The Emerald Eagle

27

**** PDV Eleanor ****

Le temps s'était comme... arrêté. Lorsqu'elle était entrée dans cette forêt, le léger brouillard qui planait s'était refermé autour d'elle. Où qu'elle aille, tous les chemins semblaient être les mêmes. Eleanor s'enfonça plus profondément dans cette sombre forêt aux grands arbres à l'air menaçant. De là où elle était, elle ne distinguait pas la cime de la grande majorité d'entre eux. Les professeurs McGonagall et Dumbledore avaient souvent insisté sur le danger que représentait cette forêt interdite, mais Eleanor n'en avait eu cure, tout ce qu'elle voulait étant fuir ce monde fou. Le professeur Dumbledore... Quelqu'un de bien, et très à l'écoute, elle l'avait compris. Elle avait voulu aller le voir plus d'une fois, écouter ses conseils réputés sages et avisés, mais elle ne l'avait jamais fait. La vision qu'elle avait eu du professeur allongé les yeux fermés, inerte, revint la hanter.
Prise d'une soudaine panique, sa respiration se fit plus rapide et saccadée, mais elle se mit à courir de nouveau. Fuir était ce qui lui importait le plus. Au fil de sa course le brouillard s'amincissait jusqu'à presque disparaître. Les arbres défilaient, et le vent qui s'était levé lui irritait les yeux. Elle dut plisser légèrement les paupières pour les protéger comme elle pouvait.
Elle parvint jusqu'à un espace où les arbres étaient moins nombreux. Là, perdue, dans le calme troublant de la soirée et sous les nuages noirs qui s'amoncelaient, Eleanor s'arrêta, à bout de souffle, la gorge et les poumons brûlants. Elle se plia en deux en tentant de reprendre sa respiration, et fut soudainement saisie de sanglots incontrôlables. Vidée de toute énergie après les événements de la journée, elle tituba jusqu'à un arbre. Elle s'adossa à lui et elle se laissa glisser contre, s'asseyant sur le sol et ramenant ses genoux contre sa poitrine. Elle se recroquevilla davantage sur elle-même, tentant d'étouffer ses pleurs. Lorsqu'elle repensa à Drago, ils redoublèrent. C'était bel et bien un Mangemort. Elle qui avait cru avoir confiance en quelqu'un de bien, il servait les intentions de Voldemort, celui qui avait cautionné que ses parents aillent à Azkaban ou s'en serait chargé lui-même par intérêt personnel, et recherchait activement la Serdaigle. Pourtant, elle n'arrivait pas à croire en ses mauvaises intentions. Quelque chose en elle ne voulait ni ne pouvait y croire. Il ne l'avait jamais emmenée au Seigneur des Ténèbres, alors qu'il aurait eu maintes occasions de le faire. 

Mais il a tué Dumbledore ! se reprit-elle.

Comment avait-il pu faire une chose pareille ? Telle était la question qui trottait inlassablement dans sa tête. Son esprit était tout embrumé, elle ne parvenait pas à réfléchir. Tant d'événements ce jour-ci et de révélations l'avaient épuisée. Tant de sentiments contradictoires l'envahissaient à ce moment, qu'elle en était perdue. 

Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? songea-t-elle, une fureur emplie de tristesse la saisissant.

Elle avait l'impression de lui en vouloir terriblement, mais quelque chose au fond d'elle savait qu'elle ne parviendrait pas à lui en vouloir éternellement au point de l'effacer de sa vie.
Soudain, elle entendit des pas qui s'arrêtèrent à quelques mètres d'elle pendant une fraction de seconde, avant de l'appeler et de venir vers elle quand il n'obtint pas de réponse. La Serdaigle savait très bien qui c'était. Elle avait senti la même odeur dans la fumée de l'Amortentia en cours de potions lorsqu'il fut tout proche. Malgré tout ce qu'elle pensait, lorsqu'il s'assit près d'elle et l'amena tout contre lui, l'entourant de ses bras protecteurs, Eleanor ne le repoussa pas. Là, elle pouvait presque entendre son cœur battre. Toute trace de rage et de déception laissèrent alors place à de la simple tristesse pour tout ce qui avait pu se passer cette année. Tout était tellement allé de travers ! Eleanor tenta de s'arrêter de pleurer, mais elle n'y parvenait pas. Toutes les émotions qu'elle avait tenté de refouler, avec beaucoup moins de succès que Drago, ressortaient par ses larmes, et elle en avait tant accumulées qu'elles étaient incontrôlables. Le Serpentard ne disait rien, et caressait avec douceur ses cheveux, ce qui l'aida à s'apaiser.