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Les jours qui suivirent, Eleanor croisa rarement Drago, qui semblait... l'éviter. Toujours à traîner avec son groupe, il trouvait souvent une bonne excuse afin de se défiler lorsque la sorcière se retrouvait face à lui. Pourquoi avait-il pris soin d'elle, était la question qui trottait sans cesse dans un coin de sa tête.
Elle était en cours de Potions lorsqu'elle croisa son regard. Indéchiffrable, comme d'habitude. Pourtant, il n'y avait aucune trace de méchanceté, ni de haine, comme elle avait pu en voir si souvent au début de l'année. Elle entendit Pansy juste à côté de lui l'appeler. Il tourna la tête, et elle entendit la Serpentard lui dire clairement :

- Alors, pour le bal ? C'est dans trois jours et tu ne m'as donné aucune réponse ?

Elle avait prononcé ses mots distinctement, comme pour que la Serdaigle l'entende. Elle avait sûrement dû voir que Drago la regardait souvent, et cela la rendait verte de jalousie, à en croire le regard qu'elle lui lança par la suite. 

- Comme tu veux, si tu en as tant envie...
- Oui !
s'exclama-t-elle, victorieuse.

La Serdaigle en fut presque dépitée.

Qu'est-ce que j'ai ? se demanda-t-elle.

Toute enjouée, Pansy se remit sur son travail. Les sorciers devaient préparer de l'Amortentia. C'était une potion qui dégageait une odeur différente pour chacun, caractéristique de ce par quoi ils étaient le plus attirés.
Eleanor suivit avec attention les instructions de son manuel, et quand vint le moment de montrer leur préparation au professeur Slughorn, celui-ci s'approcha de la sorcière en premier.

- Mais elle est parfaitement réalisée ! Bravo Miss Crawford, vous vous en êtes très bien sortie ! Au suivant, hum... Miss Parkinson !

Toute fière, la Serpentard montra sa préparation. Selon le professeur, elle était très bien réalisée. Eleanor savait que ça n'était pas elle qui l'avait réussie. Durant le cours elle l'avait vue regarder la préparation de Drago, aussi fort en potion que la Serdaigle. Pansy avait donc recopié tous ses faits et gestes afin d'obtenir le même résultat. 

- Suivant !


Il passa dans tous les rangs et observa toutes les préparations attentivement. Elles étaient toutes relativement bien réussies. 

- Puisqu'il nous reste un peu de temps, et pour que cela soit plus amusant, vous allez, chacun pour vous, tenter de deviner quelle odeur vous percevez à travers la fumée qui s'en dégage. C'est personnel, je ne vous demanderai pas de me dire ce que vous a révélé la potion sur vos attirances.

Hésitante, Eleanor ne voulut pas se prêter au jeu. Finalement, elle se rapprocha de sa préparation et sentit le parfum qui s'en dégageait emplir ses poumons. Quelle belle odeur, si douce et glaciale à la fois, elle pouvait même y percevoir un peu de menthe et d'autres senteurs qu'elle ne parvenait pas à identifier. Pourtant elles lui étaient familières, mais que lui rappelaient-elles donc ? C'était comme si quelque chose venait de se verrouiller dans sa mémoire... Peut-être ne voulait-elle simplement pas s'en souvenir, par peur de ce qu'elle pourrait y trouver ?
Lorsqu'ils sortirent du cours, Pansy bouscula la sorcière afin de la doubler, faisant tomber son livre des mains, qui bascula par-dessus la barrière. Il chuta tout en bas des longs escaliers, mais il faisait trop sombre pour qu'Eleanor ne le voie.

J'irai le chercher plus tard, songea-t-elle. De toutes façons personne n'ira jusque là-bas, je ne risque pas de me le faire voler. 

Drago passa près d'elle en la frôlant à peine, et rejoignit Zabini qui était avec Pansy. Ils se hâtèrent de s'en aller vers la Grande Salle où ils allaient déjeuner. 
Eleanor suivit le mouvement jusqu'au réfectoire, où elle s'installa en bout de table, dos aux Serpentards, et donc à Drago. Elle avait longuement hésité avant de choisir cette place, mais voir Pansy le coller autant la rendait presque triste. Elle était trop perdue dans ses émotions.
Lorsqu'elle eut fini de déjeuner, elle s'empressa de sortir, et se souvint qu'elle devait aller chercher son livre. Elle emprunta alors les escaliers, et descendit pendant un temps qui lui parut interminable. Plus elle s'enfonçait vers le bas des escaliers, plus la lumière qui pénétrait par le dôme en verre tout en haut du bâtiment avait du mal à percer. Elle se trouvait dans la semi-obscurité lorsqu'elle arriva tout en bas. Quelques rayons filtraient, n'éclairant que quelques parties de la pièce.

- C'est ça que tu cherches ?

Drago sortit de l'obscurité, le livre de la Serdaigle à la main. Il avait dû la devancer afin de le retrouver avant elle. Il le lui tendit, et Eleanor le prit doucement, puis le rangea dans son sac.

- Merci... 

Ils s'observèrent longuement, à travers les quelques rayons qui passaient. Drago sembla hésiter, puis se raviser... mais de quoi ?

- Je pensais te le ramener mais il semble que tu aies décidé de le chercher en même temps que moi.
- Pourquoi m'évites-tu ?
demanda Eleanor.

C'était la question qui lui brûlait le plus les lèvres. Elle l'avait enfin posée. Mais le Serpentard ne répondit rien. Il se contenta de la regarder, puis il s'excusa et fila, encore.
La Serdaigle s'y était habituée, mais cela créa une profonde déception en elle. Elle pivota et l'observa remonter les marches d'un pas rapide jusqu'à ce qu'il soit hors de sa vue.
Lorsque la sorcière fut enfin dans la cour extérieure, il ne lui restait qu'un quart d'heure avant la reprise des cours. Elle décida de s'y rendre en avance. Elle avait son cours de Défense contre les Forces du Mal. Eleanor soupira, puis rebroussa chemin jusqu'à la salle du professeur qui assurait ce cours-là. Petit à petit, les sorciers du même groupe arrivèrent, mais s'écartèrent en la voyant. 
La Serdaigle songea soudainement au bal juste avant les vacances de Noël. Tout le monde avait un cavalier, tous, sauf elle.

Comment vais-je faire ? se demanda-t-elle.

Elle songea que cela ferait un sujet de discussion et de moqueries de plus au groupe de Drago, ou même aux autres sorciers, et que, de toutes manières, elle avait fini par s'y habituer. Et qu'est-ce que ça faisait si elle n'y allait pas ? Qui allait remarquer son absence ?

Tous ceux qui auront envie de s'amuser à se moquer de quelqu'un, se dit-elle.

La Serdaigle s'empressa d'occuper une des places du fond dans le cours qui suivit. Les heures passèrent lentement, et elle crut qu'elle rêvait lorsque vint le moment de se glisser sous les couvertures. Elle mit du temps à s'endormir, ressassant encore et encore les mêmes choses, avant de sombrer dans un sommeil sans rêve.

The Emerald EagleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant