PARTIE 2 - Chapitre 24

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  Les deux soldats qui m'encadraient me traînaient derrière eux alors que je ne m'étais toujours pas remis du choc. J'étais infesté par le virus créé par le docteur Nelson et j'allais mourir dans une dizaine de jours. J'étais déjà condamné alors que je me sentais encore très bien.

On fit rapidement le tour de la base avant de s'arrêter devant le seul mur dépourvu d'entrée de la ville. Ici, il n'y avait aucune queue. Seulement des gens entassés contre le mur, entourés par des militaires armés qui ne les laissaient pas bouger d'un poil. Les soldats qui me tenaient fermement par les bras me jetèrent avec les autres. Je reconnus la petite fille, seule dans son coin, qui pleurait. Elle avait le teint pâle et suait. Sa fièvre la faisait trembler mais personne ne faisait attention à elle. Chacun se souciait de son état, se demandait ce qu'il se passait, tentait d'avoir des réponses, tentait de sortir en avançant des arguments pitoyables. Je ne pouvais pas leur en vouloir. Contrairement à moi, ils ne savaient pas. Ils ne savaient pas qu'ils étaient tous infestés, que dans un jour ou deux, ils seraient tous devenus des monstres dangereux pour le reste de la population. Dans un certain sens, j'étais dans le même doute qu'eux car je ne savais pas tout non plus. Je ne savais pas ce que les militaires comptaient faire de nous. Allaient-il nous mettre en quarantaine ? Sachant que la mise en quarantaine de Boston n'avait pas fonctionné, il y avait peu de chance pour qu'ils choisissent de nouveau cette option. Allaient-il alors choisir la deuxième option ? Pour Boston, c'était la bombe et pour nous, se serait sûrement la balle en pleine tête. Pourquoi prendre le risque de contaminer le reste de la population quand on peut tout bêtement et simplement éliminer la menace d'une balle en pleine tête ?

- Restez calme ! Nous allons vous transférer dans un hôpital sécurisé pour vous soigner. Vous avez tous de la fièvre, vous couvrez sûrement tous une maladie. Nous ne voulons pas prendre le risque d'une épidémie. Vous retrouverez très vite vos familles, dès que vous serez guéris. Veuillez garder votre calme. » Déclara l'un des militaires d'une voix froide.

Un sourire moqueur m'échappa. Ne pas risquer une épidémie ? Pour cela, c'était déjà trop tard ! Personne ici ne reverrait sa famille. Que les militaires nous tuent maintenant ou qu'ils nous enferment, nous étions tous condamnés. C'était presque trop cruel d'oser dire toutes ces conneries aux gens. Mais les militaires s'en fichaient pas mal, tant que ça marchait ! Pour eux, nous étions déjà plus des humains.

Soudain, trois camions semblables à ceux qui nous avaient emmenés jusqu'ici se garèrent à quelques mètres de nous. Quelques militaires sautèrent des véhicules pour rejoindre leurs collègues qui nous encerclaient toujours, menaçant avec leur kalachnikov pointée vers nous.

- Tous les malades doivent monter dans les camions, dans le calme ! » Ordonna l'un des nouveaux arrivants pendant que les autres soldats s'écartaient pour nous laisser passer.

Les personnes autour de moi n'hésitèrent même pas une seconde. Ils se précipitèrent vers les camions, espérant sûrement trouver un hôpital à la fin du chemin, un endroit où on s'occuperait rapidement d'eux pour qu'ils puissent rejoindre au plus vite leur famille. Ces idiots courraient à leur propre mort, les yeux grands ouverts mais plus aveugles que jamais.

Bientôt, il ne resta plus que moi, collé contre le mur. Les battements de mon cœur accélérèrent pendant qu'une petite voix dans ma tête me hurlait de m'enfuir. Si je partais, j'avais encore une chance de continuer mes recherches et peut-être même de trouver un antidote pour me soigner. Si je fuyais, j'avais peut-être encore une chance de survivre. Alors que si je montais dans ce camion, je signais mon arrêt de mort, comme tous les autres. Je ne pouvais pas faire ça, c'était carrément impensable ! Je devais m'enfuir, je n'avais pas d'autre choix !

- Hey toi ! Bouge ton cul l'intello ! » Grogna l'un de ces chiens de militaires.

Mes yeux apeurés croisèrent ceux du militaire, durs et froids comme de la glace. L'espace d'un instant, il y eut un silence total autour de nous. Puis je pris mes jambes à mon cou. Les militaires se mirent à hurler pendant que je contournais le mur. Je devais rejoindre la foule qui attendait patiemment d'entrer dans la base. Je savais que les militaires n'oseraient jamais me tirer dessus devant les autres civils. Ils auraient beaucoup trop de mal à contenir la panique et à donner une explication.

Heureusement pour moi, les entrées n'étaient pas très loin et ma fuite avait tellement surpris les militaires qu'ils étaient bien derrière moi malgré leur force physique largement supérieure à un chercheur et informaticien de vingt ans. Dès que l'on arriva vers les civils, je les vis ranger leur arme. A partir de maintenant, je n'avais qu'une seule chance.

Plus rapide que jamais, à croire que la peur avait décuplé mes capacités, je réussis à rejoindre l'un des véhicules de l'armée abandonnés plusieurs mètres derrière les files de civils. Je réussis encore à accélérer puis pris mon élan et sauta dans le camion. Immédiatement, je le démarrais et partais en trombe. Conduire était beaucoup moins fatiguant et beaucoup plus facile pour moi. Les routes étaient vides car tous les civils étaient regroupés autour de la base. Je pus alors conduire aussi vite que je voulais sans risquer autre chose que ma propre vie.

Rapidement, je vis que des camions s'étaient lancés à mes trousses, mais j'avais beaucoup trop d'avance sur eux. Je réussis à les semer dans les rues de la ville que je ne connaissais par cœur. Dès que ce fut le cas, j'abandonnai la voiture pour continuer à pieds. Maintenant que je m'étais enfuis, je devais trouver un moyen de me cacher et de continuer mes recherches. Avant tout, il me fallait du matériel et un local discret.

J'étais essoufflé et encore tremblant de ma course poursuite avec les militaires mais je n'avais pas le temps de reprendre mon souffle, tout du moins pas encore. Après un léger soupire, je repartis en courant jusqu'au laboratoire que j'avais quitté à peine une heure plus tôt. Je n'avais plus mes sacs et il n'était pas question de prendre le risque de retourner à la base militaire pour les récupérer. Il me fallait donc un nouvel ordinateur et toute sorte de matériel que j'avais une chance de trouver là-bas, si mes collègues n'avaient pas déjà tout pris.

Le laboratoire était assez loin de l'endroit où je me trouvais et je dus courir pendant plus de trente minutes avant de l'apercevoir enfin au loin. C'était à peu près ma seule chance de trouver ce qu'il me fallait, car je ne voyais pas bien où trouver tout ça ailleurs. Heureusement, les portes n'étaient pas verrouillées. Dans la précipitation, personne n'avait pensé à le faire. Je pus alors tranquillement déambuler dans les couloirs et les différentes salles à la recherche de mon bonheur.

Après près d'une heure de recherches, je réussis à ressortir avec la moitié de la liste mentale que je m'étais faite. Il ne me restait plus qu'à trouver un endroit sûr où me terrer. Ma chambre étudiante n'était sûrement pas une bonne idée. Les militaires avaient pris mon nom. Ils ne mettraient pas bien longtemps à découvrir tous les endroits que je fréquentais avant tout ce bordel et ne manqueraient pas d'aller y jeter un œil. Je devais trouver un endroit où personne ne penserait me trouver ...  

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