PARTIE 1 - Chapitre 18

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  [ Noah Johnson ]

- « Il a vraiment dû faire quelque chose de mal, lui, pour que tu le traites comme ça ! » S'exclama Davis depuis la porte de l'une des salles d'entraînement.

Je ne répondis rien. Il me regarda frapper le punching-ball de toutes mes forces. Bientôt, ce dernier se décrocha du plafond et tomba lourdement sur le sol, soulevant de la poussière et faisant sursauter Davis.

- Bah dis donc, toi t'es frustré, fit-il remarquer, c'est à cause de ta copine ?
- J'ai juste besoin de tuer un ou deux infestés et après ça ira mieux. » Répondis-je en massant mes poings douloureux.
- Le général t'a mis au courant ?
- Ouais, et c'est dur à digérer. Encore plus de le cacher à Valentine, de faire comme si tout allait bien face à elle ... Tout est devenu trop compliqué en seulement deux jours. » Soupirais-je en remettant le punching-ball en place.
- C'est sûr. Mais moi je pense qu'on va s'en sortir ! » Déclara-t-il avec conviction.

Un petit rire ironique m'échappa. Davis fronça les sourcils mais n'ajouta rien. Il me regarda prendre une serviette pour éponger mon visage, toujours dans l'encadrement de la porte.

- Est-ce que tu veux t'entraîner ? » Proposa-t-il en entrant enfin.
- Non merci, je suis déjà là depuis une heure et je dois bientôt emmener la chambre 221 au self.
- Comme tu voudras ! Moi je vais rester un peu et ce soir on se lâchera pour de bon. » Termina-t-il en me donnant une tape amicale sur l'épaule.

J'acquiesçai puis quittai la salle d'entraînement. Je mis un moment pour regagner mon couloir tant il était éloigné. Lorsque j'arrivai, il était presque vide. Mon sergent, qui était sur le point de sortir, m'ouvrit la porte. Je me rendis immédiatement dans les douches, bien plus confortables que les autres de la base. Tuer des malades avait donc des avantages !

Une fois propre, je vis qu'il me restait encore une demi-heure avant de devoir aller chercher Valentine et les autres. Je retournai donc vers les salles d'entraînement pour parler un peu avec Davis de toute cette histoire. J'avais beaucoup de mal à ne pas y penser et encore plus à n'en parler avec personne. C'était si fou, si frustrant de ne pas pouvoir en parler à Valentine, de ne pas pouvoir ... l'embrasser ...

Seulement, lorsque j'entrai dans la salle que j'avais quittée quelques minutes plus tôt, Davis n'était plus seul. Il se tourna vers moi lorsqu'il m'entendit arriver et la fille qui était avec lui fit de même. C'était ... Valentine !

- Mais qu'est-ce que ... » Bredouillais-je en entrant lentement.
- Elle veut apprendre à se battre. » M'apprit Davis avec un grand sourire.
- C'est quoi cette histoire ? » Questionnais-je en me tournant vers Valentine.
- Tu as dis que c'était dangereux dehors, alors j'apprends à me défendre ! » S'exclama-t-elle simplement.
Je sentais qu'elle était gênée car elle n'osait pas me regarder dans les yeux. Était-ce à cause de notre petit moment de tout à l'heure, juste avant que Ariel et les autres ne nous séparent ?
- Tu apprends à te défendre ou à te battre ? » Précisais-je d'une voix neutre malgré les souvenirs de la matinée qui me revenait en esprit.
Ses cheveux, ses lèvres, son corps contre le mien ...
- Les deux, répondit-elle toujours sans me regarder, comme ça un jour je pourrais peut-être t'accompagner dehors !
- Pas question ! » Tranchais-je fermement, presque méchamment.
- Pourquoi tu réagis comme ça ? » Me questionna-t-elle en s'approchant davantage de moi et en redressant la tête cette fois-ci.
- Non ! » Répétais-je seulement d'une voix froide.

Valentine me défia du regard mais je ne lâchai rien. Énervée, vexée, elle partie en trombe, me bousculant au passage.

- Je crois que tu l'as énervée ! » Fit remarquer Davis faussement gêné.
Je lui lançai un regard noir qui le fit rire.
- Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise ? Elle sait très bien se défendre, je m'inquiète pas pour ça et pas question qu'elle apprenne quoi que ce soit pour pouvoir aller à la rencontre des infestés !
- C'est ta protégée, tu en fais ce que tu veux ! » Termina-t-il avant de quitter la salle.

En soupirant, je partis à la rechercher des filles. Elles étaient toutes dans leur salle commune. Elles cessèrent leur conversation dès qu'elles me virent entrer. Valentine me fusilla du regard. Encore une fois, elle passa à côté de moi en me bousculant, ne m'accordant aucun regard. En soupirant, je la suivis pendant que les trois autres filles marchaient tranquillement derrière.

Je voyais bien que Ariel était ravie. Valentine ne me parlait plus et elle trouvait cela bien mieux. Je n'arrivais pas trop à savoir pourquoi Ariel m'en voulait tant. Après tout, j'essayais de faire mon maximum pour m'occuper d'elles, j'étais sûrement bien plus gentil que tous les autres soldats de la base avec elles. Surtout avec Valentine. Mais je restais un soldat et le problème devait être là. Je n'étais pas comme elles mais comme tous ceux qui les enfermaient dans cette base. De toute façon, je n'en avais pas grand chose à faire de Ariel. Elle pouvait me détester, je ne l'aimais pas forcément non plus. Mais je ne pouvais pas vivre avec une Valentine qui m'en veut et ne me parle plus, ne me touche plus.

On arriva rapidement au self. Il n'y avait personne dans la cage d'escalier et je profitai de l'instant pour prendre Valentine à part. Elle sursauta lorsque ma main frôla la sienne pour l'arrêter dans son élan. Elle me regarda en fronçant les sourcils mais comprit vite que je voulais lui parler, seul à seule. Ce que les autres filles n'avaient pas compris ou ne voulaient pas comprendre car Ariel resta plantée à côté de Valentine.

- Et si on allait au self ! » Proposa Mia en tirant Ariel par la manche de son tee shirt.

Elle hésita un instant, se tourna vers Valentine qui lui fit son plus beau sourire et finit par suivre Mia qui avait déjà commencé à avancer, Sally à ses côtés. Elles passèrent rapidement les portes battantes et je fus enfin seul avec Valentine et avec la possibilité de m'expliquer et de m'excuser pour la retrouver. C'était fou de voir à quel point je ne pouvais plus me passer d'elle alors que le premier jour, je l'avais trouvée insupportable, comme une gamine.

- Qu'est-ce que tu veux, Johnson ? » Me questionna immédiatement Valentine d'une voix faussement froide.
- Que tu m'appelles Noah, répondis-je sans réfléchir, ce qui lui arracha un minuscule et rapide sourire, mais aussi m'excuser. J'ai été nul avec toi tout à l'heure. Je t'ai dis non sans même prendre la peine de t'expliquer. Je tiens beaucoup à toi et je ne tiens pas à ce que tu meurs dehors. C'est à moi de te protéger. Et puis je crois que tu sais déjà bien trop te battre ! » Ironisais-je.
Je réussis à lui arracher un nouveau sourire, plus grand, qui me donna une certaine fierté.
- Tu es un idiot Noah, je crois que je ne te le répéterais jamais assez. Et puis je pourrais simplement faire du sport pour garder la forme, c'est du sport comme un autre la défense et l'attaque !
- C'est ça, trouve une esquive ! » Riais-je en secouant la tête.
- Noah, écoute, je ... je sais que tu me protèges mais je ressens vraiment le besoin de savoir me défendre et me battre. Pas seulement contre les filles de mon couloir mais aussi contre la menace qu'il y a dehors, au cas où. » M'expliqua Valentine d'une voix douce et que je savais sincère.
- Au cas où quoi ? » Demandais-je sans comprendre.
- J'ai bien cru que tu ne reviendrais pas ce matin ... » Répondit-elle d'une toute petite voix.
Instinctivement, mes mains attrapèrent les siennes.
- Je t'aide à t'entraîner à une seule condition ! » Avançais-je avec malice.
Elle croisa les bras sur sa poitrine généreuse, lâchant mes mains, et me défia du regard.
- Je n'ai pas besoin de toi ! » Lâcha-t-elle avec un sourire en coin qui la trahissait.
- Ne cherche pas à quitter la base. » Terminais-je sans faire attention à sa remarque et avec plus de sérieux.

Valentine reprit l'une de mes mains et hésita un instant. Puis hocha la tête et m'abandonna dans la cage d'escalier pour aller manger. Ma main retomba mollement sur ma cuisse, encore tremblante du contact avec celle de Valentine. Je secouai la tête pour reprendre mes esprits et effacer le sourire idiot qu'elle venait de scotcher sur mon visage puis entrai à sa suite.  

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