PARTIE 3 - Chapitre 61

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  [ Ariel Brooks ]

Ces hommes étranges tombaient un par un devant moi. Davis en tuait la plupart et il m'arrivait d'appuyer sur la gâchette moi aussi. Je vivais cet instant comme si j'étais en dehors de mon corps, comme si je ne le commandais plus. Il bougeait tout seul, visait, tirait, sans même trembler et je me demandais comment il faisait, tant j'étais terrifiée. J'avais l'impression qu'on avançait assez vite, sans en être certaine. Mon regard se posait involontairement sur les corps qui jonchaient le sol. Des enfants, des femmes, des hommes, dans un état indescriptible sans vomir ... Des civils qui n'avaient rien demandé de plus que de vivre ... A qui on avait menti, qui n'avait rien à voir avec tout ça, avec l'existence de ces monstres ... Valentine le savait, elle les combattait depuis quelques jours. Comment faisait-elle ? Il ne fallait pas être humain pour pouvoir supporter un tel spectacle.

- ARIEL ! »

Je sentis un corps se jeter contre le mien, puis un second. Ce n'est que lorsque je baissais la tête que je reconnus Mia et Sally. Les deux pleuraient et tremblaient. On se tenait devant la porte de la chambre. A nos pieds étaient étalés plusieurs corps de ces monstres. La porte était couverte de sang et de griffures. Ils avaient essayé d'entrer pour tuer Mia et Sally ...

- Tout va bien se passer, murmurais-je tout en leur caressant les cheveux, Davis va nous faire sortir de là, on va aller retrouver Valentine et Noah.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?! Qu'est-ce que c'est que ça ! » Hurla Mia entre deux sanglots.
- Je n'en sais rien, répondis-je franchement, et de toute façon on a pas le temps de se poser des questions. On verra ça plus tard. Il faut y aller !
- Mia, tu sais te servir d'une arme ? » Questionna Davis entre deux coups de feu.

J'allais rétorquer que ce n'était qu'une enfant mais Mia hocha la tête et empoigna l'arme que le militaire lui tendait. Sally la regarda avec admiration et se calma immédiatement. Nous étions prêtes à partir. Davis le comprit lui aussi et repartit en courant, ouvrant la marche. Je laissai alors Mia et Sally passer devant moi pour fermer la marche. C'était mon devoir de les protéger. Si quelqu'un devait mourir ce soir, j'avais décidé que ce serait moi !

On croisa plusieurs militaires, encore en assez bon état, et des civils couverts de sang qui pleuraient et hurlaient, se bousculaient, se marchaient dessus, trop paniqués pour faire attention. Quand les premiers infestés nous sautèrent dessus, Sally se remit à hurler et à pleurer. Mia lui avait sûrement interdit de regarder les corps qui jonchaient le sol devant la porte et c'était la première fois qu'elle les découvrait. Je fus beaucoup plus réactive et réussit à aider plus convenablement Davis. Mia nous surprit tous les deux. Elle savait parfaitement se servir de son arme et visait presque aussi bien que Davis. Elle arrivait à coller des balles en plein milieu des crânes des infestés dès le premier coup, c'était complètement hallucinant ! Je n'avais pas le temps de lui poser des questions sur ce talent insoupçonné mais je comptais bien le faire !

On se fraya un chemin non sans difficulté jusqu'à l'une des portes qui donnaient sur l'extérieur. Davis était très légèrement blessé mais heureusement il n'avait pas laissé l'infesté qui l'avait attaqué le mordre ou le griffer. Dès qu'on fut dehors, tout fut étonnament calme. On entendait encore les cris étouffés des civils et des militaires qui mourraient un par un à l'intérieur, les grognements des infestés, l'alarme assourdissante et le message en boucle du général Garcia mais à un niveau sonore bien inférieur. Le plus frappant, c'était que la ville était déserte. Tous les infestés étaient à l'intérieur de la base et les alentours semblaient sans danger.

Je vis que Davis était soulagé. Il se tourna vers nous pour vérifier que tout le monde allait bien. Mia avait du sang de partout sur son visage, son cou, ses bras, son pyjama. Et le pire dans un certain sens, c'est que ce n'était pas son sang mais celui des infestés qu'elle avait tué ou des civils blessés que l'on avait croisé sur notre chemin. Je devinais que je devais être dans le même état et eut soudain envie de vomir. Sally elle, était étonnament silencieuse. En la regardant, je vis qu'elle avait les yeux dans le vague et qu'elle respirait difficilement. Elle était en état de choc et semblait à peine tenir debout. Ses bras et ses mains eux aussi recouverts de sang à force de trébucher sur les morts pendaient mollement le long de son corps.

- On y va, on se dépêche, on a plusieurs heures de marche qui nous attendent ! » Ordonna Davis en repartant immédiatement.

Il nous obligea à maintenir une cadence rapide pendant plus d'une heure. Nous avions quitté la ville depuis plusieurs minutes et étions en plein désert. Il faisait chaud, on était toutes sous le choc et épuisées mais Davis n'autorisait aucune pose. Lorsque Sally tomba dans le sable, à bout de forces, il se contenta de la balancer sur son épaule et reprit sa marche rapide. Mia me regarda et je lui pris la main. Je n'étais pas du genre sentimental, c'était même le contraire, mais cette fois-ci, j'avais besoin de ce contact presque autant que Mia.

On marcha encore pendant une heure. On avait soif, on était fatiguées, on avait chaud et mal aux jambes mais on ne pouvait pas s'arrêter, pas si on voulait vivre, on le savait. Davis avait ralenti la cadence et j'avais pu le rattraper. J'avais immédiatement vu qu'il saignait abondamment au niveau de sa blessure de la veille qui avait dû se rouvrir. Mais je n'avais fait aucun commentaire car ça n'aurait rien changé et je m'étais contentée de porter Sally pour le soulager.

- C'est quoi ce bruit ? » Demanda Mia alors qu'on marchait depuis bientôt trois heures.
- Mettez-vous à terre et sortez vos armes ! » Ordonna Davis en s'accroupissant immédiatement.

On obéit et resta silencieuses, le cœur battant à tout rompre. Davis se redressa discrètement puis poussa un soupir et se releva d'un bond en faisant de grands gestes. Mia me regarda, paniquée, mais je lui fis signe de se calmer. Davis n'était pas un idiot, s'il faisait ça, c'est qu'il y avait quelqu'un qui pouvait nous aider. Et on en avait bien besoin vu son état et celui de Sally ...

- Ariel, s'exclama Mia après s'être redressée, c'est Valentine ! »

Ce fut à mon tour de me lever d'un bond. C'est alors que je vis le 4X4 rouge briller sous le soleil de plomb du désert et se rapprocher de nous. A l'arrière, dans la remorque, se tenait Valentine, la main en visière pour mieux nous voir. Je la vis sourire en me découvrant. Dès que le véhicule s'arrêta devant nous, elle sauta dans le sable pour s'élancer à notre rencontre. Elle serra Davis contre lui et remarqua immédiatement sa blessure.

- Il me faut quelqu'un pour le mettre dans le 4X4, immédiatement, il a besoin de soins en urgence ! » S'exclama-t-elle.
Des hommes que je ne connaissais pas lui obéir immédiatement et sautèrent à leur tour du véhicule. Davis lui sourit.
- J'ai survécu jusqu'ici, ça devrait aller, ne t'inquiète pas. Je suis content de te voir ! » Il la serra une dernière fois contre lui puis se laissa guider jusqu'à la voiture.
- Mia ! Ariel ! » Cria alors Valentine en nous attrapant toutes les deux en même temps.
- Contente que tu ne sois pas morte. » Murmurais-je, incapable de parler sans trahir mon émotion.
- Pareil pour vous. Dès que tu as rétabli le contact on a vu les infestés attaquer. J'ai eu tellement peur pour vous. C'est pour ça que j'ai essayé de venir jusqu'à la base. Je suis tellement soulagée de vous retrouver là ! » Expliqua-t-elle tout en prenant Sally dans ses bras.
- Je ne sais pas où se trouve les « soins en urgence » dont tu as parlé mais Sally va en avoir bien besoin, elle aussi. » Fis-je remarquer en suivant Valentine et Mia jusqu'au 4X4.
- Venez, je vais tout vous expliquer depuis le début ! » Annonça Valentine une fois le véhicule reparti.  

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