Chapitre 34: Garder espoir

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Nous chevauchons pendant deux jours, ne ralentissant le pas que pour laisser les chevaux reprendre leurs forces et ne faisant une courte pause que pour se reposer et manger. Dormir n'étant plus, pour moi, un besoin vital mais une habitude, je ne ressens pas vraiment de fatigue. Merry ne se plaint pas mais je vois que, malgré le fait que je le laisse se reposer contre moi, il est fatigué. Le deuxième jour, la colonie s'arrête en fin d'après-midi. Le ralentissement réveille le hobbit qui somnolait entre mes bras.

Merry : Pourquoi nous arrêtons-nous ?

Moi : Théoden a envoyé des éclaireurs pour connaitre la gravité de la situation.

Je descends d'Ealdor et aide Merry à faire de même. Je laisse mon cheval se désaltérer et m'assois dans l'herbe alors que mon compagnon fait les cent pas devant moi.

Moi : Asseyez-vous, Merry. Vous aurez l'occasion de marcher bien assez tôt.

Merry : Comment pouvez-vous rester aussi calme ? La bataille a peut-être déjà commencé...

Moi : C'est justement pour cette raison... Nous devons garder nos forces pour nous battre.

Finalement, le hobbit s'assoit à côté de moi. Nous restons quelques instants assis en silence, avant que Merry ne prenne la parole.

Merry : Alors c'est vrai ? Vous êtes la sœur d'Aragorn ?

Moi : Oui.

Merry : Cela fait de vous la princesse du Gondor.

Je reste un instant, silencieuse.

Moi : Je ne suis que la demi-sœur d'Aragorn... Je ne pense pas être la princesse de quoi que ce soit.

Merry : Mais vous avez dit au roi Théoden...

Moi : Je lui ai dit la vérité... Je suis la fille d'Arathorn, ce qui fait de moi une princesse légitime du Gondor... Cependant, d'après moi, ce n'est pas le sang qui fait une princesse mais le peuple... Je suis née hors mariage, alors je ne sais pas si je serais acceptée comme héritière d'Arathorn. Il est vrai que je vais défendre mon peuple mais c'est en tant que membre de la Communauté que je le fais.

Le hobbit ne répond rien et, après plusieurs minutes, nous décidons de manger. Une voix, nous demandant de nous tenir prêts, s'élève. Je me lève, alors que Merry continue de manger.

Moi : Il faut garder courage. Ce sera bientôt fini.

Je ne sais pas si mes paroles étaient destinées à Merry ou à moi.

Merry : Janjira, vous êtes belle et courageuse. Vous avez tant de raisons de vivre...

Je me tourne vers le hobbit, surprise.

Merry : Je sais qu'il est trop tard pour reculer et je sais qu'il n'y a plus de raisons d'espérer... Si j'étais un cavalier du Rohan, capable de hauts faits... Mais ce n'est pas le cas... Je ne suis qu'un hobbit. Et je ne peux pas sauver la Terre du Milieu.

Je sens mes yeux me piquer et retiens mes larmes à grand peine.

Merry : Je veux seulement aider mes amis. Frodon... Sam... Pipin... J'espère plus que tout pouvoir les revoir un jour.

Mon cœur s'emballe et mon regard se pose sur mon ami. Nous y arriverons ! Je m'agenouille devant le hobbit.

Moi : Et vous les reverrez... Nous les reverrons. Il est vrai que vous n'êtes pas un cavalier du Rohan mais vous êtes un hobbit de la Comté, membre de la Communauté de l'Anneau... Pourquoi ne seriez-vous pas capable de hauts faits comme les hommes qui nous entourent ? Ce qui fait un grand soldat, ce n'est pas la force de son bras mais la force de son courage... Nous aiderons nos amis, Merry, et nous sauverons la Terre du Milieu... Ensemble.

Le hobbit me sourit.

Moi : Il y a toujours de l'espoir.

Soudain, un cor résonne. Je me tourne vers Merry et mets mon heaume. Le hobbit fait de même. Nos regards se croisent.

Merry : À la bataille.

Moi : À la bataille.

J'enfourche Ealdor et aide Merry à monter devant moi. Nous partons avec les autres cavaliers. La nuit tombe. Les cavaliers s'arrêtent et un cor retentit. Nous sommes arrivés. Devant nous, s'étend le champ du Pelennor, noir d'orc. Face à la mer obscure, s'élève une immense cité de pierres blanches, rongée par les flammes et détruite par endroit. Au fond de moi, je sens comme un instinct protecteur se réveiller, comme une force voulant défendre la majestueuse citadelle. Ma main rencontre celle du hobbit.

Moi : Courage, Merry...

L'atmosphère est pesante. Personne ne parle. Nous attendons tous l'ordre de charger. Le roi bouge à l'avant.

Théoden : Eomer ! Mène ton éored au pied du flanc gauche ! Gamelin ! Suivez l'étendard du roi au centre ! Grimbold ! Menez votre compagnie à droite quand vous aurez passé les murs ! En avant ! Ne craignez aucune obscurité ! Debout ! Debout cavaliers de Théoden ! Les lances seront secouées ! Les boucliers voleront en éclats ! Une journée de l'épée ! Une journée rouge ! Avant que le soleil ne se lève !

Les cavaliers de premières lignes abaissent leur lance et Théoden passe devant eux au galop, l'épée levée, faisant rencontrer leurs armes dans des bruits métalliques.

Théoden : Au galop ! Au galop ! Courez ! Courez à la ruine ! Et à la fin du monde ! À mort !

Les cavaliers autour de nous crient.

Théoden : À mort !

Cavaliers : À mort !

Théoden : À mort !

Cavaliers : À mort !

Ma voix et celle de Merry rejoignent celles de l'armée.

Théoden : Pour Eorlingas !

Un cor résonne.

Moi : Et pour le Gondor... Pour nos amis...

Théoden : À l'attaque !

Nous chargeons. Des flèches sifflent au-dessus de ma tête et des cavaliers tombent autour de moi. Mais je ne ralentis pas. Merry et moi sommes concentrés sur les lignes ennemies qui se rapprochent dangereusement. Voyant que nous ne faiblissons pas, les orcs doutent et reculent de quelques pas. Les soldats de premières lignes viennent brisés les rangs ennemid. Ealdor entre dans la mêlée, renversant les orcs sur son passage. Nous gardons la même allure, armes en avant. La peur prend les orcs, semant la discorde dans leur troupe. Je frappe au hasard, touchant une cible à tous les coups et Merry fait de même. Les orcs arrivent de partout et nous ne pouvons plus avancer. Nous continuons de transpercer tout ce qui passe à portée de bras. La marée noire ne semble pas tarir, alors que beaucoup sont déjà tombés.

Eomer : Poussez-les vers le fleuve !

Théoden : Il faut protéger la cité !

Soudain, un bruit sourd et répétitif se fait entendre, tel un tambour funeste. Je lève la tête et aperçois d'immenses créatures. Bien qu'elles soient physiquement assez semblables aux éléphants, elles doivent mesurer le double, peut-être même le triple de ces pachydermes. Des oliphants.

Tout ce qui est disparu n'est pas forcément perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant