PARTIE 3 - Chapitre 51

5 0 0
                                    

  [ Valentine Richardson ]

Noah m'accompagna jusqu'au bureau du général Garcia, à deux pas de la salle de réunion. Ce dernier arriva quelques minutes après nous. Il demanda à Noah de nous laisser seuls puis m'invita à m'installer en face de lui.

- Je voulais simplement savoir si tu avais tout compris. » Commença le général d'un ton neutre.
- Je crois oui. Est-ce que ... est-ce que quelqu'un a Boston a pu s'en sortir ? » Questionnais-je d'une voix tremblante.
Je m'en voulais de ne pas pouvoir retenir mon émotion mais je ne pouvais pas faire autrement.
- Tu me demandes ça pour ton grand-frère qui était là-bas pour ses études, commença-t-il pendant que je hochais la tête, malheureusement je suis désolé, il est très certainement mort, il n'avait pas beaucoup de chance de s'en sortir en étant à Boston. »
Il se tut pendant quelques minutes et me fixa avec une réelle tristesse dans le regard pendant que les larmes coulaient le long de mes joues.
- Et ma mère ... ? » Ajoutais-je même si je savais que j'allais regretter d'avoir posé cette question.
- Tu as remarqué que des soldats ont vérifié votre température avant de vous laisser entrer ce soir. La fièvre est l'un des premiers symptômes d'une infection. Ta mère avait de la fièvre, elle avait été infectée d'une façon ou d'une autre. Ce n'était qu'une question de jours avant qu'elle ne devienne comme les infestés qui tu as vu dehors. » M'expliqua calmement le général alors que mes larmes redoublaient.
- Vous l'avez tuée ... » Compris-je même si je l'avais deviné depuis longtemps.
- Elle a été conduite dans le désert et puis, oui, elle a été abattue, c'était ce qui pouvait lui arriver de mieux. » Confirma Garcia dans un soupir.

Je secouai la tête, incapable de croire ce qu'il me disait. Le deviner était une chose, mais en avoir la confirmation en était une autre. Elle enlevait tout espoir de revoir l'un des membres de ma famille un jour. Ils étaient morts, tous morts ...

- Noah le savait ? » Continuais-je comme si je ne souffrais déjà pas assez.
- Il a accompagné le camion dans lequel se trouvait ta mère, lorsqu'on l'emmenait dans le désert. Il ne la pas tuée mais il la conduite à la mort. » Répondit-il d'une voix neutre cette fois-ci.
- Vous mentez ... Non ... Non ... » Gémis-je.

Je tentai de me lever, tremblante, mais mes jambes ne supportèrent pas le poids de mon corps et je retombai mollement sur ma chaise. Garcia se leva de son fauteuil pour faire le tour de son bureau et venir à mes côtés.

- Ce virus t'a tout enlevé Valentine. Il est responsable de la mort de ton frère et de ta mère, le seul responsable. Et tu peux nous aider à l'arrêter. Remplis ta mission ce soir, ramène les Immunes à la base et on trouvera un vaccin pour sauver les civils de la base, tes amies y compris. Les non-infestés qui se trouvent dans la prison feront tout pour t'arrêter, te ralentir mais nous n'avons plus beaucoup de temps, il faut agir vite, tu ne peux pas les laisser te barrer le chemin. C'est ce qu'on appelle des dommages collatéraux, ce n'est rien. Fais ce que tu as à faire. » S'exclama Garcia avec conviction.

Je hochai la tête, retrouvant un peu de courage. Il avait raison, il fallait mettre un terme à tout cela, ça ne pouvait plus durer. Je ne voulais plus souffrir à cause de la mort de quelqu'un, c'était trop douloureux, trop dur, je ne voulais pas. Et puis j'en avais marre d'être trahie, j'en avais marre qu'on se foute de ma gueule, qu'on me fasse du mal, qu'est-ce que j'avais fait pour mériter tout cela ?! Je ne voulais qu'une chose, que tout s'arrête, qu'il n'y ait plus de danger, que je puisse quitter cette base, m'éloigner d'elle, l'oublier, elle et tout ce qui lui était lié.

Je réussis à trouver la force de me lever et de tenir sur mes jambes. Garcia me regarda et je hochai simplement la tête pour lui faire comprendre que ça allait et que ce soir, je mènerai à bien la mission qu'il m'avait confiée. Il me laissa sortir, sans un mot de plus. Dans le couloir, Noah m'attendait, accompagné de Davis. Immédiatement, les deux hommes froncèrent les sourcils. Je devais sûrement avoir les yeux rouges, les joues encore trempées de larmes et je sentais mon corps trembler de rage, de tristesse, de désespoir. Noah fit un pas vers moi et sans réfléchir, je lui mis une droite monumentale dans la figure. Davis réagit au quart de tour. Il sauta vers moi et m'immobilisa pendant que je hurlais de douleur. Noah me regarda, incrédule, une main posée sur sa joue endolorie.

- Pourquoi tu ne l'as pas sauvée ?! POURQUOI ?! » Hurlais-je en tentant de le frapper de nouveau.

Davis m'entoura de ses bras et m'empêcha de bouger. J'avais beau me débattre, hurler, pleurer, il ne bougeait pas d'un centimètre. Noah lui, avait tout de même reculé jusqu'au mur contre lequel il s'était adossé, blême. Je le haïssais à un point inimaginable. Même moi, je ne me pensais pas capable de haïr autant quelqu'un.

- C'était ma mère !! Ma maman ... !! Elle était toute ma vie !! Pourquoi ? Pourquoi tu n'as rien fait ?! Pourquoi tu l'as toi même emmenée à la mort ?! On l'a tuée ! Elle est morte ! Elle est morte ! Maman ... Maman ... Non ... NON ! Je te hais ! Assassin ! Je te déteste, j'aimerai que tu meurs, qu'on te flingue toi aussi en plein milieu du désert comme si tu n'avais jamais existé ! Comment j'ai pu t'aimer ?! Comment j'ai pu te faire confiance ?! Prendre ta main pleine du sang de ma mère ! Connard ! Salaud ! Crève ! » Criais-je si fort que j'en avais mal à la gorge.

Davis me lâcha et je tombai au sol, les poings serrés, le corps tremblant, des larmes me brouillant la vue. J'étais incapable de me relever, incapable de trouver cette force, j'étais anéantie. Ma mère ... Mon frère ... morts ... tous morts ... Ce mot raisonnait dans mon esprit, me hantait ...

- Morts ... morts ... ils sont tous morts ... Et toi tu le savais ... Comment tu as pu me laisser espérer tout ce temps ... Ils sont tous morts ... Je ne reverrai jamais mon frère, ma mère, ma maman ... Je n'ai même pas pu leur dire à quel point je les aimais, à quel point j'étais désolée pour tout, à quel point ils comptaient pour moi ... Je n'avais qu'eux et ils sont morts, tous morts ... Tu n'es qu'un monstre Noah ... Tu sais pourquoi je te déteste ? Parce qu'en plus de les perdre eux, je te perds toi ... J'aurai tellement aimé pouvoir compter sur toi ... Mais je n'ai jamais été aussi seule face à ma douleur ... J'ai besoin de toi mais jamais tu ne pourras me guérir de cette blessure parce que indirectement, c'est toi qui me l'a infligée ... Je te hais parce que je ne peux plus t'aimer et que ça me fait mal ... » Pleurais-je en le fixant.

Noah s'avança lentement et attrapa mes bras. Il m'aida à me relever puis me serra longuement contre lui. Je le laissai faire, parce que j'en avais terriblement besoin, terriblement envie, mais je sentais que ce n'était plus comme avant. Il me dégoûtait. Alors, doucement, je le repoussai. Il me regarda et je pus lire dans son regard à quel point je lui faisais du mal. Mais je ne pouvais pas faire autrement, même si c'était insupportable de voir tant de tristesse dans ses beaux yeux marrons. Alors, je m'enfuis lâchement en courant dans les couloirs, rêvant de revenir à ce matin, lorsque je me réveillai contre lui, plus heureuse que jamais, malgré une nuit d'épouvante. Lorsque je m'étais dit qu'avec lui à mes côtés, j'étais prête à tout surmonter, tant je l'aimais, tant il m'aimait ... Mais maintenant, plus rien de tout cela n'était vrai. J'étais seule dans un nouveau monde terrifiant à deux doigts de sombrer. Et je souffrais plus que jamais ...  

Welcome to paradise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant