PARTIE 3 - Chapitre 42

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  [ Noah Johnson ]

Nous venions à peine de partir en mission. Le sergent Cromwell nous avait informé que notre mission serait un peu différente des autres jours. Nous allions intervenir dans un secteur beaucoup plus éloigné de la base que d'habitude et nous n'y allions pas pour exterminer les infestés, mais pour les observer. En effet, un autre groupe avait repéré deux jours auparavant une ancienne prison qui semblait habitée. Leur comportement ne ressemblait pas du tout au comportement des infestés. Le général Garcia, dès qu'il en avait été informé, avait décidé de confier une enquête à notre groupe en particulier. Nous étions chargé de lui faire un rapport sur les personnes qui se trouvaient à l'intérieur de cette prison.

Le sergent semblait avoir plus d'informations que nous car il nous faisait sans cesse des recommandations. Il nous demandait de faire attention, nous rappelait que l'on devait être discrets, que les individus ne devaient pas nous repérer car nous avions ordre de ne pas les tuer. Aucun des hommes ne comprenaient ces ordres mais nous étions des soldats et nous devions obéir, même si nous étions un peu plus spéciaux que les autres.

Nous marchâmes durant plus d'une heure avant d'arriver. Sur le chemin, nous avions croisé énormément d'infestés. C'était comme si leur nombre était infini, comme si lorsqu'on en tuait cent, deux cents arrivaient. Nous avions l'impression que nous ne nous en sortirions jamais. J'avais peur pour Valentine. Durant les premiers jours de mission, la situation avait été gérable. Mais au fils des jours, elle avait empiré. Et Valentine arrivait alors que la situation était à son point critique. Des infestés de partout, plus nombreux que jamais, plus intelligents aussi, qui s'attaquaient à nous sans peur, dans le seul but de nous tuer. J'avais beaucoup de mal à imaginer Valentine ici, avec nous, dans ce monde, en uniforme et arme à la main. Cette image d'elle me répugnait et pourtant, il y avait de forte chance que ce soit bientôt la seule image que j'ai d'elle.

- Johnson ! » Murmura le sergent Cromwell dans l'oreillette en me faisant signe d'avancer.

Je passais devant mes collègues pour le rejoindre près d'une des fenêtres. Nous nous étions mis à couvert dans un vieux bâtiment en ruine qui donnait sur la prison en question.

- Regarde ces hommes, observe les, qu'est-ce que tu en penses ? » Me questionna le sergent en me montrant des hommes postés aux fenêtre de la prison.
- Ils montent la garde. Ils ont l'air lucide. Mais je n'en suis pas certain. On a déjà remarqué un changement de comportement chez les infestés. Ils paraissaient déjà plus lucides de jour en jour, ils ne se battaient plus les uns contre les autres, ils avaient compris que nous étions leur ennemi principal et ont fini par se battre ensemble contre nous. Peut-être qu'ils ont encore évolué. Je trouverai ça très étonnant que des non-infestés aient survécu aussi longtemps enfermés dans cette prison, entourés d'infestés. » Chuchotais-je en suivant le fil de mes pensées.
- Je suis assez d'accord avec toi. Mais je penche plutôt pour une certaine forme d'infestés. » Ajouta Cromwell avec un sourire en coin.

Je le regardai et fronçai les sourcils. Le sergent me sourit plus franchement puis me fit signe de le suivre. Il ordonna à ses hommes de surveiller de près les comportements des individus puis m'entraîna à l'écart, dans le fond de la pièce.

- Le général Garcia m'a demandé de te poser cette question. Selon ton analyse, j'avais l'autorisation ou non de te dire ce que je sais. Tu es un sacré chanceux, je ne sais pas pourquoi, mais le général t'adore et te fais vraiment confiance. Je crois qu'il pense que tu es l'homme de la situation mais je ne voudrais pas m'avancer. Il doit aimer, comme moi, le fait que tu sois un très bon soldat qui soit également capable de réfléchir avec sa tête. Toujours est-il que ton analyse était très pertinente et que tu as frôlé du doigt la vérité. » Commença Cromwell d'une voix qu'il voulait théâtrale.
- Et cette vérité, c'est ? » L'encourageais-je en haussant les sourcils.
- Ces personnes là, sont peut-être notre espoir. Nous pensons qu'une bonne partie d'entre eux sont des non-infestés qui n'aiment pas vraiment l'armée et ne lui voue pas une grande confiance. Mais les scientifiques pensent eux qu'il est possible que des individus infestés réagissent différemment au virus.
- Différemment comment ? » Questionnais-je avec curiosité.
- Et bien, une minorité d'entre eux pourraient être infestés mais ne pas en mourir et même guérir. Ils posséderaient alors sans aucun doute le vaccin dont nous avons besoin pour mettre fin à tout ça, quelque part, en eux. Mais pour l'instant, les scientifiques n'en sont qu'au stade de l'hypothèse. C'est pour ça que nous sommes là. Nous devons nous faire notre propre idée, la rapporter au général et, lors d'une prochaine mission, il nous faudra capturer l'un de ces infestés différents pour le ramener à la base et l'étudier.
- L'étudier ? » Retins-je seulement.
Je trouvais étrange de parler d'expérience, d'analyse, d'étude pour un être humain. Car s'ils arrivaient à ne pas mourir du virus et à guérir, alors ils étaient autant humains que nous.
- Je sais ce que tu penses, reprit le sergent, mais ces personnes ont été infestées ce qui sous-entend qu'elles sont aussi sûrement contagieuses comme n'importe quel infesté et puis, nous ne savons pas ce que les scientifiques entendent par « guéris ». Un tel virus ne part sûrement pas sans laisser de traces. Il est fort probable que, si l'individu ne meurt pas, il n'est plus totalement humain non plus.
- Mais tout ça ne sont que des hypothèses. » Rappelais-je pour moi-même.
- C'est exact. Mais si c'était vérifié, alors ces personnes plus totalement humaines pourraient nous servir de vaccin pour sauver l'humanité. Des dommages collatéraux sont nécessaires pour se sortir d'une telle crise, Johnson, et en tant que militaires, il nous faudra remplir notre devoir. » Termina Cromwell avec conviction.

Il me fixa et attendit que je hoche la tête. Puis il retourna près de la fenêtre, ses jumelles à la main, pour observer ces infestés pas comme les autres. Je ne savais pas vraiment quoi penser. D'abord, on me disait qu'un virus avait infecté presque toutes les populations du monde entier, les transformant en des sortes de zombies, que c'était l'apocalypse et que la fin du monde était proche. Et maintenant, on me disait qu'il y avait peut-être une solution pour mettre fin à tout ça, retrouver une vie plus normale, sauver l'humanité. Et que cette solution était de se servir de personnes qui avaient survécu au virus et de peut-être les tuer, si c'était nécessaire. Je n'aimais pas l'idée de tuer des êtres humains. Les infestés n'en étaient plus et c'est pourquoi j'arrivai à les tuer sans aucun mal. Mais si ces individus étaient réellement différents, même s'ils représentaient encore un danger, je n'étais pas certain d'être capable de les tuer ou même seulement de participer à leur mort. Puis, mon esprit vagabonda jusqu'à Valentine. Valentine qui avait déjà perdu beaucoup à cause de ce virus, Valentine qui allait sûrement risquer sa vie dans quelques jours auprès de moi, dans cet enfer, si le général lui donnait l'autorisation. Et immédiatement, je compris que peu importe les actes que je devrais commettre, je ferai tout pour m'assurer que Valentine ne soit pas exposée trop longtemps à l'horreur de ce nouveau monde, je ferais tout pour lui offrir une vie meilleure, plus proche de celle qu'elle avait eu avant que tout bascule.

- Johnson, on rentre ! » M'informa Davis en passant à côté de moi.

Je hochais la tête. Le chemin du retour allait encore être long, semé d'infestés. La soirée avait été ennuyante, malgré les révélations. Et je n'avais qu'une hâte, retrouver Valentine, discuter avec elle, la serrer dans mes bras, l'embrasser, penser à autre chose, l'espace d'un instant, redevenir simplement un jeune homme amoureux.  

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