PARTIE 2 - Chapitre 35

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  Kara s'était endormie mais elle était bel et bien vivante. C'était un miracle, il n'y avait pas d'autre mot. Mon sang injecté dans son organisme l'avait aidée à combattre le virus. Elle semblait toujours malade et mon « remède » ne faisait visiblement que la tenir en vie un peu plus longtemps. Mais j'étais prêt à lui donner tout mon sang si cela pouvait lui permettre de rester en vie. Malgré cela, mon « remède » n'en était pas encore un réellement. Je ne savais pas combien d'immunisés il y avait mais sûrement bien moins que d'infectés. Jamais on ne pourrait guérir l'humanité avec notre sang, nous n'en aurions jamais assez, tous les immunisés finiraient traqués pour leur sang et on les tuerait sans une hésitation.

Il fallait que je trouve autre chose. Mais pour cela, il me fallait plus de temps, beaucoup plus, beaucoup trop. Le garage devenait dangereux. Chaque nuit, des infestés tentaient d'entrer, terrifiés par les militaires qui venaient faire le ménage. Un jour, les uns ou les autres arriveraient à entrer dans le garage et nous tueraient. Ce n'était qu'une question de temps. Nous devions trouver un endroit plus sûr.

Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à la base militaire. C'est là que les plus grands chercheurs étaient regroupés. Il fallait que je leur parle de mon cas, de cette nouvelle piste à étudier. Mais ils étaient encadrés par les militaires et je ne leur faisais absolument pas confiance. Ils tuaient sans chercher à comprendre, sans réfléchir. Il ferait pareil avec moi et surtout avec Kara. Et dès qu'ils sauraient qu'il existe des immunisés, ils nous traqueraient. Cette version là ne devait jamais arriver. Mais alors, où aller ?

- Encore en train de te prendre la tête ? » La voix fatiguée de Kara me sortit de mes pensées.
- Comme toujours depuis deux semaines ! » Répliquais-je en lui souriant.
Elle me rendit mon sourire lorsque je vins me coucher à côté d'elle.
- Ton remède marche. » Fit-elle remarquer en entrelaçant nos doigts.
- Dans quelques temps tu vas rechuter. Je ne sais pas si c'est une question d'heures ou de jours mais ça va arriver. Et il faudra que je t'injecte de nouveau de mon sang. C'est une situation de secours qui ne doit pas être définitif. Mon sang n'est pas illimité. Je dois trouver autre chose. » L'informais-je en fermant les yeux.
Je l'entendis soupirer.
- Tu y arriveras avec le temps.
- Quel temps ? » La coupais-je presque violemment.
- Dany ...
- Excuse-moi ... Ce que je veux dire c'est qu'on est plus autant en sécurité qu'avant ici. On a plus vraiment de temps. Dans les jours qui viennent, quelqu'un va bien finir par ouvrir cette porte. On doit trouver un endroit plus sûr.
- Les non-infestés qu'on a vu au laboratoire, me rappela Kara en soupirant de nouveau, je sais que tu n'aime pas cette idée Dany, mais je crois qu'il ne nous reste plus que ça. Tu me donnes une bonne dose de ton sang en espérant que cela cache mon état et on part à la recherche de ces non-infestés. Une fois qu'on les trouve, tu leur explique ce que tu as découvert et tu leur dis que tu as besoin d'aide. Je sais qu'il y a plein de Mais et de Si mais c'est notre seule solution, notre seule option. Soit on cherche ces non-infestés, soit on attends ici que quelqu'un vienne nous tuer. Personnellement, je suis déjà restée là, à attendre de mourir et devine quoi, je suis vraiment pas passée loin de la mort. Alors je refuse de continuer à me terrer ici, de continuer d'attendre sans rien faire. » Elle semblait si déterminée que je ne pus que hocher docilement la tête.
- Bien, alors repose-toi, je vais remplir nos sacs et on part dès demain matin. »

Kara me regarda, étonnée d'avoir gagné si facilement. Elle oubliait que je l'avais cru morte et que je ne voulais plus jamais ressentir ce que j'avais ressenti à ce moment. J'étais prêt à tout pour pouvoir trouver ce foutu remède et la sauver. Et puis sauver l'humanité pendant qu'on y était ! C'était complètement fou, mais Kara était passée bien devant l'humanité à mes yeux. Plus qu'elle ne comptait et je crois qu'à choisir, je la sauverai plutôt elle que l'humanité, aussi égoïste soit cette décision.

- Merci ... » Me murmura Kara en me souriant faiblement.

Je lui souris en retour puis posai avec gourmandise mes lèvres sur les siennes. Elle me rendit mon baiser, pour mon plus grand plaisir, puis m'obéis et ferma de nouveau les yeux. Pendant ce temps, je remplissais nos sacs de nourriture, d'eau, de médicaments, de pansements, de munitions et rechargeais nos armes. Puis je commençai à ranger mon matériel et à l'emballer un maximum pour le protéger le temps du voyage qui n'allait sûrement pas être de tout repos.

On ne savait pas où aller, ni même où chercher et la ville était pleine d'infestés la journée. En prime, la nuit, se rajoutaient les militaires qui me faisaient bien plus peur car, il ne faut pas se voiler la face, ils sont bien plus intelligents que les infestés et on ne leur échappe pas aussi facilement. Mais Kara avait raison, c'était sûrement notre seule chance, notre dernière chance, notre dernier voyage et on se devait de l'entreprendre.

Une fois les affaires prêtes, je vins me coucher auprès de Kara pour dormir quelques heures, moi aussi. Je ne savais pas quand est-ce que j'aurai l'occasion de dormir après le départ. Kara se colla contre moi, sa tête enfouie contre mon torse et se rendormit facilement. Moi, j'eus un peu plus de mal, trop d'appréhensions. Mais la fatigue finit tout de même par m'emporter.

* * * * *

Le lendemain matin, lorsque j'ouvris les yeux, Kara n'était plus contre moi. Paniqué, je me levai d'un bond. Soudain, je vis sa petite tête brune se redresser et me regarder avec de grands yeux. Kara était assise à la table du garage, en train d'avaler un morceau de pain avec envie. C'est à ce moment là que je me rendis compte à quel point elle avait maigri. C'était devenu un vrai squelette. J'étais si heureux de la voir manger.

En souriant, je la rejoignis pour manger un peu. C'était fou de la voir manger, marcher, vivre, comme si elle n'était infestée que depuis quelques jours alors que cela faisait onze jours. Elle m'embrassa tendrement puis vérifia elle-même son arme et jeta un sac sur son dos. Elle tenta d'en prendre un second mais son corps était encore trop faible pour qu'elle arrive à le porter. Je pris donc trois sacs à moi tout seul, plus mon arme, et on se posta devant la porte du garage.

- Prête ? » Questionnais-je sans la regarder.
- Et toi ? » Demanda-t-elle en retour.
- Allons-y ! » Déclarais-je en donnant un coup de pied dans la porte pour l'ouvrir.

Le soleil nous aveugla un instant puis les infestés apparurent ...  

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