PARTIE 1 - Chapitre 15

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  [ Noah Johnson ]

Il était deux heures du matin et j'avais l'impression que mon lit me tendait les bras. Mais comment dormir après avoir vu tout ça ? Après avoir abattu tant de malades ? Le militaire avec lequel je partageais ma couchette dormait paisiblement sur le lit voisin, ronflant légèrement. Moi, j'étais assis sur mon lit, les genoux replier contre mon corps, comme une adolescente après un chagrin d'amour. Et je me rappelais cette soirée, cette nuit, inlassablement. C'était comme si ça me hantait. Je n'avais qu'une envie, revoir Valentine et m'assurer qu'elle allait bien. C'était le plus important.

Malgré mon esprit embrouillé, je réussis à dormir quelques heures. A six heures trente, l'habituelle alarme-réveil sonna dans nos quartiers pour nous réveiller. A côté de moi, mon collègue muet par choix se leva d'un bond et, bien sûr sans un mot, quitta notre dortoir pour gagner les douches. Je fis de même avec moins d'enthousiasme que lui. A quart d'heure plus tard, j'étais propre et j'avais enfiler mon uniforme. Il ne me restait plus qu'à aller chercher Valentine et les autres pour les conduire jusqu'au self. J'étais vraiment pressé de la revoir, de lui dire « Hey, tu vois, je suis revenu, pas de quoi s'inquiéter. » et malheureusement aussi de lui mentir, encore : « Les terroristes, c'est du gâteau ! ».

J'étais tranquillement en train de me rendre jusqu'au couloir 200-250 lorsque la voix du général Garcia tonna dans mon oreillette. Instinctivement, je pilai en plein milieu du couloir. J'entendis le général ricaner, comme s'il avait vu ma réaction. C'était d'ailleurs sûrement le cas grâce à toutes ces foutues caméras.

- Johnson, viens me voir dans mon bureau s'il te plaît, nous avons à discuter. » M'ordonna-t-il d'une voix presque joyeuse.
- Est-ce que je conduis d'abord les filles de la chambre 221 au grand self monsieur ? » Questionnais-je en priant pour qu'il m'accorde cette requête déguisée.
- Quelqu'un d'autre s'en occupera. » Termina-t-il.

Mes poings se serrèrent mais je n'avais pas le choix, je devais me rendre dans le bureau du général. Si je voulais connaître la vérité, je devais y aller tout de suite et ne pas tenir ma promesse auprès de Valentine. Je l'imaginais déjà paniquer en voyant quelqu'un d'autre passer la porte. Ou peut-être que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Mais je n'y croyais pas trop.

En soupirant, je me rendis jusqu'au bureau. Les soldats qui s'occupaient des caméras de surveillance ne firent pas attention à moi cette fois-ci. Seul l'un deux, le plus près de la porte, informa la général que j'étais là et m'ouvrit la porte.

- Noah, je suis content de te voir ... en si bonne santé ! » S'exclama le général Garcia pendant que j'entrai dans son bureau.
Je m'assis face à lui sans demander la permission, ce qui le fit sourire.
- Est-ce que vous avez le droit de m'expliquer ce que j'ai vu cette nuit maintenant ? » Questionnais-je directement.
Un nouveau sourire.
- Je crois que tu en as compris beaucoup. Raconte-moi, Noah. » Me demanda-t-il indirectement.
- Un mystérieux virus fait des ravages. Vous ne savez pas comment l'arrêter et encore moins comment soigner tous ces gens qui sont contaminés un par un. Pourtant, ils sont si nombreux. Vous savez que ça commence par de la fièvre. Vous connaissez l'évolution de la maladie au fils des jours. Mais c'est tout. Et je suppose que, tant que personne ne trouve comment arrêter ce virus, l'armée à le droit d'utiliser la manière forte, celle qu'elle préfère. Tuer tous les infestés, jusqu'aux derniers, c'est ça votre solution ? Alors que ça touche une si grande partie de la population ?! Le pire, c'est que j'ai cru comprendre que ça ne touchait pas seulement Phoenix. Toute cette histoire est bien plus compliquée que ça, bien plus immonde, je me trompe ? »

Le général Garcia me fixa pendant de longues minutes sans que je puisses savoir s'il était en colère ou bien fière de moi ou tout simplement amusé par ce que je venais de lui dire. Puis il pianota sur son ordinateur et soudain, s'adressa à quelqu'un d'autre.

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