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**** PDV Eleanor ****

La Serdaigle ne cessait de se repasser la scène dans sa tête. Plus elle y pensait, plus elle se rendait compte à quel point il était capable d'être quelqu'un de bien, et que c'était dommage qu'il ne le montre pas plus souvent.
Elle pensa soudainement à la discussion qu'ils avaient eue la veille, et fronça les sourcils en se rappelant des paroles de Drago. Il avait semblé ne pas approuver le fait qu'elle ait dénoncé ses parents, son ton ayant comme laissé suggérer que lui n'aurait jamais osé. Pourtant, son père était un Mangemort, et il ne devrait pas continuer à le laisser agir ainsi.

A moins qu'il ne soit voué à emprunter le même chemin que son père ?  Peut-être l'a-t-il déjà pris ? se demanda-t-elle.

 Eleanor se persuada qu'elle se faisait des idées, mais ne pouvait s'empêcher de ressasser ce moment. Elle espéra que l'image qui se formait dans sa tête n'était pas réelle.

Ce n'est pas possible, pense à autre chose, se réprimanda-t-elle toute seule.

Mais l'idée qui lui avait traversé l'esprit et qu'elle trouvait parfaitement absurde ne s'effaça pas totalement des ses pensées, et resta là à trotter dans un coin de sa tête. Elle ne voulait pas se résoudre à y croire. Il ne pouvait pas être comme son père, sinon pourquoi aurait-il eu cet élan d'affection envers elle ?
Elle se prépara et descendit prendre son petit-déjeuner dans la Grande Salle. La Serdaigle chercha Drago du regard mais ne le trouva pas. Elle ressentit une profonde déception, elle avait pensé à lui toute la nuit, dormant par intermittence, et désirait plus que tout le revoir. Elle eut beau traîner plus longtemps qu'à son habitude, elle ne le vit pas venir. Alors Eleanor sortit du réfectoire. Puis, elle se souvint. Avec tout ce qui avait pu se passer elle avait complètement oublié ! C'était les vacances de Noël, et les sorciers devaient préparer leurs valises afin de rentrer chez eux dans les jours qui viennent. Pourtant elle ne souhaitait en aucun cas retourner dans sa maison, où sa famille l'attendrait de pied ferme, étant partie sans dire au revoir. Mais la Serdaigle n'avait nulle part où aller... Puisqu'ils aimaient tant la punir à la moindre occasion, et qu'ils n'avaient que ça pour se distraire, ils n'hésiteraient pas à se servir à son retour. Eleanor s'attendait déjà à un motif comme "Tu ne nous as pas dit au revoir et nous nous sommes inquiétés"
La Serdaigle soupira, et s'apprêtait à remonter jusqu'à la salle commune des Serdaigles, lorsque le professeur McGonagall l'intercepta.

- Joyeuses fêtes Miss Crawford, fit-elle, souriant.

Elle l'observa un instant, puis demanda :

- Ne puis-je pas rester ici ?
- Je ne pense pas, vous serez bien mieux au chaud chez vous, auprès de votre famille, répondit-elle sur un ton enjoué, le regard étincelant et un sourire en coin.

Le professeur McGonagall tourna les talons et repartit, sans dire un mot de plus. 
Eleanor s'adossa au mur le plus proche.

Si seulement elle savait... songea-t-elle, Je pourrais tout aussi bien lui en parler, mais pour quoi faire ? Ce n'est pas comme si ça pouvait changer la donne, et puis, je n'ai pas besoin de sa compassion.

Elle remonta dans sa chambre, fit toutes ses valises avec empressement, et vérifia qu'elle avait emporté tout le strict nécessaire. Eleanor croyait qu'elle était en retard pour prendre le train, jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive en passant devant une petite horloge dans la salle commune de sa maison qu'elle avait encore deux heures devant elle.

Je me suis pressée pour rien, songea-t-elle, tout en soupirant et en s'asseyant sur un des fauteuils. 

La salle était déserte. La plupart des sorciers avaient pris le premier train qui partait très tôt. Elle espéra que Drago était toujours là. Eleanor se mit à arpenter le château à sa recherche. Lorsqu'elle croisa Pansy, celle-ci ricana, et fit, de la fureur contenue dans sa voix pleine d'arrogance :

- Si tu cherches Drago il n'est pas là.
- Où est-il ? demanda machinalement la Serdaigle.
- Pas là, insista la Serpentard. Je ne vois même pas pourquoi tu le cherches. Tu veux mourir ?
- Ça ne répond pas à ma question, fit Eleanor d'un ton ferme et sans appel.

Pansy rit et, se rapprochant, elle la fixa.

- Je réponds à ta question si j'en ai envie. Parle-moi encore sur ce ton-là et tu vas le regretter.

La sorcière ne se laissa pas démonter malgré le frisson qui courut le long de son dos. Elle sortit rapidement sa baguette, et la pointa vers la Serpentard qui avait commencé à s'éloigner mais s'était arrêtée net.

- Menace-moi encore une fois et c'est toi qui le regretteras.

Eleanor ne blaguait plus. Elle en avait assez de toutes ces confrontations avec Pansy. Elle finit par abaisser sa baguette et la rangea dans la poche arrière de son jean. La Serpentard lui jeta un regard chargé de haine, et s'en alla, d'un pas furieux.
Un sourire de satisfaction se dessina sur le visage de la sorcière, tandis qu'elle s'éloigna elle aussi, dans la direction opposée. Lorsqu'elle se mit à repenser à Drago, son rictus disparut aussitôt. 

Mais où est-il ? Il n'a pas pu partir sans me dire au revoir, je ne veux pas le croire ! songe-t-elle, désespérée. 

Elle ressentait un terrible besoin de le voir. Après tout, il était son seul réconfort et il lui manquait déjà.


**** PDV Drago ****

Le sorcier ne cessait de penser à Eleanor. Ayant reçu plus tard dans la soirée un hibou de son père lui demandant de prendre le premier train, il n'avait eu le temps de retourner voir la Serdaigle. Maintenant il était là, observant le paysage défiler devant ses yeux, d'un air songeur et morne. Drago n'avait guère très envie de rentrer chez lui, il aurait préféré rester auprès d'Eleanor. Il se crispa lorsqu'il se souvint que là où elle habitait, sa famille n'était pas des plus tendres, et s'en voulut de l'avoir laissée à son propre sort. 

J'aurais dû partir plus tard et ne pas écouter mon père... pensa-t-il.

Le Serpentard se dit qu'il aurait mieux fait de rester soutenir Eleanor. Ses vacances de Noël à elle risquaient de ne pas être très plaisantes. Il songea donc qu'il essaierait de communiquer avec elle via des hiboux. Après tout, cela lui remonterait peut-être un peu le moral.

- Drago ?

L'intéressé leva la tête vers la personne qui l'avait appelé. C'était Blaise. Autour de lui, les sorciers sortaient des wagons sur le quai où le train s'était arrêté. Trop absorbé par ses pensées, le Serpentard n'avait pas vu qu'ils étaient arrivés.
Drago descendit du train en soupirant. Lorsque son père arriva, il se ferma. Il ne devait pas arriver à deviner à qui il pensait. De plus, il n'avait envie de parler à personne d'autre qu'elle. Il songea alors que son idée d'essayer de lui envoyer un hibou n'était pas mauvaise, et se dit qu'il s'y tiendrait.

**************


**** PDV ??? ****

- Pourquoi m'avez-vous fait venir ? demanda Queudver lorsqu'il arriva.

L'homme-rat scruta son interlocuteur de ses yeux jaunis par sa longue transformation du passé, attendant une réponse.

- Nous en avons déjà parlé récemment. J'ai des doutes, alors surveille de très près, comme je t'avais demandé de faire si tu devais y être amené, répondit son interlocuteur d'une voix grave. On ne sait jamais si tout a fonctionné comme je l'avais voulu, où s'ils ont réussi à passer au-dessus... ajouta-t-il d'un ton sec.
- Bien, je le ferai, fit Queudver en s'inclinant avant de se retirer.

L'homme, lui, resta là, dans la semi obscurité de la grande salle presque vide, le visage sombre, à réfléchir.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant