PARTIE 2 - Chapitre 30

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  - DANY ! ARRETE JE T'EN PRIE ! DANY ! »

J'entendais la voix lointaine de Kara, comme dans un rêve. Je voyais flou, je tremblais de tout mon corps et j'avais un mal de tête affreux. Je me sentais sale, en sueur, j'avais le vertige, la nausée. Et je ressentais tout cela dans les moindres détails, comme je ne l'avais jamais ressenti, avec une intensité encore inconnue à ce jour.

- Dany ?! »

La voix de Kara se fit plus timide, plus faible, plus hésitante. J'avais peur pour elle, sans savoir pourquoi. Alors, je me forçais à cligner des yeux plusieurs fois pour refaire la netteté. C'est alors que je la vis, une immense griffure sur la joue, nouvelle et fraîche vu le sang qui en coulait encore. Je fronçais les sourcils et plongeais dans son regard. Il était hanté, terrifié, inquiet. Loin du courage que j'avais l'habitude d'y trouver.

- Dany ?! C'est toi ?! »

Sa question me fit sursauter. Comment ça ? C'est moi ? Soudain, je baissais les yeux sur mon corps. J'étais attaché avec une grosse corde et incapable de bouger mes bras ou mes jambes. Kara m'avait attaché. Kara avait une horrible griffure sur le visage. J'étais attaché. Je l'avais griffé. J'avais perdu la tête ...

- Kara ... Non ... » Murmurais-je malgré moi.

Je ne voulais pas pleurer pourtant une larme coula le long de ma joue. Kara s'approcha alors de moi, sans aucune hésitation. Elle s'empressa de me détacher et passa ses mains dans les miennes.

- Ce n'est rien. » M'assura-t-elle en venant contre mon corps.
- Ta joue. » Rappelais-je, meurtri.
- Je suis déjà infestée de toute façon, qu'est-ce que tu veux que ça change ? Je t'assure, ce n'est rien. » Répéta-t-elle en plantant son regard dans le mien.
- Combien de temps ? » Questionnais-je alors sans oser la toucher ou la serrer contre moi
- Seulement trois minutes. Mais tu semblais rêvasser devant ton ordinateur depuis au moins une demi-heure. Et puis tout d'un coup, tu t'es levé et tu t'es jeté sur moi en disant que bientôt je serais pleine de vers et qu'il fallait que tu me les enlèves tout de suite, avant qu'ils ne me fassent mal. Tu disais que tu ne supportais pas l'idée que je puisse avoir mal. J'ai refusé que tu me touches, je t'ai supplié. Quand tu t'es tourné vers mon arme en disant que comme ça je ne souffrirai pas, j'ai paniqué. J'ai couru jusqu'à mon arme et je t'ai assommé avec. Ensuite je t'ai attaché et tu viens de te réveiller. »

Je lui fus reconnaissant de me donner autant de détails. J'avais besoin de savoir. Kara s'éloigna de moi en voyant que je ne la prenais pas dans mes bras. Son regard était terriblement triste. Je voulais la faire rire, sans trop savoir comment.

- Au moins maintenant, je sais pourquoi j'ai mal à la tête ! » Tentais-je.
Je ne vis même pas l'ombre d'un sourire sur son visage ...
- Dany, comment on va faire ? Tu commences à perdre la tête.
- Écoute, laisse-moi une dernière chance de trouver quelque chose. Si je redeviens trop fou au point de te mettre en danger, tues moi. » Déclarais-je, sûr de moi.
- Je ne veux plus tuer ou voir mourir quelqu'un que j'aime, Dany. » S'exclama-t-elle avec force en me lançant un regard noir.
- D'accord alors demain matin, je pars. » Décidais-je à contre cœur.

Je ne voulais pas me séparer d'elle. Je préférais mourir de sa main que de celle d'un militaire ou d'un infesté. Mais tant pis, je ne voulais pas non plus lui faire du mal et c'était la seule solution. Kara me regarda, choquée, puis se jeta sur moi pour me gifler.

- Ce n'est pas une solution ! » S'écria-t-elle en me tapant le torse.
- Kara ! Tu deviens déjà folle ou quoi ?! » M'exclamais-je en la repoussant.
Elle planta son regard noir dans le mien et une larme coula le long de sa joue.
- Je suis terrifiée. Jusque là, je tenais pour ma petite sœur. Mais elle n'est plus là. Je ne veux pas rester toute seule enfermée ici avec des centaines d'infestés dehors. C'est trop dur, trop terrifiant. Putain mais comment je pourrais être courageuse, comment je ne pourrais ne pas avoir peur avec ce qu'il y a dehors ? Je préfère me battre avec toi et te ligoter pendant tes crises et avoir des bras dans lesquels me réfugier de temps en temps plutôt que de me retrouver seule. J'ai déjà géré un infesté, j'ai géré ma sœur et je ne risque plus d'être infestée parce que je le suis déjà. Ne soit pas lâche, Dany ! »

Je ne comprenais pas sa colère. J'oubliais la peur incontrôlable qui la bouffait de l'intérieur et qu'elle tentait désespérément de cacher depuis le début de cette horreur. Maintenant, elle pleurait et me tapait en même temps, sans s'arrêter, et je la laissais faire. Elle me frappa pendant bien dix minutes avant de retomber en arrière, épuisée.

- Il n'y a aucune bonne solution. » Fis-je remarquer d'une voix triste.
Kara garda les yeux rivés sur le sol du garage.
- Si. La bonne solution serait un remède, un vaccin. Voilà ce qu'on doit faire. » Lâcha-t-elle dans un souffle.
- Ce matin, tu voulais que j'abandonne l'idée d'un remède. » Rappelais-je, perdu.
- Je sais mais quand tu es devenu fou et que je me suis retrouvée avec mon arme à feu dans les mains à me demander si je devais te tuer ou pas, j'ai compris que pour rien au monde je ne voudrais que tu meurs. »

Je secouais la tête. Cette histoire était de pire en pire ... Instinctivement, je pris un bout de pain posé à même la table et commençai à le grignoter. C'est ce que je faisais tout le temps quand j'étais dépassé par les événements, je mangeais. Je finis ce bout de pain en un instant, me rendant compte que j'étais affamé. Kara me regarda, les yeux écarquillés.

- Comment est-ce que tu peux encore manger ? »
Je la regardais, soudain aussi choqué qu'elle et une idée, un espoir me vint en tête.
- Tu ne dois pas me tuer Kara, pour rien au monde ! Il y a peut-être un espoir ! » M'exclamais-je en me levant d'un bond.
- Quoi ? De quoi est-ce que tu parles, Dany ? » Me questionna-t-elle en me suivant jusqu'à mon matériel dans lequel je me mis à fouiller comme un fou.
- Les symptômes pour la plupart des gens sont ceux que tu connais, ceux que ta sœur a eu ou que le docteur Nelson a eu en direct devant moi. Mais avec moi, le virus n'agit pas de la même façon. Avec toutes les maladies, il y a des degrés de différenciation selon le patient. Certains réagissent moins bien ou mieux que les autres. Certains mourront sous le coup de la maladie alors que d'autres seront seulement un peu malade puis ça passera !
- Je ne te comprends pas, Dany. » Avoua Kara avec une mine boudeuse.
- Peut-être que ce virus ne me tuera pas. Peut-être qu'il épargnera des malades. J'ai de la fièvre, des vertiges, la nausée et visiblement il m'arrive de perdre la tête mais je peux toujours manger et boire, j'arrive à continuer mes recherches, à réfléchir. Ta sœur elle, n'était plus que l'ombre d'une enfant. Et le docteur Nelson ressemblait à un savant fou. Mais peut-être que mon organisme combat plus ce virus que ceux des autres. Et si c'est le cas, je ne suis sûrement pas le seul. Peut-être qu'il existe des personnes « immunisées ». Des personnes qui attrapent le virus comme les autres mais n'en meurt pas, des personnes qui sont encore capables d'être lucide. Kara, se serait génial ! L'espoir d'un remède devient de plus en plus possible ! Il suffit de trouver quelle partie de notre corps résiste au virus et pourquoi ! » Expliquais-je, tout excité.
- Donc, je te ligote, je t'assomme, mais je ne te tue pas et on attend tout simplement de voir si tu meurs ou non. Et si tu ne meurs pas dans le délai habituel, qu'est-ce qu'on fait ? Tu as un plan ? Une idée ? » Questionna Kara, plus sérieuse que jamais.
- J'ai besoin de plus de matériel. On va devoir sortir de ce garage, faire face aux infestés. J'ai besoin de seringues, de tubes à essai et un bon millier de choses. Je vais commencer par examiner mon sang. Même si au final je meurs, j'aurai essayé avant et si je ne meurs pas, alors je serais déjà avancé sur mes recherches. Il faudra partir demain matin. La nuit, on entend beaucoup trop de coups de feu, c'est sûrement les militaires qui tentent de rattraper leurs erreurs et de tuer les infestés qui leurs ont échappé. »

Kara me fixait sans que je puisse lire dans son regard. Je la regardais à mon tour, tout excité. Enfin, un espoir s'ouvrait à nous. Sans le lui dire, j'espérais que Kara serait mon premier cobaye pour ce remède. Après tout, elle n'avait plus rien à perdre.  

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