PARTIE 3 - Chapitre 63

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  [ Noah Johnson ]

Dany venait de plonger une aiguille dans mon bras pendant qu'une brune aux beaux yeux marrons me coinçait les épaules. Le sang de ce connard de Dany était en train de couler dans mes veines pour me maintenir en vie, encore au moins quelques heures, quelques jours. J'avais demandé à Valentine de partir, de ne pas assister à ça. Je l'avais même supplié. Elle avait finit par partir, à contre cœur.

- C'est bon Kara, tu peux le lâcher. » S'exclama alors le scientifique en retirant l'aiguille de ma chair.
- Tu peux sortir de là ! » M'informa la fille avec un grand sourire.
Mais au lieu de lui obéir, je me recroquevillai dans le fond de ma cage.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée ... » Murmurais-je en ramenant mes jambes contre mon torse.
- Tu ne dois pas avoir peur de faire du mal à tes amis, continua-t-elle sans se décourager, le sang de Dany guérit aussi ta folie, tu peux au moins être sûr de passer cette journée en toute sûreté.
- Je ne peux pas prendre le risque, insistais-je, si j'infeste Valentine ... Je préfère resté enfermé ici, c'est plus prudent.
- Dany ! » Appela soudain la voix de Valentine dans le couloir.
Elle apparut l'instant d'après, les traits tirés, les yeux gris – signe de son inquiétude – ses cheveux en bataille.
- Qu'est-ce qu'il se passe encore ? » Questionna Dany qui semblait tout autant fatigué que ma petite-amie.
- Le général Garcia n'est pas mort. Il est dehors, juste devant la porte, avec des survivants, soldats et civils. Il demande l'asile ... » Déclara Valentine d'une voix qui trahissait son mal être.
- Je ne laisserai jamais cet homme entrer dans cette prison, ni ses soldats ! » Réagit immédiatement Dany en sortant de la prison, Kara sur ses pas.
- Prenons les civils avant qu'ils ne meurent, s'il te plaît ! » Ajouta immédiatement Valentine en lui coupant la route.

Ce foutu scientifique la regarda longuement avant de lui prendre la main. Il soupira et hocha la tête. L'instant d'après, ils avaient disparu dans le couloir. Kara elle, était toujours devant la porte de ma cellule.

- Tu devrais sortir Noah, reprit-elle d'une voix neutre, Valentine va avoir besoin de toi. C'est son père qui se trouve de l'autre côté de cette porte. »

Elle ne me laissa pas le temps de répondre et tourna les talons. Je l'entendis s'éloigner et me levai dans un soupir. Malheureusement, elle avait raison. Même s'il y avait de grandes chances pour que je finisse par me retourner contre mes amis et les blesser, Valentine allait avoir besoin de moi et ce n'était pas en restant lâchement enfermé là que je l'aiderai, loin de là !

Je vis Kara sourire lorsque je pénétrai dans le hall. Elle ne me regardait pas, trop occupée à suivre des yeux Dany qui faisait les cent pas, mais elle m'avait entendu arriver. Valentine releva la tête une seconde plus tard et vint immédiatement se lover dans mes bras. Je vis briller de la reconnaissance dans son regard pendant que je la serrais contre moi. Elle tremblait.

- Tu aurais dû me réveiller ! » S'exclama soudain une voix féminine très en colère.
Ariel débarqua et nous sépara sans gêne pour faire face à Valentine. Malgré son ton dur, elle avait un regard compatissant et elle serra imperceptiblement la main de son amie avant de rejoindre Dany près d'une fenêtre.
- Qu'est-ce que vous comptez faire du coup ? » Questionnais-je en prenant la main de Valentine dans la mienne.
- Je vais sortir et négocier l'entrée des civils avec le général. S'il est humain, il acceptera dans un premier temps de laisser entrer les civils seulement, même s'il reviendra à la charge plus tard. Si c'est le monstre que je crois que c'est, personne ne rentrera dans la prison et surtout pas lui. » Me répondit Valentine, les dents serrées par la colère.
- Ça me paraît bien ! » Ajouta Ariel même si on ne lui avait pas demandé son avis.
Kara hocha discrètement la tête de son côté.
- Tu devrais y aller maintenant. » Ordonna presque Dany en se détournant de la fenêtre.

Nos regards se croisèrent et je ne pus m'empêcher de le fusiller. Cet homme était bien trop proche de Valentine pour que je l'apprécie, même si c'était lui qui me maintenait en vie. Dans un sens, j'avais honte d'être si mauvais avec lui, je n'avais pas été éduqué comme ça, loin de là, même si je n'étais pas toujours d'accord avec les manières de mes parents. Mais en même temps, c'était incontrôlable ! Le voir prendre la main de Valentine me donnait envie de lui en coller une !

- J'y vais. » Souffla Valentine en tentant de se reprendre.
- Val', s'exclama Mia en débarquant au pas de course, n'oublie pas que c'est ton père mais n'oublie pas non plus que ce n'est pas pour ça que tu dois lui obéir, être d'accord avec tout ce qu'il fait et ne pas t'opposer à lui. Parfois, la meilleure chose à faire, c'est même de s'opposer, même si on l'aime ... »

Valentine hocha la tête, lui sourit tendrement, puis la prit rapidement dans ses bras. Lorsque Mia recula de quelques pas jusqu'à se poster à côté de moi, Valentine elle, avança jusqu'à la porte. Des hommes lui ouvrirent et elle s'engouffra dehors, éblouie par le soleil. Immédiatement, tous les curieux s'agglutinèrent aux fenêtres, Ariel, Mia, Kara et moi y comprit. Seul Dany restait en retrait, anxieux.

- Bonjour Valentine. » Commença simplement le général Garcia en faisant un pas vers elle.
Mais cette dernière fit un pas en arrière et Garcia se figea.
- Pourquoi êtes-vous venu ici ? » Questionna Valentine d'une voix froide.
Elle se tenait droite et fière comme un piquet face de ce père inconnu qui n'était pas ce qu'elle avait espéré durant toute son enfance.
- On savait qu'il y avait des non-infestés, comme nous, des armes et une certaine protection. Je sais que tu m'en veux beaucoup Valentine, pour des raisons diverses et variées. Mais ne laisse pas nos histoires personnelles peser sur ta décision et punir ces gens. » Reprit le général de sa voix douce et paternel qu'il utilisait avec moi lorsque l'on était seul dans son bureau.
- Il n'y a aucune histoire personnelle entre nous, répliqua sèchement ma petite-amie, et ce n'est pas moi qui prend les décisions, ici. Je vous rappelle qu'il y a encore quelques heures vous projetiez de venir ici, tuer tout le monde et enlever les Immunes pour sauver votre peau sans prendre en compte l'inhumanité de votre geste. Personne ici n'a envie de vous ouvrir ses portes, vous n'êtes qu'une ordure et on ne fait pas plus confiance aux soldats non plus.
- Valenti...
- Nous acceptons de prendre les civils, le coupa Valentine, et les civils seulement. Je ne vous sauverai pas, père ou pas père, vous n'êtes rien pour moi, juste une sorte d'Hitler qui ne mérite pas qu'on le protège. Vous ne me manipulerez pas. Vous ne pouvez pas jouer avec mes sentiments, vous n'êtes qu'un inconnu pour moi et « père » n'est qu'un mot, un statut qui n'a aucun sens pour moi et cela depuis ma naissance. Maintenant, à vous de mettre de côtés nos « histoires personnelles » et de ne pas punir ces gens en les autorisant à rentrer avec moi. »

Il y eut un long silence. Valentine ne cilla pas une seule seconde. Son regard déterminé était planté dans celui de son père, indéchiffrable. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il ne recule de plusieurs pas et ne fasse signe aux dizaines de personnes civiles qui l'accompagnait d'avancer. Ces derniers parurent soulager et remercièrent le général Garcia puis Valentine avant de s'engouffrer dans la prison où des hommes leur donnèrent à manger, à boire et des soins.

Une fois la porte refermée, Garcia revint faire face à Valentine.
- Tu es ma fille Valentine, que tu le veuilles ou non, ça ne changera rien. Je n'ai jamais été présent dans ta vie mais ça ne veut pas dire que je ne ressens rien pour toi. Tout ce que je veux, c'est que tu t'en sortes, que tu sois en sécurité. Je veux trouver un remède pour soigner Noah et que tu sois heureuse. Je ne serais jamais ton père, c'est trop tard pour ça, mais je peux au moins m'assurer que tu vives bien sans moi. C'est pour ces raisons que je peux te promettre que je ne tenterai rien si tu me laisses rentrer. Nous n'avons plus nulle part où aller, les Immunes ne nous sont plus d'aucune utilité, on ne pourrait rien faire avec eux, pas en étant livrés à nous même dans le désert. C'est ici qu'on a le plus de chance de survivre et de trouver un vaccin et c'est pourquoi on compte bien tous se tenir à carreaux. Je conçois que tu ne me crois pas, j'ai passé ma vie à mentir. Je t'ai menti à toi aussi. Mais j'ai un scientifique dans mes soldats qui pourrait aider pour les recherches, mes autres hommes pourraient aider aussi et je pourrais renforcer vos défenses contre les infestés. Valentine, je t'en prie, réfléchis. On ne va pas tenir bien longtemps face aux infestés si on a nulle part où se réfugier. Ta mère était quelqu'un de bien, elle t'a bien éduquée et je sais que tu es juste.
- Tu Ne Me Manipuleras Pas ! » Trancha froidement Valentine avant de tourner les talons et de rentrer dans la prison.  

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