PARTIE 1 - Chapitre 20

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  [ Noah Johnson ]

Cette nuit-là, tuer les infestés me parut plus facile. Peut-être que ce n'était pas le cas, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'à chaque fois que je voyais une personne infestée, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce qu'elle pourrait faire à Valentine si elle croisait son chemin un jour. Et je tirais sans réfléchir, pour réduire à néant la menace potentielle qui planait au-dessus du beau visage de la fille que j'aimais.

Le sergent Cromwell me trouva excellent et me donna même sa bénédiction pour sortir avec Valentine si en retour, je travaillais comme ça chaque nuit. Davis lui, se contenta de me donner une tape amicale sur l'épaule et de me souffler « Bon travail ! », d'un air si étrange que je n'arrivais pas à savoir s'il parlait de ce soir ou du fait que j'avais enfin embrassé Valentine.

On rentra encore très tard ou très tôt selon comment on voit les choses. En arrivant à la base, tous les groupes rejoignirent notre couloir dans un silence qui illustrait parfaitement la fatigue de tous. Malgré cela, les lumières restèrent allumées longtemps, le temps de se changer les idées, histoire de ne pas faire des cauchemars toute la nuit. Car c'était ce que l'on redoutait tous. Que le cauchemar de la nuit ne cesse jamais, même durant notre sommeil.

Le lendemain matin, je n'avais qu'une envie en tête, retrouver Valentine, la serrer dans mes bras, l'embrasser, être sûr que la veille n'était pas un rêve. C'était dur d'être loin d'elle. C'était un sentiment que je ne connaissais pas, l'amour. Ni au sein de ma famille, ni lors de mes études et bien sûr, encore moins à l'armée. Jusque là, j'étais persuadé que l'amour n'existait pas vraiment. Mais Valentine avait rendu cette vérité fausse, car je l'aimais.

Le réveil de notre couloir sonna. Une sonnerie à vous faire exposer les tympans, à réveiller les morts. Immédiatement, le couloir fourmilla de soldats qui se bousculaient pour se rendre à la douche. Je finis par les rejoindre avant d'aller chercher les filles.

Lorsque la porte de la chambre 221 s'ouvrit, les quatre filles m'attendaient, assises à même le sol, formant un cercle de discussion. Elles se turent en me voyant et se levèrent. Mon regard se posa sur Valentine, magnifique avec ses cheveux noirs retenus en un chignon, ses yeux bleus mis en valeur par son pull de la même couleur, moulée dans son short noir. J'en oubliais presque que l'on se trouvait dans une base militaire, tant elle était belle, tant son sourire était éblouissant. Elle était heureuse de me voir en vie et en bonne santé. Mais elle ne fit pas un pas vers moi et je compris que notre baiser était notre secret, tout du moins, pour le moment. Valentine craignait sûrement la réaction de Ariel. Avec un peu de chance, le problème serait résolu dans la journée, une fois que Sally et son frère se seraient retrouvés grâce à moi.

- Allons manger ! » Déclarais-je pour briser le silence gênant.
Sally me lança un petit sourire timide et se précipita vers la porte.
- Cette gamine a toujours faim ! » Grommela Ariel, visiblement de mauvaise humeur.
Valentine me lança un regard amusé puis suivit Sally dans le couloir, aux côtés de Mia.

On arriva rapidement au grand self car Sally pressait tout le monde. Dès qu'on fut devant la dernière porte, Sally attrapa la main de Mia et l'entraîna en courant, ce qui arracha un sourire à Valentine. Ariel, elle, soupira bruyamment et disparut derrière les portes battantes. Valentine allait la suivre mais je réussis à attraper sa main juste à temps et à la tirer contre moi. Surprise, elle laissa échapper un petit hoquet qu'elle couvrit immédiatement de sa main. Lorsqu'elle croisa mon regard amusé, elle explosa de rire tout en passant ses bras autour de mon cou.

- La prochaine fois, préviens-moi ! » S'exclama-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour rapprocher son visage du mien.
- Pourquoi ? C'est tellement mieux de te surprendre. » Soufflais-je contre ses lèvres avant de l'embrasser.
- Je ne devrais pas trop traîner. » Rappela Valentine à contre cœur.
Je hochais la tête avant de l'embrasser une dernière fois.
- Je vais aller chercher le frère de Sally. » L'informais-je en commençant à m'éloigner d'elle.
Mais elle me retint la main.
- Tu ne manges pas ? » S'inquiéta-t-elle immédiatement.
Je lui fis mon plus beau sourire.
- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas mourir de faim ! » Déclarais-je d'une air moqueur avant de la quitter.

Je me rendis dans la salle de contrôle. Mes « collègues » ne firent pas attention à moi tant ils avaient l'habitude de me voir traîner vers le bureau du général, juste à côté. Ce dernier m'inquiétais bien plus. Normalement, il se trouvait au self en ce moment même, je ne craignais donc rien tant que je repartais avant qu'il n'arrive.

L'attente me parut interminable. J'avais repérer le frère de Sally dans le self à la table 456 aux côtés d'autres garçons qui ne semblaient pas avoir plus d'une dizaine d'années. Ils prenaient un peu trop leur temps pour manger à mon goût. Je voulais pouvoir le suivre à travers les caméras de surveillance pour savoir exactement où le trouver dans la base. Les civils étaient tranquilles durant une heure ou deux après le repas, c'est de ces heures là que je voulais profiter pour l'emmener jusqu'à sa sœur. Je ne devais pas perdre de temps.

Soudain, il se leva enfin de sa table et quitta le self. Du coin de l'œil, je vis le général se lever lui aussi. Mon cœur se serra. Une course de rapidité venait de commencer et j'espérai vraiment que le grand frère de Sally serait plus rapide.

Mes yeux passaient du général au frère sans cesse. Enfin, le frère de Sally quitta ses « colocataires » qui entraient dans leur salle commune pour aller dans sa chambre. Parfait ! Le plus discrètement possible, je quittais rapidement la salle de contrôle. J'eus à peine le temps de tourner au bout du couloir avant que le général n'apparaisse. Il me lança un petit sourire qui se voulait amical mais qui me glaça le sang puis entra dans la salle de contrôle.

Un soupir de soulagement m'échappa. Le reste de la « mission » devait être bien plus simple maintenant. Sa chambre était assez loin et je me plusieurs minutes avant de la trouver. Lorsque j'arrivais devant la porte, elle s'ouvrit automatiquement et je me rendis compte avec soulagement qu'il était encore seul. Le petit garçon me regarda avec des yeux ronds. Il eut un petit moment de stupéfaction qui le paralysa avant de sauter sur ses pieds pour se mettre devant moi, droit comme une baguette.

- Tranquille, je suis cool comme soldat, tu n'as pas besoin de faire ça. » L'informais-je gentiment.
Ce gamin ne devait pas avoir plus de sept ans et il semblait avoir vraiment peur de faire la moindre erreur.
- Pourquoi êtes-vous là ? Ce n'est pas vous qui vous occupez de notre chambre. » Fit remarquer le garçon.
- Tu t'appelles Eliott c'est ça ? Le garçon hocha la tête. Je suis le soldat Johnson, je m'appelle Noah. Je suis venu te chercher pour aller voir ta petite sœur, Sally.
- Je croyais que je n'avais pas le droit de la voir. » Se rappela le petit homme en fronçant les sourcils.
- C'est le cas, mais si tu es avec moi, personne ne remarquera que tu n'es pas au bon endroit, personne ne fera attention à toi. Et je te ramènerai juste à temps pour le repas de midi. Tu n'as pas à t'inquiéter. » Le rassurais-je en lui tendant la main.

Eliott hésita puis attrapa ma main et me fit un sourire reconnaissant. Je lui rendis son sourire puis on quitta sa chambre et son couloir pour rejoindre celui des filles qui devaient normalement nous attendre dans leur chambre.  

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