PARTIE 3 - Chapitre 45

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  [ Valentine Richardson ]

Je m'étais entraînée toute la journée, sans une seule pause. Je n'avais même pas mangé à midi. J'étais épuisée mais heureuse. J'avais appris beaucoup de choses et Davis m'avait assurée que je m'en sortais très bien. Je me sentais plus forte, plus vive, meilleure à tout point de vue. J'étais prête à aller combattre la menace dehors, quel quelle soit, auprès de Noah. De plus, je savais qu'il me protégerait et Davis garderait aussi sûrement un œil sur moi. Mais tout cela n'était pas pour aujourd'hui, je devais encore faire mes preuves demain, devant le général Garcia pour qu'il propose ma candidature à ses supérieurs.

- Allons manger ! » Déclara Davis avec un plaisir évident.
- Je crois que je vais sauter le repas et aller me coucher. » L'informais-je en m'essuyant le front.
J'étais dégoulinante de sueur et je me voyais mal aller manger dans cet état.
- Pas question que tu loupes un second repas avec tout le sport que tu as fait aujourd'hui, intervint Noah, tu vas aller prendre une douche et on va aller manger, je vais t'attendre. »

C'était comme s'il lisait dans mes pensées. Ce qui était flippant dans un sens. Je savais que je n'avais pas le choix alors je hochais la tête tout en soupirant bruyamment. Davis me sourit puis nous souhaita une bonne soirée et quitta la salle d'entraînement. Noah le salua puis vint m'embrasser rapidement avant de me tirer avec lui jusqu'à mon couloir. Il me laissa me doucher puis on se rendit tranquillement au self. Les filles devaient déjà y être depuis un bon quart d'heure.

Je n'avais pas bien envie de quitter Noah pour aller m'installer en face de Ariel dans le self. Je ne savais pas si elle m'en voulait encore et j'avais un peu peur qu'il y ait une mauvaise ambiance. Malgré cela, je n'avais pas le choix. Noah me laissa à ma table. Immédiatement, Ariel se tut et Mia n'osa rien dire non plus. Seule Sally, encore toute petite et toute naïve me fit un grand sourire et me demanda si j'étais fatiguée, comme si de rien n'était. Grâce à elle, Mia finit par me parler, elle aussi. Mais Ariel resta silencieuse.

Elles attendirent que je finisse de manger puis on regagna notre chambre. Mia mit immédiatement Sally au lit puis on quitta la chambre pour rejoindre la salle commune. On s'installa à l'écart et Mia commença à me raconter leur journée. Puis elle me supplia de lui raconter mon entraînement. A la fin de mon récit, Ariel posa les yeux sur moi et soupira.

- J'ai du mal à comprendre pourquoi tu veux te mettre en danger. Pourquoi tu veux savoir ce qu'il se passe et te rajouter du stress et des problèmes. Mais je n'ai jamais eu de parents alors je ne peux pas savoir ce que ça fait de perdre sa mère. Je suppose que c'est ça qui te pousse à ne pas restée inactive. » Intervint soudain Ariel en plongeant son regard dans le mien.
- Tu ... n'as jamais eu de parents ? » Retint seulement Mia, choquée par cette révélation.
- Je suis orpheline. J'ai vécu dans un orphelinat jusqu'à mes seize ans et ensuite je me suis enfuie et j'ai vécu avec des squatteurs. J'ai toujours été seule, personne ne m'a jamais aidée alors je ne compte pas faire quoi que ce soit ou mettre ma vie en danger pour toute cette population de merde. Mais on a pas eu la même vie Valentine et je peux comprendre que tu es envie de sauver le monde, c'est courageux. » Répondit Ariel d'une voix neutre.

Mia me regarda, elle semblait gênée, elle ne savait sûrement pas trop quoi dire. A vrai dire, moi aussi j'étais plutôt bouche-bée. Jamais je n'aurai pu imaginer que Ariel avait eu une telle vie. Elle était la plus forte, la plus mûre, c'est elle qui gérait notre chambre. C'était la plus caractérielle et morose aussi et maintenant je comprenais mieux pourquoi.

- Je suis désolée. Ça n'a pas dû être facile et je comprends que tu ne veuilles rien faire. Et puis, je sais que mon idée est stupide. J'ai de grande chance de mourir. Mais ma mère est morte et elle était tout ce que j'avais. Je n'ai jamais connu mon père. Et je pense que je n'ai pas beaucoup de chances de revoir mon frère un jour non plus. J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe, dans quelles circonstances ma mère est morte et pourquoi. J'en ai besoin pour passer à autre chose. Et le seul moyen d'accéder aux informations, c'est d'aller se battre. Alors je vais me battre. Et puis franchement, je n'en peux plus de rester ici à vivre les mêmes journées monotones et ennuyeuses depuis deux mois. On ne vit plus, on ne respire plus, on a pas vu le ciel depuis deux longs mois, je ne peux plus rester comme ça. Je suis désolée de vous abandonner mais je vous promets que je vais tout faire pour rester en vie et passer mes journées avec vous jusqu'à ce que toute cette histoire soit terminée. Et puis, Noah et Davis veilleront sur moi aussi. Tout ira bien. » Affirmais-je en prenant Mia dans mes bras.
Ariel me fixa et me sourit faiblement.
- J'aimerai bien te croire Val, mais tu ne sais même pas ce que tu vas affronter dehors ... » Fit-elle remarquer.

Je ne sus pas quoi répondre. Je vis le visage de Mia s'assombrir et elle retourna à sa place. J'avais envie de leur dire que tout allait très bien se passer mais je n'en savais rien, Ariel avait raison. Je ne savais pas ce que j'allais combattre dehors, je ne pouvais pas anticiper ma réaction et je ne pouvais pas affirmer que je ne risquais rien et que ma vie n'était pas en danger. La vérité, c'est que j'avais énormément de chance de mourir. Au moins un soir sur deux, Noah rentrait, la mine sombre, et sans qu'il ait à parler, je comprenais qu'un homme était mort. Peut-être qu'un de ces soirs, ce serait moi qui ne rentrerais pas à la base ...

Ariel s'excusa d'avoir plomber l'ambiance puis nous proposa d'aller dormir. J'étais épuisée et à court d'arguments alors j'acquiesçai. Mia fut la première à se coucher, sans dire un mot. Elle semblait vraiment triste et je savais que c'était à cause de moi. Je m'en voulais de leur faire ça, mais je devais aussi penser à moi et à ma mère. Et puis, aussi fou que ça puisse paraître, j'avais aussi très envie de mettre fin à cette vie qui n'en était pas une pour tous les gens de la base et trouver une solution au problème, peu importe sa nature. J'étais prête à tout pour ça, c'était devenu mon but. Sauver l'humanité.

Je vis que Ariel me fixait et sortis de mes pensées. Lorsque nos regards se croisèrent, elle me lança un léger sourire puis me souhaita bonne nuit et me tourna le dos en se couchant. A mon tour, je lui souhaitais bonne nuit et retenais un soupir. Je devais le faire, désolée ...  

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