PARTIE 2- Chapitre 22

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  [ Dany O'Connors ]

2 mois plus tôt ...

Le soleil filtra à travers les rideaux de ma chambre étudiante. Un grognement m'échappa pendant que mes yeux cherchaient à s'ouvrir. Je redressais lentement la tête de mon bureau, une feuille de papier pleine de calculs collée à la joue. En soupirant, je l'arrachais et la froissais avant de la jeter à la poubelle. J'étirai mes bras au-dessus de ma tête avant d'attraper mes lunettes qui avaient glissé de mon nez durant mon sommeil et de me pencher de nouveau sur mon ordinateur.

Depuis sept jours, il se passait des choses vraiment folles à Boston. Mon modèle et mentor, le Docteur Nelson, m'envoyait chaque jour des vidéos de lui qu'il filmait lui même à l'aide de la webcam de son ordinateur. Au début de la semaine, il m'avait contacté à quatre heures du matin pour me dire qu'il avait peut-être trouvé quelque chose qui pourrait révolutionner le monde. Un antidote capable de guérir toutes les maladies du monde, de la simple grippe, en passant par le sida ou le cancer. Il était fou de joie.

Le soir, il m'avait de nouveau contacté en me confiant qu'il ne se sentait pas bien. Il était nauséeux et fiévreux. Je lui avais alors fait part de mon inquiétude à propos de son antidote mais il m'avait rétorqué que j'étais simplement jaloux et que ce n'était pas comme cela que j'allais devenir un grand chercheur. Ce n'est qu'à partir du troisième jour qu'il m'a recontacté. C'est là qu'il a commencé à m'envoyer une vidéo de lui. Il disait que je devais l'observer et trouver un remède, essayer de l'aider. Il avait quarante de fièvre, il suait et tremblait. Le quatrième jour, il m'avait confié qu'il n'arrivait plus à manger, seulement à boire. Il vomissait et sa fièvre continuait à monter en flèche. Son teint était tantôt vert, tantôt blanc comme un linge. Il suait et tremblait toujours autant. Ses joues étaient creusées, ses yeux cernés. Il faisait affreusement peur à voir. Le lendemain, il avait commencé à perdre la tête, à raconter n'importe quoi. Il s'était rasé les cheveux devant moi, à travers la webcam en hurlant qu'ils étaient infestés de poux. Il s'était bien sûr totalement raté, ses mains tremblaient bien trop et il avait oublié des bandes de cheveux un peu partout sur son crâne. Il était encore plus terrifiant comme ça. Mais ce ne fut pas le plus insupportable que j'eus à regarder. L'heure d'après, il s'était de nouveau mis à hurler. Cette fois-ci, il prétendait que des vers grouillaient sous sa peau. Il avait alors attrapé un scalpel et avait commencé à s'entailler la peau un peu partout sur le bras et les jambes. J'avais dû crier à plusieurs reprises avant qu'il n'arrête. Lorsqu'il l'avait fait, il avait coupé la vidéo. Le sixième jour, hier, il ne m'avait pas recontacté et ce matin non plus visiblement.

Mes mains frottèrent énergiquement mon visage. Depuis que toute cette histoire avait commencé, je ne dormais que très peu. Je passais le plus clair de mon temps à faire des recherches sur son « antidote » dont il m'avait envoyé la formule. Mais malgré tous mes efforts, je n'arrivais pas à trouver ce qui clochait.

J'attendis pendant une heure, que le Docteur Nelson me recontacte. Mais comme la veille, il ne le fit pas. Je savais que l'idée que j'avais en tête n'allait pas lui plaire mais je savais aussi bien que je devais le faire. J'étais bien trop inquiet pour laisser le temps passer sans me soucier de lui. De plus, il devait sûrement être encore plus fou que deux jours auparavant, il ne s'en rendrait peut-être même pas compte.

Je pris une grande inspiration avant de commencer à pirater son ordinateur. Je savais qu'il le protégeait bien. Il contenait beaucoup trop d'informations capitales pour qu'il laisse n'importe quel petit hacker y accéder en deux clics. Heureusement pour moi, j'étais l'un des meilleurs. Après deux heures de travail, j'eus enfin accès à la webcam de son ordinateur.

L'image n'était pas très nette. Instinctivement, je me penchai plus près de mon écran, espérant voir mieux. Soudain, la netteté se fit et je fis un bond en arrière, manquant de tomber de ma chaise. Le Docteur Nelson était toujours devant son ordinateur. Je ne pouvais que le deviner derrière la chose immonde qu'il était devenu. Il ne ressemblait plus du tout à l'homme qu'il était avant. On peinait même à distinguer l'homme derrière ce visage creusé et ridé d'un vert terne, ce corps anorexique de la même couleur taillé de toutes parts par de gros coups de scalpel, ce regard fou et ses cheveux hirsutes. Il était à moitié nu, assit sur la chaise de son bureau. Il se balançait d'avant en arrière en marmonnant des choses incompréhensibles. A sa droite, il y avait encore l'assiette de nourriture qui datait du troisième jour. La nourriture grouillait d'insectes en tout genre, c'était à vomir, mais le Docteur Nelson ne faisait pas attention à elle. Il avait encore aussi la bouteille d'eau, seule chose qu'il pouvait avaler jusqu'à présent. Mais elle était pleine, comme s'il ne l'avait pas touchée depuis plusieurs jours.

Je n'osais pas faire un bruit, de peur qu'il me voit, qu'il se mette à me fixer de ses yeux morts et à crier des choses insensées. Je ne savais pas quoi faire. Devant moi, Nelson continuait de se balancer. Soudain, quelque chose cogna contre la porte du bureau du professeur. Quelque chose de lourd et d'imposant qui frappa plusieurs fois comme si quelqu'un cherchait à défoncer la porte. Du bout des doigts, je montai le volume du son. J'entendis alors distinctement des cris et des grognements de l'autre côté de la porte. Le Docteur Nelson ne semblait pas y faire attention. Moi, j'avais bien trop peur de parler pour le prévenir.

Soudain, la porte se décrocha et tomba droite sur le sol. Un homme, très grand et costaux, aussi vert, squelettique et terrifiant que le Docteur Nelson se précipita sur ce dernier. Il le renversa de sa chaise et se mit au-dessus de lui pour le frapper. Il hurlait, comme le docteur deux jours auparavant, que des insectes grouillaient dans son corps, sous sa peau. Le Docteur Nelson lui, ne faisait rien, il se laissait faire, comme s'il était déjà mort.

J'avais envie de hurler mais j'étais paralysé. Toute cette histoire devenait bien trop importante et surtout bien trop dangereuse. Le Docteur Nelson n'était pas le seul à avoir été infesté par son « antidote », il était au moins deux et qui sait combien encore. Je devais prévenir les autorités avant que cet « antidote » qui était devenu un virus ne touche trop de gens.

D'un bond, je quittai ma chaise pour attraper mon portable et appeler la police. Qui d'autre pouvais-je appeler ? En revenant devant l'écran de mon ordinateur, je vis que l'homme costaux n'était plus dans le bureau. Le Docteur Nelson lui, y était encore ... couché à même le sol dans une énorme flaque de sang ... son sang ... il était mort.  

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