Un silence étouffant pèse sur notre barque depuis plusieurs heures, quand Legolas prend la parole.
Legolas : Dame Janjira... Si vous nous parliez de votre monde ?
Moi : Ça y est ? Vous en avez fini avec vos critiques ?
Legolas : Je m'excuse... J'ignorais la relation que vous aviez avec le seigneur Haldir... Et vous avez raison, je n'ai aucun droit sur vous, mon comportement était déplacé.
Je ne dis rien pendant un instant, avant de reprendre.
Moi : J'accepte vos excuses... Et je n'aurais pas dû vous parler comme je l'ai fait...
Le nain échappe un soupire et je me tourne vers lui.
Gimli : Enfin... Je n'aurais plus à subir cette ambiance de mort...
Je souris.
Moi : Vous voulez que je vous parle du monde d'où je viens ?
Gimli : Il est vrai que cela m'intrigue un peu, moi aussi.
Je réfléchis, essayant de trouver les meilleurs mots pour leur faire comprendre.
Moi : Il est très différent du votre. Les elfes, les orques et les magiciens n'existent pas. Il y a des nains mais ils sont très différents de vous, Seigneur Gimli. Nous nous déplaçons dans des... carrioles en métal qui avance toute seule. Nous avons des maisons plus hautes que les arbres. Nous ne nous parlons pas de façon formelle comme vous le faites. Et, bien que cela ne soit pas acquis pour tout le monde, la femme est l'égale de l'homme.
Mes compagnons restent silencieux, tentant de visualiser mes paroles.
Legolas : Comment sont les forêts ?
Moi : Nous les détruisons peu à peu pour construire des villes... Elles n'ont rien à voir avec la beauté des forêts elfes.
Gimli : Et les mines ?
Moi : Nous les utilisons de moins en moins. Elles sont bien loin derrière la superbe des mines des nains... Je suppose que vous devez penser que je viens d'un monde bizarre...
Legolas : Si ce monde vous ressemble, bizarre n'est pas le terme approprié...
Gimli : En effet, inhabituel serait plus juste.
Je ris. On continue de discuter pendant plus d'une heure, quand soudain une certaine tension se fait sentir.
Moi : Que se...
Legolas : Taisez-vous.
J'obtempère. Soudain, j'entends un bruit lointain, comme un cri. Des orcs. Legolas accélère le mouvement, tout comme les deux hommes sur les autres embarcations. Plus personne ne parle, aussi bien dans notre barque que dans les deux autres. Tous les visages sont fermés, l'inquiétude est palpable. Finalement, la nuit tombe et nous rejoignons la terre ferme. Le dîner se fait sans feu et en silence, chacun mangeant de son côté. Je me couche rapidement, mais n'arrive pas à trouver le sommeil. Finalement, Pipin vient se coucher à ma gauche et s'endort presque aussitôt. Plusieurs minutes plus tard, Frodon se couche à ma droite. Près d'une heure passe sans que je n'arrive à trouver le sommeil. Soudain, les éclats de voix de Boromir et Aragorn me parviennent.
Boromir : ...avez-vous aussi peu foi en votre peuple ? Oui, il y a de la faiblesse, il y a de la fragilité, mais il y a aussi le courage et le sens de l'honneur chez les hommes. Mais vous ne le voyez pas ! Vous avez peur ! Toute votre vie, vous vous êtes caché dans l'ombre, effrayé par ce que vous êtes ! QUI vous êtes !
Aragorn : Je ne conduirais pas l'anneau à moins de cent lieux de votre cité !
Je me tourne vers la droite et mon regard croise celui de Frodon. Je vois la peur sur le visage du hobbit et, ne sachant quoi lui dire pour le rassurer, je lui prends la main. Finalement, nous nous endormons ainsi, sa main serrée dans la mienne.
Le lendemain matin, c'est dans le trouble que la communauté reprend la route. Personne ne parle. L'ambiance est lourde et l'angoisse va croissante. Le paysage sylvestre laisse place à de grandes falaises. Au bout de longues heures dans cette atmosphère glaciale, une vision allège nos cœurs. Deux statues de pierres s'élèvent face à nous, semblant toucher le ciel. L'Argonath. Les deux rois d'antan s'élèvent fiers et nobles tel des dieux protecteurs. Arme au côté, bras tendu vers l'avant, près à dissuader tout adversaire de les franchir.
Moi : C'est... Magnifique...
Legolas : Isildur et Anarion, les fils d'Elendil.
Nous continuons la descente du fleuve sur quelques kilomètres avant d'accoster. Je rejoins Boromir et l'aide à faire un feu. Soudain, je remarque la pâleur inhabituelle de son visage.
Moi : Vous allez bien ?
Boromir : Oui...
Son ton distant m'inquiète mais je ne dis rien. Est-ce l'effet du pouvoir de l'anneau ? Je vais m'asseoir avec Pipin.
Aragorn : Nous traverserons le lac à la tombée de la nuit. Nous cacherons les bateaux et continuerons à pied. Nous atteindrons le Mordor par le Nord.
Gimli : Ah oui... Il nous suffira simplement de trouver notre chemin à travers Emyn Muil. Un labyrinthe infranchissable fait de rochers coupants comme des rasoirs. Et après cela, ce sera encore mieux, une région de marécages gluants et puants à perte de vue.
Aragorn : Oui, c'est notre route. Je vous suggère de prendre du repos afin de recouvrer vos forces, maître nain.
Je vois le visage de Pipin se décomposer au fil des paroles de nos compagnons et je pose ma main sur son épaule, tentant de lui donner du courage. Soudain, les paroles d'Aragorn me reviennent à l'esprit. C'est notre dernière escale sur l'Anduil... Je respire profondément, tentant d'accepter cette idée. Boromir va mourir aujourd'hui... Je me lève, cherchant quelque chose à faire pour chasser cette idée. Je remarque Sam, seul, à l'écart, et décide de le rejoindre. Je m'assois à côté de lui et prend la parole après quelques minutes de silence.
Moi : Vous allez bien ?
Sam : Oui, Dame Janjira.
Moi : Vous êtes inquiet pour Frodon ?
Sam : Oui... Monsieur Frodon ne va pas bien... Et il ne veut pas de mon aide... Je me sens tellement inutile.
Moi : Vous n'êtes pas inutile, Sam. Vous êtes un ami loyal et c'est ce dont Frodon a besoin en ce moment... Quelqu'un en qui avoir confiance. Vous ne l'abandonnerez jamais. Vous êtes un phare dans une nuit sans lune, une étoile brillant dans les ténèbres, un dernier espoir. Son dernier espoir. Ne l'oubliez jamais, Sam. Tant que vous resterez à ses côtés, vous ne serez pas inutile.
Il plonge son regard dans le miens. J'y vois tout le doute et le désespoir qui l'accablent, mais aussi de la gratitude. Soudain, la voix de Merry s'élève, me glaçant le sang.
Merry : Où est Frodon ?
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Tout ce qui est disparu n'est pas forcément perdu
FanfictionFanfiction sur Le Seigneur des Anneaux Janjira est orpheline. Sa mère est morte quand elle était petite et elle ne connaît pas son père. Le jour de ses 18 ans, un notaire lui apporte l'héritage de sa mère. Après avoir lu la lettre de sa mère, elle s...