PARTIE 3 - Chapitre 57

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  [ Noah Johnson ]

Dehors, c'était une horreur. Les infestés étaient plus fous que jamais. De jour, ils pouvaient tous nous voir, nous ne pouvions plus nous cacher, attaquer par surprise et espérer avoir le dessus. Deux hommes de l'unité étaient déjà morts et nous n'avions fait que la moitié du chemin. Le nombre d'infestés qui nous attaquaient ne semblait pas diminuer au fil des heures. Nous n'étions incontestablement pas assez pour réussir à rejoindre la prison de Encanto et je soupçonnais le général Garcia de le savoir depuis le début. Soit il comptait sur le sergent Cromwell et moi pour mener à bien cette mission, soit il voulait qu'on meurt tous et qu'on se taise. Quelque chose dans le genre : que tous ceux qui veulent sauver Valentine y aille et meurent pour qu'ils ne nous posent plus de problème avec elle.

- Noah, il faut trouver une idée pour se sortir de cette merde, et vite ! » S'exclama Cromwell à quelques mètres de moi tout en plantant son couteau dans la jugulaire d'un infesté.
Ce dernier s'écroula sur le sol dans un gémissement étrange, son sang giclant dans tous les sens.
- On devrait rentrer dans un bâtiment et se barricader ! » Intervint un autre soldat qui semblait perdre son sang froid.
- On sera bloqués, on aura aucune issue, les infestés s'empileront derrière la porte et on mourra tous. » Fit remarquer notre sergent d'une voix presque indifférente, comme s'il énumérait sa liste de course.
- Si ton idée était d'attendre la nuit, ajoutais-je, je suis contre. On doit trouver un moyen d'avancer plus vite, pas question de se cacher comme des enfants ! Valentine compte sur nous !
- Je suis d'accord avec Noah. » Ajouta Cromwell pendant que je tirai à vue sur les infestés qui arrivaient par centaine.
- Un bâtiment ..., pensais-je à voix haute, son idée n'était pas stupide ! » M'exclamais-je après une courte réflexion.
Cromwell se fraya un chemin jusqu'à moi, jonché de corps inertes et d'infestés qui tentaient de le griffer et de le mordre dans le cou.
- Ce n'est pas le moment de perdre la boule, Johnson ! » S'écria-t-il pour couvrir le bruit du bain de sang.
- Fais-moi confiance, ça va le faire ! » Répliquais-je seulement en plantant mon regard dans le sien.

Je le vis hésiter longuement puis il finit par acquiescer. Il hurla à ses hommes de me suivre. On se regroupa pour avancer lentement jusqu'à un immeuble. On tentait de garder à distance au maximum les infestés qui nous attaquaient toujours. Enfin, on atteignit l'immeuble que j'avais repéré. Les soldats me suivirent sans poser de question, je voyais qu'ils avaient confiance en moi et ça me touchait énormément. Cromwell lui, semblait ne pas me faire totalement confiance mais il était curieux de connaître l'idée que j'avais en tête.

On grimpa rapidement jusqu'au dernier étage, faisant notre maximum pour encombrer les escaliers, les couloirs et barricader les portes derrière nous, histoire de ralentir les infestés qui nous suivaient, une lueur de folie dans les yeux. Une fois au dernier étage, j'ordonnai aux soldats de se poster chacun à une fenêtre. Encore une fois, ils obéirent sans réfléchir. Je fis comme eux et vis ce que j'espérais. Seuls quelques infestés nous avaient suivis mais la plupart attendaient au pied de l'immeuble que l'on ressorte.

- Lancez vos grenades, chacun sous sa fenêtre, ne visez pas le même endroit que les autres, on doit tous les avoir. Et tous en même temps, il faut les surprendre. Tant qu'il reste des infestés en bas, je veux que vous jetiez des grenades. Lorsque vous n'en aurez plus, tirez dans le tas. Il faut dégager tout ça et rapidement. Cromwell, si vous voulez bien m'aider, on va empêcher ceux qui nous ont suivis d'entrer, histoire de laisser vos soldats travailler en toute tranquillité. Vous êtes avec moi ? » Ordonnais-je d'une voix forte et rapide.
Cromwell hocha la tête, un sourire en coin. Il aimait mon plan, sans aucun doute.
- Il faudra partir très vite, le bruit risque de rameuter leurs petits copains. Dès qu'on a fini, on court dans la direction de la prison, on ne s'arrête pas et on en tue un max parce que je commence à en avoir marre d'eux ! » Terminais-je avec une assurance débordante.

En regardant mes collègues et amis, je compris qu'ils allaient tout donner, que je les avais galvanisés. Un courage et une détermination sans faille brillaient dans leur regard. Ils attendirent mon signal et les premières grenades explosèrent en dessous de nous. Cromwell regarda la scène un instant avant de me suivre dans le couloir. Les infestés avaient déjà mis à mal nos barricades. Le premier entra et je fus plus rapide que mon sergent. Il tomba avant même d'avoir pu nous apercevoir. Derrière lui, c'est tout un flot d'infestés qui débarqua, le piétinant au passage. Ils étaient nombreux mais je n'avais pas peur. Valentine était retenue prisonnière, elle allait peut-être mal, elle était peut-être sur le point de mourir, elle avait besoin de moi. Et jamais je ne la laisserai tomber, bien qu'elle m'en veuille pour la mort de sa mère. Elle me manquait déjà bien trop pour m'imaginer vivre sans elle. Je devais la sauver, je n'avais pas d'autre choix, je l'avais promis.

L'attaque dura un quart d'heure durant laquelle je n'arrivais même plus à penser tant la colère et la haine s'étaient emparées de moi. C'est Cromwell qui sentit que le moment du départ était arrivé et qui ordonna aux hommes de courir comme jamais. Étonnement, mon plan marcha à merveille. L'horizon était presque entièrement dégagé lorsqu'on quitta l'immeuble. Les quelques infestés qui avaient survécu furent facile à tuer car peu nombreux. Nous savions que d'autres infestés étaient en route mais nous avions une chance d'atteindre la prison avant qu'ils ne nous rattrapent. Il suffisait de ne jamais s'arrêter.

Je n'en cru pas mes yeux lorsque je vis enfin la prison se dresser devant moi. Les soldats s'arrêtèrent, soulagés et épuisés. Cromwell ne leur laissa pas le temps de reprendre leur souffle. Il ordonna un rassemblement et instaura des tours de garde. Tant que les infestés ne seraient pas à l'horizon, ils se reposeraient. Nous n'attaquerions la prison que lorsqu'ils seraient plus reposés ou que nous n'ayons pas d'autre choix.

Ça me tuais d'être là, juste à quelques mètres de l'endroit où Valentine était retenue prisonnière, et de ne rien faire. J'avais proposé de prendre tous les tours de garde mais Cromwell avait refusé. Il disait que je devais me reposer moi aussi mais je n'en ressentais pas le besoin. La seule envie que j'avais était de revoir celle que j'aimais et non de dormir. Mais même si mon sergent et ami m'avait laissé prendre le contrôle de son unité l'espace d'un instant, je n'en restais pas moins un soldat qui devait obéir aux ordres.

On se « reposa » - je n'ai fait que tourner en rond comme un lion en cage – pendant plus de deux heures avant que Cromwell n'annonce qu'il était temps d'aller rendre visite à nos amis qui se cachaient dans la prison. Les hommes, bien reposés maintenant, n'attendaient plus que ça. Ils se mirent immédiatement en position.

On avança discrètement entre les décombres et carcasses de voitures, se rapprochant petit à petit de l'entrée. J'étais en première ligne, aux côtés de Cromwell. Soudain, alors qu'on approchait de la porte, ce dernier leva son poing pour nous ordonner silencieusement de nous arrêter. Tout le monde se figea, sans comprendre pourquoi. Puis, je vis ce que notre sergent avait deviné. La porte était en train de s'ouvrir.

- Qu'est-ce qu'on fait ? » Questionnais-je dans un murmure.

Mais Cromwell n'eut pas besoin de me répondre. Hébété, je vis Valentine sortir de la prison, les mains en l'air, tout en regardant dans ma direction. Elle savait qu'on était là. Et elle semblait aller très bien. Elle portait une autre tenue que celle des militaires, ses cheveux étaient détachés, elle ne semblait pas blessée. Elle allait bien et elle n'était plus prisonnière ....  

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