PARTIE 2 - Chapitre 23

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  1 mois plus tard ...

Je donnais un violent coup de coude à mon « coéquipier » qui dormait depuis déjà deux heures, la tête posée sur la table devant son ordinateur. Nous étions dans un des plus grands laboratoires de Phoenix, réquisitionnés par l'armée et le gouvernement pour trouver un remède au virus créé par le docteur Nelson. Mais un mois entier était déjà passé sans que l'un de nous ne trouve quoi que ce soit. Nous étions pourtant une centaine de chercheurs, de médecins, de scientifiques, d'informaticiens sur le coup. Mais malgré le fait que l'on ne comptait pas nos heures de travail, nous n'avions toujours rien trouvé.

Boston était en quarantaine depuis trois semaines. Dès que j'avais prévenu la police, les choses s'étaient enclenchées très vite. L'armée avait été envoyée sur place et avait découvert une ville chaotique. Le gouvernement avait paniqué et de nombreux non-infestés étaient maintenant enfermés avec plusieurs centaines d'infestés. Aujourd'hui, la ville devait être complètement infestée, sans exception, et le gouvernement pensait à la bombarder, histoire de régler crûment l'affaire et de ne plus en parler. Je n'étais pas d'accord avec tout cela, mais j'étais l'ami du docteur Nelson, celui qui avait déclenché cette catastrophe. Du coup, ils me remettaient souvent en place, même s'ils avaient besoin de moi car j'étais le seul à avoir déjà observé l'évolution du virus.

- Je suis mort de fatigue ! Tout ça ne sert à rien ! On n'a pas fait une seule avancée, une seule découverte depuis un mois ! » Bougonna le chercheur en biologie que je venais de réveiller.
- Tu préfères les laisser bombarder Boston et tuer tous ces gens ?! » Rétorquais-je sans lever les yeux de mon ordinateur.
- Dany ... Ils sont tous déjà mort, tu le sais ... Ce n'est qu'une question de temps avant que le virus ne les termine ... Peut-être qu'une bombe serait le meilleur moyen d'en finir au plus vite et d'aseptiser l'espace, pour qu'il n'y ait plus aucun risque pour le reste de la population du monde. Pour l'instant, ça ne concerne que Boston, autant en profiter.
- Pour l'instant, comme tu le dis ! Mais si le virus continue à se propager ? S'il affecte d'autres villes ? Est-ce qu'on les bombardera toutes ? Je refuse de laisser tomber. Va te coucher si tu veux, baisse les bras si tu n'en peux plus ou si tu juges que ce n'est pas utile. Mais moi je vais rester ici et je vais continuer à chercher. » Déclarais-je avec conviction.

Mon collègue me fixa sans rien dire puis remit ses lunettes en place et se pencha de nouveau sur son ordinateur. Il allait se remettre au travail. Un petit sourire fier m'échappa mais il ne dura pas. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser au docteur Nelson, mon mentor, mon ami, comme mon père. Il était mort sous mes yeux, de la façon la plus atroce qui soit et les images défilaient encore dans ma tête. Les rares moments où je dormais, je faisais d'affreux cauchemars de lui, de sa mort, du virus et de l'apocalypse. Non, je ne pouvais pas aller me coucher tranquillement et dormir, je ne pouvais pas baisser les bras alors que mon mentor était mort sous mes yeux et que la situation était catastrophique. Comment dormir ?

Soudain, la porte s'ouvrit sur un militaire en uniforme. Il semblait essoufflé, comme s'il courrait de salle en salle depuis plusieurs minutes. Derrière lui, dans le couloir, on entendait distinctement les nombreux bruits de pas d'une foule qui se précipitait vers la sortie. Mon collègue me regarda avec inquiétude. Nous avions tous les deux un mauvais pressentiment.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? » Questionnais-je pendant que le soldat reprenait son souffle.
- Vous êtes priés de rentrer chez vous pour prendre le strict minimum et de vous rendre ensuite à la base militaire de Phoenix située à Desert View. » Débita le militaire pour la millième fois.
- Pourquoi ? » Demandais-je de nouveau pendant que mon collègue se précipitait de récupérer son ordinateur portable et sa veste.
- Le virus s'est propagé en dehors de Boston. La mise en quarantaine de la ville n'a visiblement pas marché comme on l'espérait. On regroupe la population dans les bases militaires pour les protéger du virus au maximum. » Expliqua le jeune homme en se poussant pour laisser passer un chercheur en biologie complètement paniqué.
- Si la mise en quarantaine de la ville n'a pas suffit pour éviter la propagation du virus, n'espérez pas que regrouper les gens dans une base sera plus efficace. Un jour ou l'autre, le virus va entrer dans la base et tous vont être infestés en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ! »

Le militaire me regarda sans savoir quoi me répondre. Ce n'était pas lui qui donnait les ordres, il était juste là pour faire passer le message et ne réfléchissait pas le moins du monde. En soupirant, je pris mes affaires et quittai la salle. Dans le couloir, tout le monde se bousculait, à croire qu'un dangereux terroriste armé se promenait autour du laboratoire et que nous étions déjà tous en danger. Je mis un temps fou à quitter le laboratoire et à rejoindre ma voiture. J'avais dix bonnes minutes de trajet avant d'arriver chez moi.

Lorsque j'arrivais en bas de mon immeuble, les militaires étaient déjà là. Partout, les gens paniquaient, criaient, courraient pour prendre un maximum de choses avant de monter dans les camions militaires qui les conduiraient à la base. L'incompréhension des gens était immense, pourtant, ils obtempéraient.

Les militaires me laissèrent entrer en me demandant de me dépêcher. J'eus beaucoup de mal à monter les escaliers face aux autres qui descendaient précipitamment, bourrés de sacs. Enfin, j'atteignais ma chambre étudiante. Rapidement, je commençai à prendre des vêtements et tout ce qu'il me fallait pour continuer mes recherches à la base. Soudain, alors que j'allais sortir, une femme entra dans ma chambre, sa fille contre sa hanche.

- Vous êtes un médecin ! » S'exclama-t-elle précipitamment.
- Je suis seulement un étudiant en informatique, je n'y connais rien en médecine, madame. Vous devez descendre avec votre fille. » L'informais-je en tentant de passer.
Mais elle se plaça dans l'encadrement de la porte et m'empêcha de passer.
- Ma fille est malade depuis hier. Elle allait bien avant d'aller à l'école et quand je suis allée la chercher, elle avait de la fièvre. » Continua la mère en poussant sa fille vers moi.
Instinctivement, j'eus un mouvement de recul.
- Elle a beaucoup de fièvre ? » Questionnais-je en me rappelant que j'avais croisé cette petite dans le hall en rentrant la veille et qu'elle m'avait griffé avec un ongle trop long.
- Plus de quarante ! J'ai vraiment peur pour elle, elle doit voir un médecin, elle ne peut pas aller à l'armée. » Paniqua la femme en reprenant sa fille contre elle.
- Ils ont de très bons médecins à l'armée, madame. Tout le monde va là-bas, les médecins y comprit. Descendez avec votre fille et les militaires s'en occuperont là-bas. » Insistais-je en la regardant droit dans les yeux.

Dans le couloir, un militaire ordonna à tout le monde de descendre immédiatement. La femme hésita encore quelques secondes puis hocha la tête et entraîna sa fille avec elle dans les escaliers. Je les suivis à bonne distance puis on monta dans l'un des camions. Le trajet fut très court. Rapidement, les militaires firent redescendre tout le monde des camions et créèrent des groupes pour les conduire vers les différentes entrées. Personne ne nous informa de ce qui allait se passer. La plupart des gens autour de moi étaient anxieux mais personne n'osait parler ou demander quoi que ce soit.

On fit gentiment la queue, attendant notre tour pour pouvoir entrer dans la base. J'étais juste derrière la mère et son enfant. Lorsque se fut à leur tour, elles durent donner leur nom et leur prénom, ainsi que leurs sacs qui furent vérifiés et on leur prit leur température. Bien sûr, la température de la petite était élevée, trop élevée. Immédiatement, deux soldats entièrement recouverts d'un tissu épais vinrent l'attraper de chaque côté pour la sortir de la file. Sa mère se mit à hurler sous le regard des gens qui ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Moi je savais. Le premier symptôme d'un infesté était la fièvre. Alors, par précaution, les soldats avaient ordre de ne pas laisser entrer toute personne ayant de la fièvre. C'était compréhensible, mais aussi monstrueux.

- Suivant ! » Ordonna le soldat qui me faisait face.
Lentement, j'avançais.
- Dany O'Connors. » Précisais-je immédiatement.

Le soldat attrapa mes sacs tout en hochant la tête puis s'approcha pour prendre ma température. J'entendis un léger bip et immédiatement, le soldat recula. Les deux autres derrière lui, bien couvert, tournèrent la tête vers moi et commencèrent à s'approcher.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? » Questionnais-je en fixant le premier soldat avec étonnement.
- Vous avez de la fièvre. » Se contenta-t-il de répondre avant de se détourner de moi pour s'occuper du suivant.

Bouche bée, je laissais les deux autres soldats m'encadrer et m'éloigner de la foule. J'avais de la fièvre ? J'étais infesté ? Ce n'était pas possible ! Je ne pouvais pas finir comme le docteur Nelson, si mal, puis si fou et ... mort ... C'était à cause de la gamine ! C'était ça ! Elle m'avait griffé deux jours plus tôt et elle était déjà infestée ! C'est comme cela qu'elle m'avait infesté ! ... Alors j'étais condamné ...  

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