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**** PDV Drago ****


Drago respira lentement et profondément. Il ne fallait pas qu'il cède à la panique. Pour autant, il redescendit d'un pas alarmé dans la salle commune des Serdaigles. Il songea qu'il fallait qu'il fasse plus doucement, afin de n'alerter personne. Il n'y avait pas âme qui vive. Tout dormait, dans un profond silence.
Il ressortit dans les couloirs et se dirigea d'un pas précipité jusqu'à sa propre salle commune, mais en chemin, il s'arrêta d'un coup. Rusard faisait sa tournée dans les couloirs, s'assurant qu'aucun élève n'y traînait.

- Il y a quelqu'un ici, pas vrai Miss Teigne ? fit Rusard d'un ton suspicieux et mielleux à la fois.

Drago savait que s'il bougeait il se ferait prendre. La chatte du concierge n'avait aucun mal à repérer les mouvements, et elle l'entendrait partir, sûrement mieux que le vieil homme.
Alors le Serpentard retint son souffle, mais en les voyant approcher, prit le risque de filer de l'autre côté du couloir. Il entendit Miss Teigne miauler d'un air mécontent, et Rusard qui fit :

- Qui va là ?

Mais le Serpentard ne ralentit tout de même pas le pas. Quoi qu'il en était, il venait d'arriver au bout du couloir et pouvait soit bifurquer à gauche, au risque de tomber de nouveau sur Rusard, soit à droite, afin de s'assurer que ça ne soit pas le cas, et ce même si cette solution rallongeait son chemin vers la salle commune de sa maison. Il prit à droite, par mesure de sécurité. Ainsi il pourrait réfléchir le temps qu'il parvienne jusqu'à sa chambre, sans s'alerter au moindre bruit en croyant que c'était le concierge. 
Le long du trajet, Drago repensa à Eleanor, et se mordit la lèvre intérieure si fort qu'il se la fit presque saigner. Il s'en voulait terriblement.

J'aurais dû la prévenir, songea-t-il. 

Il se dit qu'au pire il l'aurait perdue mais elle aurait été sur ses gardes et aurait été à même de se protéger. Les partisans de Voldemort n'auraient ainsi pas pu profiter d'un quelconque effet de surprise. Au mieux, il ne l'aurait pas perdue pour autant, et aurait pu la défendre lui-même. Il fut sortit de ses pensées par sa lèvre inférieure qui le tiraillait. Il s'était remis à la mordre, rongé par la culpabilité. 

Si elle est en danger de mort aujourd'hui, c'est à cause de moi, se dit-il avec inquiétude. Pourquoi ai-je cédé à mes émotions ?!

Lorsqu'il gagna sa chambre, il tenta de mettre de l'ordre dans son cerveau qui tournait à plein régime. Trouver un moyen de la sortir de là devait être sa seule préoccupation, peu importe ce que Voldemort risquait de révéler à propos de lui devant la Serdaigle, mais il devait éviter qu'il lui arrive quoi que ce soit. Elle était innocente et il ne pouvait pas laisser faire ça. 
Soudain, une idée lui vint, afin de se rendre plus rapidement à son manoir, véritable QG des Mangemorts. C'était sûrement là-bas qu'ils l'avaient emmenée, et Drago savait à quel point Voldemort se délectait de sa victoire, et n'attendait qu'une chose ; que le Serpentard se prenne dans les mailles de son filet en y allant lui aussi. Mais peu importait. Il allait falloir éviter Rusard au passage, mais ça n'était rien comparé à l'événement qui se déroulait et les menaces qui se profilaient à l'horizon. 


**** PDV Eleanor ****


Lorsque la sorcière se releva, ou du moins tenta de se relever, ses migraines revinrent l'empêcher de penser clairement. Les idées embrouillées et le crâne douloureux, elle dû mettre cinq bonnes minutes à se relever.
En observant tout autour d'elle, Eleanor vit qu'elle se trouvait dans une pièce froide, à peine éclairée, avec pour seule issue une porte avec des barreaux en fer, verrouillée par ce qui semblait être un sortilège, et non pas par un simple cadenas. Derrière, des escaliers montaient. Elle songea qu'elle devait se trouver dans un sous-sol, une sorte de cachot, sûrement. En avançant vers l'une des rares sources de lumière du lieu, une lampe encastrée dans le mur de pierre, elle vit au sol, éclairée par sa faible lueur, sa baguette, au bois de saule torsadé. Il semble qu'ils ne la lui avaient pas prise, ils n'avaient probablement même pas dû la voir. Des pas retentirent dans l'escalier alors qu'elle allait la saisir. Il ne fallait pas qu'ils la voient. Elle la repoussa hors du halo de lumière, et elle vint buter doucement contre un pilier, dans la pénombre. Eleanor fit mine qu'elle venait de se relever, grimaçant. Elle pivota vers celui qui venait d'arriver. Il avait ouvert la porte, et s'approchait d'elle. C'était Queudver. Il était connu pour avoir fait porter le poids de la culpabilité de sa trahison à Sirius Black, un sorcier qui a été considéré comme un meurtrier pendant longtemps, jusqu'à ce que le Ministère reprenne l'affaire et abandonne les charges, s'appuyant sur trop peu de véritables preuves pour pouvoir l'inculper. Il était tout de même resté de nombreuses années à Azkaban, et la sorcière s'était parfois demandée comment n'était-il pas devenu fou ?
L'homme-rat saisit son bras et serra sa main répugnante autour de sa prise, comme si elle avait peur qu'elle ne s'échappe. Mais la Serdaigle savait que ça n'était pas nécessaire. Elle était trop faible pour s'enfuir, et elle se dit qu'il y avait sûrement pas mal de personnes qui l'attendaient en haut des marches, et qui ne lui voulaient pas forcément du bien. Elle n'avait aucune chance. 
En effet, lorsqu'elle débarqua dans un grand salon, presque sans meubles et aux couleurs ternes et froides, des Mangemorts l'attendaient. Parmi eux, Bellatrix Lestrange, dont Eleanor redoutait la folie, mais surtout Voldemort. Un rictus vainqueur aux lèvres, il se délectait de sa prise.

- Enfin, fit-il en tournant tout autour d'elle, une fois que Queudver l'eut lâché. J'ai bien cru que tu t'étais volatilisée.

Il se plaça en face d'elle, puis, son sourire s'agrandissant, sortit sa baguette avec cette forme osseuse qui caractérisait si bien son propriétaire, tout aussi pâle et maigre qu'elle. Autour d'elle, les Mangemorts faisaient une ligne à sa gauche et à sa droite, à dix mètres d'elle, laissant un large couloir avec pour seule issue le cachot derrière elle, et Lord Voldemort à quelques mètres en face de la sorcière. Il lui parut alors évident qu'elle ne pourrait pas fuir, à moins qu'elle ne soit trop folle pour le tenter.

C'est que je ne tiens pas à ma vie si j'ose faire ça... songea-t-elle.

- J'ai toujours été là, répliqua-t-elle, c'est juste que vous n'avez pas été capable de me trouver.

Quitte à mourir, autant cracher ce qu'elle avait à lui dire... Car Eleanor le savait bien, cet endroit était la dernière chose qu'elle verrait. Après tout, pourquoi la laisserait-il en vie ? Il n'en n'avait aucune raison, aucun intérêt. Il avait même tout à y perdre, surtout maintenant qu'elle avait vu le visage de la plupart des Mangemorts présents.
Le rictus qu'il arborait disparut aussitôt. Il ne devait pas s'attendre à ce qu'on ose lui répondre. Il tenta de se reprendre et frémit légèrement. Sa main se crispa avec une fureur contrôlée sur sa baguette.

- Tu sais pourquoi tu es là n'est-ce pas ? 
- J'ai dénoncé mes parents et... commença-t-elle, avant qu'il n'éclate d'un rire si sonore qu'il résonna dans la pièce, bientôt imité par ses acolytes Mangemorts.

Il sourit, dévoilant des dents petites mais légèrement jaunies. Il fit, d'un air amusé :

- Tu n'es décidément vraiment pas au courant...
- Il y a quelque chose que je devrais savoir, autre que le fait que vous êtes complètement fou ?
fit-elle vindicativement.

Voldemort plissa les yeux et éclata de rire. Un rire mauvais.

- Tes parents ont découvert où j'avais caché ce qui m'est si précieux, puisque ces choses me permettent de rester en vie. Ils m'avaient menacé de révéler leur emplacement, tu sais, lorsqu'un jour j'ai particulièrement été dur avec eux. Tu m'as beaucoup facilité la tâche en les dénonçant de ton plein gré. Je savais qu'ils ne m'étaient pas pleinement fidèles et plutôt instables. J'ai eu tort de placer ma confiance en eux. Tu leur as évité une mort certaine, ils doivent t'être reconnaissants ! 

Voldemort paraissait aux anges. Mais aux yeux d'Eleanor il n'était qu'un assassin cruel et narcissique. Le père de Drago, lui, paraissait fier, et toisa la sorcière d'un air hautain.

Je suis parmi des fous, je suis parmi des fous, songea-t-elle avec une cruelle envie que tout se termine.

Eleanor n'en revenait pas de ce qu'elle avait entendu. Elle les avait dénoncé alors qu'ils avaient eu dans l'idée de se retourner contre Voldemort ! Elle s'en voulut très violemment à ce moment-là.

- Maintenant, je dois finir le travail. Lucius t'en as bien trop dit dernièrement. Je ne voudrais pas perdre un de mes plus puissants atouts tu comprends ?
- Parce que c'est de ma faute peut-être si l'on me menace ouvertement ? Et puis, vous avez peur de perdre Lucius ? Vous devriez plutôt avoir peur d'y laisser votre vie, en jouant à ce petit-jeu ! Je ne suis pas la seule qui ne compte pas vous laisser faire. J'ai cru comprendre qu'Harry Potter était déjà une bonne entrave à vos projets, c'est parfait.
- Attention à ton langage jeune fille, fit Lucius, la mettant en garde.
- Non ! Puisque je dois mourir et n'y échapperai pas, je n'ai pas besoin de me retenir ! Et oui, puisque ça vous ferait plaisir de le penser, vous avez raison, osez me laisser en vie et j'irai rapidement vous mettre des bâtons dans les roues. Si vous pensez que je vais laisser faire ça et en rester là !

Mais Voldemort paraissait maintenant en colère, et lança :

- Je n'aime pas ton impertinence !

Eleanor sourit, ce qui ne fit que provoquer le mage noir. Son sourire disparut aussitôt qu'un sort silencieux qu'il avait lancé ne vienne la heurter, d'un choc électrique si douloureux qu'elle s'effondra sous la douleur. Elle devina qu'il avait lancé un des trois sorts Impardonnables. Elle l'avait reconnu, l'ayant déjà vécu par le passé à cause de Pansy. La vision voilée, elle voulut se lever mais n'y parvint pas. Eleanor vit Voldemort pointer de nouveau sa baguette vers elle, d'un air à la fois furieux et victorieux. Mais il se ravisa, et se tourna vers le nouvel arrivant, qui venait d'apparaître et se dirigeait vers eux, d'un pas rapide. C'était Drago.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant