PARTIE 3 - Chapitre 46

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[ Noah Johnson ]


Je n'avais pas revu Valentine de la soirée. Elle avait quitté le self en même tant que ses amies et m'avait fait un signe de la main pour me saluer. J'avais compris qu'elle ne voulait pas que je passe ce soir. Elle souhaitait sûrement discuter avec Ariel pour essayer d'arranger les choses entre elles et elle se coucherait sûrement tôt aussi, histoire d'être en forme demain, pour le général Garcia. Ce dernier m'avait justement convoqué dans son bureau, encore. Je savais de quoi il voulait me parler. Le sergent Cromwell m'avait donné quelques informations supplémentaires la veille et le général souhaitait sûrement m'en parler à son tour. Mais je n'avais pas vraiment envie de parler de tout cela. Malheureusement, je n'avais pas le choix.

Le général Garcia m'attendait dans la salle de surveillance. Il me sourit en me voyant arriver et me fit entrer dans son bureau. Il s'installa dans son fauteuil et m'observa avec attention durant plusieurs minutes.

- Dis-moi ce que le sergent Cromwell t'a révélé hier. » Commença Garcia après un long silence.
- Pour faire court, qu'on a peut-être une chance de mettre fin à tout ça grâce à des individus infestés qui ne réagiraient pas comme les autres et qui, au lieu de mourir, réussiraient à guérir du virus et à développer une sorte d'immunité. Des individus que vous voulez, je suppose, enlever, étudier, comme de simples rats de laboratoire, afin de trouver un antidote, un remède et sauver l'humanité. » Énumérais-je d'une voix neutre.
- Tu ne sembles pas convaincu. » Fit remarquer le général en fronçant les sourcils.
- J'évite simplement les fausses joies. » Répliquais-je plus sèchement que je ne l'aurai voulu.
- Je vois, tu as peut-être raison. C'est pourquoi pour le moment, j'ai ordonné à votre équipe d'observer seulement ces individus. Pas de conclusion hâtive. Mais si ces individus existent bel et bien, ce serait un miracle, une chance inouïe, nous pourrions sauver le monde. Alors la question que je dois te poser, c'est est-ce que tu es prêt à faire partie de l'équipe qui s'occupera de sauver l'humanité ?
- Vous voulez monter une nouvelle équipe ? » Questionnais-je sans répondre.
Le général me sourit.
- Je n'ai confiance qu'en un nombre de personnes limité. Tu en fais partie, ainsi que le sergent Cromwell et le soldat Davis. Certains sergents et soldats d'autres équipes sont aussi concernés. Et il est bien possible que plus tard, ta chère Valentine le soit aussi. Tu vois, elle a vraiment un sale caractère mais cela fait d'elle quelqu'un de très courageux et je sais qu'elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver le monde. Je sais que, pour cette tâche, je pourrais lui faire confiance, si toutefois le président me permet de la mettre dans la confidence. Ces autorisations sont de plus en plus difficiles à avoir.
- Tant mieux. Vous avez raison, elle ferait tout, elle donnerait tout, même sa vie. Je ne veux pas qu'elle soit mêlée à tout ça. » Intervins-je malgré moi.
C'était plus fort que moi, je ne supportais pas l'idée que Valentine puisse devenir plus que la civile insupportable que j'avais décidé de prendre sous mon aile et de protéger.
- Ce n'est malheureusement pas toi qui décide, Noah, et même si je te comprends, Valentine pourrait nous être d'une grande aide. En tant que général de cette base, je me dois de tout faire pour gagner cette guerre d'un nouveau genre. » Expliqua Garcia avec une mine grave.
- Vous allez envoyer sa candidature. » Compris-je immédiatement.
Elle n'avait pas encore passé le test, mais j'étais presque certain que Garcia avait suivi la journée de Valentine au travers des caméras de surveillance et qu'il connaissait déjà son niveau.
- Oui, confirma malheureusement le général, mais tu ne m'as pas répondu.
- Je ferais tout moi aussi pour mettre fin à tout ça et sauver l'humanité. Je veux faire partie de cette équipe spéciale, peu importe ce qu'il faudra faire. » Déclarais-je avec conviction.

Le général Garcia retrouva son sourire. Il acquiesça puis m'autorisa à quitter son bureau et rejoindre mon équipe qui était sur le point de partir en mission. La soirée se passa tranquillement. Encore une fois, on croisa beaucoup d'infestés qui tentèrent de nous tuer mais on réussit à en venir à bout. Nos armes étaient beaucoup plus efficaces que leurs simples poings. Ensuite, on passa plusieurs heures à étudier le comportement des individus qui s'étaient réfugiés dans la prison. Je n'arrivais pas à me décider sur leur compte. Ils se comportaient comme des non-infestés. Il y avait des tours de garde. Parfois, des équipes armées sortaient de la prison et revenaient quelques heures plus tard avec des provisions. Ils tuaient les infestés qui les attaquaient, s'en éloignaient au maximum. On avait aucun moyen de savoir si ces individus avaient été infesté un jour ou non. Tout du moins, de là où nous étions.

On rentra rapidement. Personne dans l'équipe n'aimait ces soirées ennuyeuses, surtout parce que la plupart ne savait absolument pas pourquoi nous faisions cela. Ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils observaient. Bien sûr, ils se posaient beaucoup de questions mais ne trouvaient pas vraiment de réponses et trouvaient la soirée très, très longue. La plupart se couchèrent dès qu'on débarqua dans notre couloir. Davis lui, vint dans ma chambre, comme chaque soir depuis plus d'un mois, pour discuter un peu, histoire de se changer les idées avant de se coucher. Les cauchemars étaient moins fréquents. Le choc était passé et je m'étais habitué à cette situation complètement folle. Tuer les infestés ne me faisait plus aucun effet, je savais qu'ils devaient mourir et je finissais par les voir comme de simples cibles et plus comme des humains malades.

- Tu vas trouver ça bizarre, commença doucement Davis, mais ce soir, j'ai imaginé Valentine avec nous. Et bah, ça colle pas. Elle a beau être très douée, je ne la vois pas au milieu de tous ces décombres, de tous ces morts, ces infestés. Elle semble forte mais découvrir la vérité va forcément la choquer et je me demande si elle va être toujours aussi capable de se battre après. Dans une salle d'entraînement en fin de compte c'est facile, sur le terrain c'est autre chose.
- Je suis d'accord avec toi, soupirais-je, mais c'est trop tard, on ne peut plus rien faire. J'ai vu le général avant de partir. Il m'a dit qu'il avait besoin de Valentine dans la super équipe qu'on va former pour sauver le monde. Je ne sais pas pourquoi il croit autant en elle, c'est étrange.
- Parce qu'elle est la plus motivée de nous tous. Elle a tout perdu à cause de cette histoire ... » Fit remarquer Davis avec une grimace.

Je me contentai de hocher la tête, je ne savais pas quoi répondre. C'était vrai, la mère de Valentine était morte à cause de ce virus. Et c'est moi qui l'avait envoyée à la mort. Une vérité en entraînant une autre, Valentine allait sûrement finir par découvrir mon implication dans la mort de sa mère. Et si elle m'avait pardonné de l'avoir giflée, je savais que ça, elle ne me le pardonnerait pas. Mais je n'osai pas en parler à Davis, car c'était une inquiétude très égoïste et lâche. Il fallait que j'assume mes actes.

- D'accord, on ne peut rien empêcher, reprit Davis après un silence, mais on peut toujours veiller sur elle, la protéger. On fera en sorte qu'il ne lui arrive rien. A nous deux, on devrait bien réussir à garder un œil sur elle tout au long de la mission.
- J'espère ... » Murmurais-je.

Davis n'insista pas sur le sujet. On parla durant un instant de ces possibles Immunisés qui détenaient peut-être la clé d'un antidote et par conséquence, la survie de l'humanité, puis on alla se coucher dans nos chambres respectives. J'eus beaucoup de mal à m'endormir malgré la journée longue et fatigante que je venais d'avoir. Je m'inquiétais bien trop pour Valentine. Tout allait basculer demain, je le sentais et je n'aimais pas ça ...

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