondu ? Il la voyait mal ne pas en renvoyer une, peut-être lui en voulait-elle... Mais il ne voulait pas envisager cette option. Il songea qu'il essaierait de la retrouver en arrivant. En effet, ils arrivaient le soir même. Il leur restait souvent une heure après le repas dans la Grande Salle pour se retrouver les uns et les autres avant de devoir retourner dans leurs chambres respectives. Il tourna et retourna la petite boîte qu'il tenait fermement dans sa main depuis qu'il était dans le train. Eleanor n'avait sûrement rien dû recevoir à Noël et c'était au moins ce qu'il pouvait lui offrir. Son père ne s'était rendu compte de rien et tant mieux.
Lorsqu'ils parvinrent enfin à Poudlard et qu'ils accédèrent à leurs dortoirs pour ranger leurs affaires, Drago ne croisa Eleanor nulle part. Il retrouva par contre Zabini, Pansy et les deux autres Serpentards qui n'arrêtèrent pas de le suivre à la trace, ce qui eut pour don de particulièrement l'agacer. 

Pour ça, ça a au moins été de vraies vacances ! songea-t-il.

Il finit par trouver une excuse pour les devancer et s'en libérer quelques temps, en ralliant le réfectoire où les sorciers commençaient déjà à remplir les bancs. Drago soupira et prit place, attendant patiemment de voir enfin la Serdaigle s'installer elle aussi. 


**** PDV Eleanor ****


Eleanor rangeait ses habits dans son placard lorsqu'elle entendit deux sorcières de sa maison s'esclaffer à haute voix, en passant devant la porte de sa chambre :

- Il faut aller dans la Grande Salle.
- Pour que Dumbledore nous fasse encore son discours de bonne année ? Merci bien !

Sa compagne ricana et ajouta quelque chose en riant que la sorcière ne comprit pas ; elles s'étaient éloignées.
Alors elle vérifia l'heure, et s'aperçut qu'effectivement, il était temps d'aller au réfectoire. Elle y alla en toute hâte. Là, elle verrait enfin Drago, elle qui l'attendait depuis déjà deux semaines entières. Il fallait qu'elle sache ce qu'il lui avait pris de ne pas la prévenir, et de ne lui donner aucune nouvelle durant les vacances. Ce qui s'était passé entre eux avait-il si peu d'importance pour lui ? Était-ce une blague au final ? Un défi peut-être ?

Retire-toi ça de la tête, se dit-elle, Drago n'aurait pas fait tout ce qu'il a fait si c'était un simple défi, ou une blague. 

En entrant, son cœur manqua un battement en le voyant, aux côtés de Pansy. Heureusement, il ne semblait pas s'intéresser à la Serpentard, mais leva les yeux en voyant la sorcière qui s'installa à sa place habituelle parmi les sorciers de sa maison. Cela la rassura un peu. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle comprit qu'il fallait qu'ils parlent. Drago devait sûrement songer à la retrouver juste après le repas. Eleanor ne mangea que très peu, épuisée par le voyage et malgré son ventre qui avait crié famine jusqu'à ce qu'ils arrivent. Elle ne faisait que penser à leurs retrouvailles juste après, mais se ferma d'un coup lorsqu'elle envisagea qu'il ne faisait sûrement que lui jouer un très mauvais tour. Mais elle ne préférait pas y penser, elle ne voulait pas y croire. Quoiqu'il en était, tout allait s'éclaircir, et elle pourrait enfin être fixée.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant