PARTIE 2 - Chapitre 32

10 0 0
                                    

  Kara serra avec force mon bras, si bien qu'elle me fit mal. Pourtant, je n'eus même pas un sursaut. Mon corps était paralysé. Je ne devais pas bouger d'un poil, pas faire un bruit, même ma respiration était coupée. Kara à mes côtés était tendue comme un arc. Ses ongles s'enfonçaient dans ma peau pendant qu'elle se forçait à contenir son envie de pleurer, son envie d'hurler sa peur, de l'extérioriser.

De l'autre côté des portes du placard, on entendait les corps des infestés se traîner, faire tomber des choses qui se brisaient sur le sol dans un bruit pas possible et attiraient les autres. Après quelques minutes, je compris que les infestés étaient encore plus nombreux dans la pièce. Kara le savait aussi, à coup sûr. Sa sueur dégoulinait sur mon bras en même temps que mon sang. Elle devait sûrement amèrement regretter de ne pas m'avoir tué le premier jour.

Soudain, les pas se rapprochèrent du placard. Cette fois-ci, mon cœur s'arrêta carrément de battre et Kara colla son visage contre mon bras, les yeux fermés, terrifiée. Alors que je m'attendais à devoir lever mon arme à feu à tout instant pour tuer un maximum d'infestés et traîner Kara derrière moi, un coup de feu retentit au rez de chaussé.

Les infestés se remirent à hurler plus fort et quittèrent la pièce en courant pour dévaler les escaliers et aller voir ce qu'il se passait. J'attendis une minute, tout au plus, puis ouvris rapidement la porte du placard pour sauter dehors. Kara ne bougea pas d'un poil alors que j'allumais ma lampe torche et la tenais collée contre mon fusil de chasse.

- Kara, murmurais-je, faut qu'on bouge de là, en vitesse ! »

Kara cligna des yeux et revint à la réalité. Elle redressa son arme et alluma à son tour sa lampe torche. Rapidement, je pris quelques trucs dans cette pièce avant d'aller examiner les autres. En bas, une bonne vingtaine de coups de feu retentirent. Kara fit tout son possible pour m'aider à trouver ce dont j'avais besoin et à le protéger au maximum. En à peine dix minutes, on réussit à trouver ce qu'il nous manquait. Il ne nous restait plus qu'à nous barrer d'ici le plus vite possible pour regagner notre garage.

Soudain, Kara me pressa le bras. En me tournant vers elle, je vis qu'elle regardait les escaliers. Quelqu'un était en train de monter vu les ombres qui bougeaient. Combien de personnes allaient débarquer ? J'en avais aucune idée. Mais ce que je savais, c'est que nous devions partir, maintenant !

Nous étions au bout du couloir. Rapidement, je lui pris sa lampe torche pour l'éteindre et lui offrit mon arme à la place. Je lui fis signe de garder les yeux sur les escaliers et rangeai nos lampes torche. Elle me regarda visiblement sans comprendre ce que j'avais en tête mais m'obéis tout de même et pointa son arme sur les escaliers, la mienne en bandoulière.

Elle sursauta lorsque j'ouvris le store de la fenêtre plus proche, celle de la fin du couloir. Je la fis avancer dans ce dernier puis lui murmurai de passer après moi, sans une hésitation, parce qu'on avait pas le choix. Encore une fois, elle me regarda sans comprendre jusqu'à ce que je m'élance vers la vitre. Au moment où j'allais la traverser, j'entendis une voix d'homme dire qu'on ne semblait pas fou. Puis je sautai, traversai la vitre qui se brisa sous mon poids et roula sur le sol. Quelques secondes plus tard, Kara était à côté de moi.

- Ils n'étaient pas infestés ! » S'écria-t-elle pendant que je la tirai pour qu'elle se relève.
- Peu importe, on l'est ! Ils vont finir par s'en rendre compte, on doit se casser ! » Criais-je à mon tour en récupérant mon arme.

Je poussai Kara sans ménagement pour qu'elle avance. Elle m'obéit de nouveau et partit en courant. Avant de la suivre, je me tournai vers la fenêtre que l'on venait de passer. Deux hommes et une femme se tenaient sur le rebord avec précaution et nous regardaient. En effet, ils ne semblaient pas infestés à première vue et ce n'était pas non plus des militaires. Des survivants, comme Kara avant qu'elle ne soit infestée. J'avais envie de leur faire confiance mais ce n'était pas possible, pas dans la situation actuelle. Alors, rapidement, je rejoignis Kara et on s'éloigna du laboratoire.

On m'y un peu plus de temps à regagner le garage car on croisa plusieurs infestés sur notre chemin et que l'on était épuisé, sous le coup des émotions. Deux heures plus tard, Kara referma enfin la porte du garage derrière nous. Dès que le verrou fut fermé, Kara se laissa glisser le long de la porte dans un soupir. Les larmes coulèrent le long de ses joues pendant qu'elle me souriait.

- Si je n'avais pas été infestée, j'aurai pu aller avec eux. Peut-être qu'ils ont monté un camp de résistants. J'aurais pu être en sécurité, protégée ... » Murmura-t-elle sans oser me regarder.
- Je sais. J'ai pensé à leur faire confiance mais nous sommes infestés tous les deux. Ils allaient nous tuer sans une hésitation, sans même écouter ce qu'on avait à leur dire. Crois-moi, tu n'aurais trouvé aucune sécurité là-bas, c'est bien plus sûr ici.
- Malgré tout, sans eux, on serait morts. » Rappela-t-elle en retirant son sac à dos pour le mettre sur ses genoux et attraper à boire et à manger.
- On aurait très bien pu tuer tous ces infestés nous même. » Dis-je en venant lui piquer de l'eau, encore essoufflé.
- Ne soit pas idiot ! J'étais paralysée par la peur et toi tu ne sais même pas viser ! La vérité, c'est qu'on a eu de la chance, Dany ! J'espère que tout ça va vraiment servir à quelque chose ! » S'exclama-t-elle avec colère.
- Bien sûr que ça va servir à quelque chose ! Dans quelques minutes, je m'y mets et tu verras ! Laisse-moi juste le temps de manger un petit truc. Aussi fou que ça puisse paraître, j'ai faim ! »

Kara eut un faible sourire et me tendit un paquet de biscuits que je réussis à avaler sans problème. Elle, elle eut un peu plus de mal à manger. Elle avait plutôt envie de vomir et elle était épuisée. Rapidement, elle alla se coucher, en sueur, le front brûlant. Dès qu'elle s'endormit, je pris une seringue et entreprit de me prélever du sang pour l'analyser. En même temps, je pris du sang à Kara, pour le comparer. Elle ne se réveilla même pas.

Je devais à tout prix trouver une différence, une anomalie, n'importe laquelle, qui pourrait expliquer pourquoi je réagis différemment, qui pourrait servir de base pour un remède et un vaccin. Il le fallait.  

Welcome to paradise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant