PARTIE 1 - Chapitre 8

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[ Noah Johnson ]

Le général Garcia m'attendait, tranquillement assit dans son fauteuil, derrière son gros bureau en bois. D'un geste de la main, il ordonna au soldat qui m'avait fait entrer de sortir. Ce dernier obéit et je me retrouvai seul avec le général. Qu'allait-il me reprocher parmi toutes les erreurs que j'avais commises depuis la veille ?

- Assis-toi Noah. » M'ordonna-t-il gentiment.
- Général ? » Questionnais-je indirectement en m'asseyant sur le second fauteuil de la pièce.
- Tu as vu ce que nous avons fait des malades ? » Me questionna-t-il en retour.
- Oui mon général.
- Tu n'as pas aimé, n'est-ce pas ?
- Je n'ai pas à donner mon avis mon général, juste à obéir ! » Répliquais-je immédiatement.
- Mais ce n'est pas ce que tu fais. » Fit-il remarquer calmement.

Je ne répondis rien. Je me contentai d'attendre qu'il reprenne et qu'il m'explique clairement pourquoi j'étais là. Jusque là, il n'avait fait que jouer avec moi. Il sourit en voyant que je ne répondais pas.

- Noah, tu sais que je t'apprécie beaucoup. Tu es un bon élément. Avant tout ça, ton problème avec l'autorité me gênait beaucoup. Mais étant donné la situation actuelle, c'est un avantage. Oublie les « général Garcia » lorsque nous sommes tous les deux. Et oublie aussi un instant l'autorité. Dis-moi ce que tu penses vraiment. » Débita-t-il sur un ton paternel qui me donnait envie de vomir.

Je préférais largement être sous les ordres d'un général que d'un père. Malgré cela, je saisis ma chance de donner mon avis contre tous ces meurtres. Car j'en avais bien un.

- Pourquoi tuer tous ces gens, monsieur ? Ils avaient simplement de la fièvre. Je ne pense même pas avoir besoin d'expliquer ce qui me choque là-dedans. C'est très clair. Vous nous avez ordonnés d'évacuer tous les habitants de Phoenix à cause d'une possible attaque terroriste. Nous étions censés faire ça pour leur sécurité, pas pour les tuer. Pourtant, une bonne centaine de personnes sont mortes hier. Ce n'est pas logique !
- Pourquoi à ton avis ? Qu'est-ce qui explique la mort de ces personnes ? » Me coupa le général Garcia avec sérieux.
- Je ne sais pas ! » M'emportais-je presque.
- Quelles sont les solutions Noah ? Qu'est-ce qui pourrait justifier ces morts ? » Insista-t-il en plantant son regard dans le mien.
- Vous ... Vous nous avez mentis à un moment ou à un autre, bégayais-je soudain, tout ça n'est qu'un mensonge !
- Qu'est-ce qui est un mensonge ? » M'encouragea-t-il avec un sourire ravi.

C'était une histoire de fou. Pourtant, je savais que mon raisonnement était logique. Mais il était aussi dur à croire ! Si le général Garcia nous avais mentis à tous, alors qu'est-ce qu'on était en train de vivre ? Qu'est-ce qu'il se passait réellement ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ici, monsieur ? Pourquoi tous les habitants sont ici ? Pourquoi ces meurtres ? » Questionnais-je en me levant d'un bond.
J'étais perdu. Pourquoi mentir ? Et surtout, pourquoi avouer tout cela à moi ?
- Il se passe quelque chose de très grave Noah, de très très grave. Les gens qui avaient de la fièvre étaient peut-être porteurs d'un nouveau virus. Un virus mortel et dangereux. Mourir hier était la meilleure chose qui pouvait leur arriver. » Commença à expliquer le général.
- Mais c'est quoi cette histoire, murmurais-je sous le choc, un nouveau mensonge ?
- Non Noah. Ce que je te raconte là, c'est ce qu'il se passe réellement. Je ne peux pas te donner plus de détails pour le moment. Mais j'ai besoin de soldats comme toi.
- Pourquoi faire ? » Questionnais-je encore.
- Pour sortir en dehors de la base et tuer tous les infestés, jusqu'aux derniers. C'est seulement à ce moment là que l'on sera en sécurité.
- Je ne comprends rien. » Avouais-je en retombant dans mon siège.
Le général me regarda un instant puis s'assit sur le bord de son bureau. Il soupira.
- Noah ... Tu ne dois parler de ça à personne et surtout pas à ta protégée, Valentine Richardson. »

En entendant son prénom, je me redressai. Il était au courant pour Valentine. J'avais peur qu'il décide de l'éloigner de moi ou de se servir d'elle pour me manipuler. Je refusais qu'ils lui fassent le moindre mal.

- Qu'est-ce que cette fille vient faire là-dedans ? » Demandais-je le plus calmement possible.
- Je sais tout, Noah. Je vois tout ce qu'il se passe dans cette base. Je comprends ton envie de la protéger, je respecte ça. Je ne t'empêche pas de le faire. Mais tu ne dois rien lui dire. Pour sa sécurité, il est préférable qu'elle continue à croire qu'elle est ici à cause d'une attaque terroriste. » M'expliqua tout aussi calmement le général.
- De toute façon, je ne comprends rien. » Lâchais-je d'une voix mauvaise.
- Fais tes preuves sur le terrain, Noah. Si tu y arrives, je te dirai tout ce que tu veux savoir. Pour l'instant, je n'ai pas le droit de t'en dire plus. »

Je sentis au ton de sa voix que c'était la fin de notre conversation. En retenant un soupir, je me contentai d'hocher la tête. Visiblement satisfait, le général Garcia me libéra. En sortant du bureau, mon regard fut attiré par les écrans de surveillance qui remplissaient les murs de la salle attenante. Immédiatement, mes yeux cherchèrent l'écran qui montrait les caméras de surveillance du couloir des chambres 200-250. C'est là que je la vis. Valentine, en train de se battre avec une autres fille que je ne connaissais pas et qui semblait plus vieille. Tout le monde regardait, mais personne n'intervenait.

- Et merde, Valentine ! » Soupirais-je en m'élançant dans les couloirs.

Je devais arrêter Valentine avant que l'autre ne lui fasse trop mal. Car sur la vidéo, elle semblait avoir le dessus. Mais je savais que Valentine ne lâcherait rien tant qu'elle ne serait pas évanouie.
Après avoir poussé une bonne cinquantaine de personnes dans les couloirs, j'arrivai enfin à la porte 200-250. Lorsqu'elle s'ouvrit devant moi, je vis d'abord Sally, dans les bras de la blonde. Elles pleuraient toutes les deux, cachées dans leur chambre. Je vis ensuite Ariel, retenue par deux autres filles, qui se débattait comme une furie. Et enfin, Valentine, assise au-dessus de l'autre fille, la martelant de coups alors qu'elle commençait à tomber dans les pommes.

- TOUT LE MONDE REGAGNE SA CHAMBRE ! TOUT DE SUITE ! » Ordonnais-je en hurlant si fort que la plupart des filles se mirent à crier, terrifiées.

Les deux filles qui tenaient Ariel la lâchèrent. Immédiatement, elle se précipita sur Valentine. Elle lui attrapa la taille et la tira en arrière.

- LACHE-MOI ! » Hurla-t-elle en se débattant.
- Johnson ! » M'appela Ariel.
Elle avait du mal à contenir Valentine qui se débattait comme une folle.
- Ariel, va dans ta chambre, je m'en occupe ! » Lui ordonnais-je en prenant sa place auprès de Valentine.

Je vis qu'elle avait envie de me dire d'aller me faire foutre ou quelque chose dans le genre. Mais au lieu de ça, elle acquiesça et tourna les talons. Une fois le couloir vide, mis à part la fille assommée sur le sol, je pus attraper le visage de Valentine et l'obliger à me faire face.

- Valentine ! Hey ! »
Elle me regarda un instant, sans cesser de se débattre puis se calma enfin. Elle avait des larmes plein les yeux.
- Lâche-moi Johnson. » Murmura-t-elle.
- Je m'appelle Noah. » Lui confiais-je sans obéir.
- J'en ai rien à foutre, s'écria-t-elle soudain, je veux voir ma mère ! »
Je me sentis pâlir plus vite que jamais et j'aurai pu parier que Valentine le voyait très bien.
- Ça ne va pas être possible. » Répondis-je le plus tendrement possible.
Soudain, les deux mains de Valentine se posèrent sur mon torse et me repoussèrent.
- Pourquoi ? Parce qu'elle est morte, c'est ça ? Ne me dis pas que tu ne sais pas ! Je ne te croirais pas ! Je m'en fou que tu t'appelles Noah, Johnson ! Tu te fous de ma gueule depuis le début ! Je veux pas être ton amie, je te déteste, tu me dégoûtes, tu me donnes la gerbe ! »

J'étais paralysé. Incapable de bouger, de faire un seul pas vers elle. Elle planta son regard bleu dans le mien et je pus y lire, à travers ses larmes et ses sanglots, toute la haine que je lui inspirais. Soudain, quatre soldats pénétrèrent dans le couloir. Deux attrapèrent Valentine par les bras et à mon plus grand étonnement, elle se laissa faire. Son regard noir me suivit jusqu'à ce que la porte du couloir se referme sur elle. Alors, je pus de nouveau marcher. Les deux soldats restants me demandèrent de l'aide pour emmener la seconde fille jusqu'à l'hôpital de la base et j'obéis sans broncher.

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