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**** PDV Drago ****

Le Serpentard vit qu'Eleanor était bien déterminée à savoir ce qu'il s'était passé. Mais Drago n'arrivait pas à articuler un seul mot. Il se vit du coin de l'œil dans un miroir intact. Il était livide, bien plus que d'habitude. Son malaise s'amplifia lorsque la Serdaigle lui reposa la question une deuxième fois, voyant qu'il ne répondait pas.
Il inspira un bon coup, et croisant son regard, songea qu'avec tout ce qu'elle avait appris sur lui, il n'était plus à ça près.

- Je n'avais pas le choix, dit-il simplement.
- Quel choix ? demanda-t-elle d'un ton hésitant et apeuré.

Drago se refusa de lui en dire plus et fit, d'un air accablé :

- C'était ça où c'était moi qui y passait.

Il se ferma d'un coup, par pur réflexe, mais ne put tenir plus longtemps auprès de la sorcière qui l'observait, perplexe, en se demandant sûrement ce qu'il voulait dire. Et avant qu'elle n'ait pu lui poser une seule question, il fit volte-face et sortit de la pièce d'un pas vif.


**** PDV Eleanor ****

Il la laissa plantée là, près de la fenêtre, les yeux écarquillés et la mine perplexe. "Qu'avait-il fait ?" était la question qui trottait dans sa tête.
La Serdaigle, malgré sa peur de ce qu'elle risquait de découvrir, ressentait le besoin de savoir ce qu'il en était réellement.
C'est ainsi qu'elle finit par jeter un nouveau coup d'œil par la fenêtre. Tout l'attroupement qu'elle avait vu en contrebas avait l'air d'être toujours là. Elle décida d'aller voir, peu rassurée.
Lorsqu'elle sortit, elle s'aperçut qu'il pleuvait un peu, mais pas suffisamment pour que cela soit dérangeant.
Eleanor n'eut pas de mal à les retrouver. Une masse imposante d'élèves où se mêlaient professeurs au milieu, était immobile.
Le sang de la Serdaigle se figea dans ses veines lorsque, en s'approchant, elle vit qu'ils avaient tous la tête baissée, et la plupart avaient des larmes qui coulaient sur leurs joues. Ils avaient comme l'air en deuil. Tout cela ne sentait rien qui vaille.
Elle s'approcha du centre de la foule, afin de tenter d'apercevoir la raison de ce regroupement. Elle y allait presque à reculons tant elle avait senti qu'elle n'allait pas aimer ce qu'elle allait découvrir.
Lorsqu'elle le gagna enfin, elle vit le professeur Dumbledore, étendu sur le sol. Eleanor fut frappée d'horreur.

Il n'est pas mort, si ?! C'est impossible !

Mais elle songea que c'était pourtant bien vrai, et que tout autour d'elle le lui confirmait. Terrifiée, la Serdaigle recula, et se fraya un chemin à travers le rassemblement et s'échappa en courant. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle savait qu'il fallait qu'elle respire.


**** PDV Drago ****

Le Serpentard s'en voulut profondément de ne pas avoir eu le courage de résister au Mage Noir. À cause de tout ça, il allait perdre Eleanor, soit la seule personne qui le voyait et l'acceptait tel qu'il était vraiment.
Son cœur se serra alors qu'il montait les marches de la Tour d'Astronomie. Il avait besoin de prendre du recul, de trouver un endroit où il pourrait réfléchir tranquillement, et ce même s'il savait que ses pensées ne cesseraient de le tourmenter. Un peu de calme serait toujours le bienvenu.
Lorsqu'il arriva tout en haut et s'accouda à la barrière, il vit la Serdaigle qui se rapprochait du groupe. Elle gagna le cœur de la foule, un air perturbé et effrayé sur le visage. Drago détourna son regard, ne voulant pas voir son expression lorsqu'elle comprendrait. Le sorcier se sentit très mal vis-à-vis de la jeune fille qui avait toujours eu confiance en lui depuis qu'elle s'était ouverte à lui. Il l'avait trahie. Et pour quel prix ? Il songea que la mort aurait été une solution plus digne et plus honnête. S'il perdait la Serdaigle, Drago savait que sa vie ne vaudrait pas mieux que s'il était mort, si ce n'est qu'il souffrirait davantage, alors à quoi bon ? Mais dans le cas où elle revenait, ce qui, selon lui, n'arriverait jamais, et c'était certain et compréhensible, alors cela en avait peut-être valu la peine. Le Serpentard soupira. Que la vie était compliquée parfois... Il n'avait même pas eu le courage de prononcer les mots que tout le monde avaient impatiemment réclamés, et c'était le professeur Rogue qui l'avait fait à sa place. Cela l'amenait à se demander pourquoi il se sentait coupable s'il n'avait rien fait ?

Peut-être que c'est tout simplement parce que c'était uniquement ma mission dans le fond, et que j'avais déjà tenté de la mener à bien sans avoir à me trouver confronté à Dumbledore lui-même, pensa-t-il. Et puis, j'ai pleinement contribué à sa réussite.

Le directeur lui avait proposé son aide... mais il ne pouvait pas comprendre. Drago s'excusa en silence pour tout ce qu'il avait pu faire ou tenter. Des remords l'envahirent, mais il parvint à se contrôler en fermant les yeux et en respirant profondément.
Lorsqu'il les rouvrit, et qu'il reposa son regard sur le rassemblement, il vit Eleanor se frayer un chemin pour sortir, et courir une fois qu'elle se fut extirpée de la cohorte d'élèves. Il finit par la perdre de vue lorsqu'elle gagna les bois, sûrement pour s'isoler.
Le Serpentard fut parcourut d'un frisson. Elle venait de pénétrer dans la Forêt Interdite. Il devait aller la chercher. Drago savait que cela risquait d'être très dangereux pour elle si le Mage Noir était dans les parages, lui qui s'y retrouvait parfois, et qui était encore plus susceptible d'y être avec ce qui venait de se produire.
Le sorcier se redressa et dévala les escaliers de la Tour d'Astronomie, non sans manquer la dernière marche, mais sans perdre l'équilibre pour autant. Il se précipita à l'extérieur, évitant soigneusement de croiser le regroupement de sorciers. Drago marchait à grandes enjambées, et finit même par trottiner légèrement lorsqu'il trouva la trace du chemin qu'Eleanor avait emprunté. Elle avait semblé serpenter entre les arbres pendant un moment, errant dans cette atmosphère baignée d'une obscurité glaciale et pleine d'effroi. Le sorcier finit enfin par l'apercevoir plus loin, au détour d'un virage, assise au pied d'un grand arbre sans feuillage, au bout d'une demi-heure de recherche. Elle était là, ses épaules s'agitant au rythme de ses sanglots étouffés, mais dont le son lui parvenait jusque là où il se trouvait. Les genoux ramenés contre elle, Eleanor donnait l'impression d'une petite fille qui s'était perdue.
Drago s'approcha doucement d'elle, l'appelant une fois. Elle ne réagit pas. Alors il se rapprocha et se baissa vers elle, avant de poser un genou à terre. Il posa sa main sur son épaule, et elle leva vers lui son si joli visage baigné de larmes. Elle accepta pourtant son étreinte lorsqu'il la prit dans ses bras, lui caressant doucement les cheveux. Ses sanglots étranglés finirent par se calmer, et la Serdaigle sembla s'apaiser dans ses bras.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant