PARTIE 1 - Chapitre 7

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  [ Valentine Richardson ]

Même si ça tue ma fierté de l'avouer, j'eus beaucoup de mal à retrouver le chemin de notre chambre. Lorsque je la trouvais enfin, les filles m'attendaient, Ariel assise sur le lit de Mia et cette dernière assise à côté de Sally, sur le lit de la petite.

Immédiatement, Sally sauta de son lit pour me faire un câlin. Mia la regarda en souriant pendant que Ariel levait les yeux au ciel. Ça ne devait sûrement pas lui plaire de devoir partager sa chambre avec une gamine de cinq ans. Pour être franche, mon idée n'était pas non plus super pour mes nuits et Sally me collait non stop toute la journée. Mais en même temps, c'était quelqu'un que je connaissais, quelqu'un qui me rappelait ma vie d'avant.

- Il a été méchant avec toi le soldat Johnson ? » Me questionna-t-elle d'une toute petite voix.
Je la regardai avec étonnement puis me repris en voyant que Ariel me fixait avec attention.
- Il n'a pas été méchant avec moi Sally, tout va bien. Il voulait juste me rappeler que je n'avais pas le droit de sortir. Et il m'a demandé d'être moins pénible. » Mentis-je.

Comment leur dire qu'il avait été adorable ? Qu'il avait fait quelque chose pour moi qui m'avait plus qu'étonnée ? Que je lui avais embrassé la joue, comme une pauvre fillette timide ? Malgré moi je ne pouvais pas m'empêcher de me méfier de Johnson. C'est lui qui avait empêché ma mère d'entrer dans la base. Et après ça, il prenait soin de moi, il me ramenait cette photo. Je n'étais pas bête, c'était louche. Tout comme le fait qu'il soit si gentil avec moi bien que je lui parle comme un chien. Tout ce que vous voulez, un autre m'aurait sûrement giflée ! Je savais que quelque chose clochait vraiment. Mais j'étais si contente d'avoir cette photo.

- Richardson ? » M'interpella Ariel, me sortant de mes pensées.
- Ariel, pourquoi tu m'appelles par mon nom de famille ? » M'étonnais-je en repoussant un peu Sally qui s'accrochait de nouveau à mes jambes.
- On est à l'armée Richardson, rappela-t-elle, et puis on s'en fou ! Tu connais ce mec, non ?
- Qui ? » Demandais-je bêtement.
Ariel leva les yeux au ciel.
- Le soldat Johnson qui s'occupe de nous depuis qu'on est là ! » Précisa-t-elle d'une voix agacée.
- Pas avant d'arriver ici non, répondis-je sincèrement, mais je l'ai frappé à l'entrée ... Ils ... Ils n'ont pas laissé passer ma mère ...
- Il prend soin de toi. Je sais pas pourquoi. Peut-être qu'il s'en veut de pas avoir laisser entrer ta mère. Mais pourquoi il s'en voudrait ? Parce qu'elle est morte ? Sûrement que tous les gens qu'ils n'ont pas laissé entrer sont morts à l'heure qu'il est ! » S'exclama Ariel sous le regard choqué de Mia.

Mon propre regard se brouilla de larmes et je détournai la tête pour que les filles ne le voit pas. Soudain, Sally se mit à hurler tout en fonçant sur Ariel. Cette dernière, surprise, eu un mouvement de recul devant la gamine de cinq ans.

- MA MAMAN N'EST PAS MORTE !!!! » Hurla-t-elle en frappant Ariel de ses petites mains.
La plus vieille de la chambre la regarda, d'abord choquée. Elle avait sûrement oublié que la mère de Sally avait, elle aussi, était refoulée à l'entrée.
- Sally, Sally, ce n'est pas ce que Ariel a dit. » Tentais-je en attrapant la petite fille pour la faire reculer.
- Si ! C'est ce qu'elle a dit ! Ma maman n'est pas morte ! » Hurla-t-elle de nouveau.
Elle faisait un boucan d'enfer. Je la pris dans mes bras pour la bercer mais elle me griffa et partit vers la porte.
- Sally ! » La rappelais-je.

Mais la porte s'ouvrit automatiquement devant elle et la petite continua sa course dans le couloir. Je me tournai alors vers Ariel. Elle était toujours assise sur le lit de Mia et me regardait en faisant une grimace. Malgré sa gêne apparente, elle ne bougea pas d'un poil. Mia sur le lit d'en face, pleurait en silence. C'était donc à moi de récupérer Sally, alors que mon cœur était plus serré que jamais. Ma mère était morte. Et Johnson le savait. C'est pour cette raison qu'il était gentil avec moi. C'était une hypothèse plausible. Mais inacceptable à mes yeux.

Je sortis dans le couloir. Sally était à seulement trois mètres de moi. Une fille d'une autre chambre l'avait arrêteé. Elle devait avoir la vingtaine et la tenait par le tee shirt. Son visage menaçant était tout près de celui de la petite fille qui continuait à pleurer.

- Tu vas la fermer la mioche ! » Hurla la femme en la secouant dans tous les sens.
- HEY ! » M'écriais-je pour attirer son attention.

Elle lâcha Sally dans un sursaut et releva vivement la tête. Dès qu'elle me vit pourtant, son visage se durcit de nouveau. J'aurai été un militaire, tout se serait arrêté ici. Mais j'étais seulement une pauvre petite adolescente face à une femme de vingt ans. De plus, elle était bien couverte. Les trois autres femmes de sa chambre étaient dans son dos et ne semblaient pas plus sympathiques qu'elle. D'autres filles sortirent petit à petit des chambres alentours, plus par curiosité que pour m'aider. J'entendis Ariel sortir de notre chambre et ordonner à Mia de rester à l'intérieur.

- C'est toi la baby-sitter de cette gamine ? » M'interpella la femme en poussant violemment Sally vers moi.
Elle ne s'y attendait pas et tomba sur les fesses. Immédiatement, je me précipitai pour la récupérer et la serrai contre moi.
- C'est quoi ton problème à toi ?! » Lâchais-je, les dents serrées par la colère.
- Comment tu me parles, toi ? » Grinça la femme en faisant un pas vers moi.
- Comme à une merde ! Ça te pose un problème ?! C'est bien ce que tu es pour traiter une petite fille de cinq ans comme ça ?! » Répliquais-je en poussant Sally derrière moi.
Je vis du coin de l'œil Ariel l'attraper et la pousser dans la chambre, auprès de Mia.
- Alors toi ... » Cracha la femme.

Son visage était défiguré par la colère. La mâchoire serrée, les yeux révulsés, les bras et les poings tendus, le corps tremblant de rage. Elle eut un petit sourire en coin, avança encore d'un pas et me mit une belle droite. Ma tête partit violemment en arrière et quelque chose dans mon cou craqua. Malgré la douleur, je réussis à ne pas tomber. Je sentis du sang couler de mon nez beaucoup trop sensible à mon goût. Elle me cracha au visage puis se recula. J'entendis distinctement la voix de Ariel mais je n'y fis pas attention.

- Valentine, non. »

Je passai mon bras contre mon nez pour essuyer le sang qui gouttait puis m'élançai sur la fille. Elle ne s'y attendait visiblement pas puisqu'elle me regarda avec des yeux ronds. L'instant d'après, mon corps cogna le sien et on tomba toutes les deux sur le carrelage blanc du couloir. Je ne lui laissai pas le temps de se remettre de cette chute. Mes poings vinrent s'écraser à la suite sur son visage. Je ne m'arrêtai que lorsqu'elle réussit à me frapper de nouveau et à me pousser sur le côté. Elle m'avait frappée si fort que j'étais un peu sonnée. Je sentis le goût du sang envahir ma bouche. La fille, le nez, la bouche et l'arcade droite en sang, me regarda avec un horrible sourire ensanglanté.

- Alors mign.... »

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. De nouveau, je me jetai sur elle, poings en avant. Elle hurla de rage et de douleur pendant que je la frappai au ventre.

- Ne touche plus à Sally ! Plus personne ne touche à elle ou à une seule personne de ma chambre, sinon, je la défonce, c'est clair ! » Hurlais-je sans cesser de la frapper.

La fille en dessous de moi ne se débattait plus. Pourtant, je n'arrivais pas à m'arrêter de la frapper. Les paroles d'Ariel tournaient encore ma tête. Johnson avait dit que si je sortais, j'étais morte. Qu'avaient-ils fait des gens qu'ils n'avaient pas laissé entrer ? Est-ce qu'ils les avaient simplement laissé dehors ? Si c'était le cas, ma mère était morte ... Mes coups redoublèrent.  

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