PARTIE 1 - Chapitre 13

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  [ Noah Johnson ]

Davis repasse la lanière de sa kalachnikov autour de sa tête puis pénètre dans la cuisine. Derrière nous, Cromwell referma la porte de l'appartement.

- On a pas beaucoup de temps avant que les plus fous d'entre eux viennent nous chercher. Espérons que les infestés de cet immeuble de ne le sont pas depuis longtemps. » Balança le sergent à travers son oreillette.
- Celui là était infesté depuis au moins cinq jours. » Nous informa Davis en vidant tous les placards sans gêne.
- Johnson, tu comptes l'aider ? » Me demanda le sergent d'une voix mauvaise.

Lentement, je repris mes esprits. Sans regarder l'homme étendu dans une énorme flaque de sang sur le sol, j'entrai dans la cuisine pour fourrer des conserves et des bouteilles d'eau dans mon sac à dos. Pendant ce temps, le sergent Cromwell fixait les portes et les fenêtres avec une certaine inquiétude. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il s'inquiétait. Certes, ces personnes semblaient assez folles mais tout de même pas capable de se battre et de se défendre comme nous. Avec nos armes, nous pouvions facilement avoir le dessus sur eux. Pourquoi le sergent s'inquiétait tant ?

- Il y en a qui descendent, nous informa-t-il soudain. En courant. » Ajouta-t-il en tendant l'oreille.

Davis suspendit son geste un instant pour tendre l'oreille. Je fis de même. Effectivement, on entendait des pas venir de la cage d'escalier. Ils semblaient être assez nombreux et allaient sûrement arriver dans très peu de temps.

Le sergent vérifia son arme et la pointa sur la porte. Davis lui, jeta la conserve qu'il avait dans la main et reprit son arme. Il rejoignit rapidement le sergent face à la porte. Ce dernier se tourna vivement vers moi. J'étais encore planté dans la cuisine, comme un idiot. Rapidement, je rechargeai mon arme et les rejoignais.

- Voilà le pire moment de la soirée. Tous les infestés qui sont déjà fous plus peut-être quelques uns encore assez bien vont nous sauter dessus d'un instant à l'autre. Ils vont être nombreux. Tu dois tirer dans le tas, ne pas paniquer, ne pas les laisser t'approcher, te toucher ni te blesser. C'est clair ? » Chuchota Cromwell à travers l'oreillette.

Il tourna la tête vers moi pendant que j'acquiesçai. J'étais déjà allé en mission. J'avais déjà subi un assaut et j'avais déjà tué des gens. Cette fois-ci, c'était carrément différent. Je devais tuer des civils, malades et complètement fous. La seule explication qu'on m'avait donné c'était : tu n'as pas le choix si tu veux vivre. Et visiblement, c'était vrai. Mais je détestai opérer, agir, dans ce flou. J'avais besoin de savoir, dès ce soir, ce qu'il se passait, ce que j'étais en train de vivre, de faire.

Soudain, la porte trembla sous les coups de plusieurs mains. En une minute à peine, ils explosèrent la porte et s'élancèrent sur nous. Au plus grand étonnement de mes camarades, je fus le premier à leur tirer dessus. Ils tombaient tous, un par un, un trou au centre du crâne. C'était des cibles si faciles que j'avais même le temps de les regarder. Mise à part le fait qu'ils ressemblaient à des SDF, qu'ils étaient sales à tout point de vue, qu'ils étaient presque tous entaillés sur les bras et les jambes et qu'ils avaient des cheveux étranges, ils restaient humains. Ils ne ressemblaient pas à des bêtes terrifiantes ou à des zombies. Mais on voyait bien qu'ils avaient beaucoup de fièvre et qu'ils déliraient. En fait, c'était comme être dans un asile de fous. C'était des gens comme nous mais malades. J'aurai voulu les aider, avoir un moyen de les soigner. Mais il ne devait pas en avoir, sinon l'État aurait tout fait pour les sauver. Non, la seule chose qu'on pouvait faire pour les aider, c'était de mettre fin à leur vie.

- Menace écartée. Aucun blessé. » Annonça le sergent Cromwell une fois tous les infestés à terre.
- On va terminer le ménage, maintenant ? » Questionna Davis tout en vérifiant que nos ennemis étaient bien tous morts.
- On fait chaque étage, rapidement. On sécurise l'immeuble d'abord et ensuite on cherche des vivres. Il ne faut pas traîner, il nous reste encore deux autres immeubles après celui-là. On ne se sépare pas, c'est clair ? Au fait Johnson, bon travail. » Termina le sergent en quittant l'appartement pour regagner la cage d'escalier.

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