Tout ce qui est disparu n'est pas forcément perdu

Chapitre 32: La soeur de l'Espoir

                  

Je suis assise sur les dalles devant Meduseld, les pieds dans le vide et le regard dans le vague. Cela fait plusieurs heures que Gandalf et Pipin sont partis et presque autant que mes quatre autres compagnons discutent avec le roi Théoden. Ne supportant plus les débats militaires, je préfère rester à l'écart. Mon esprit est focalisé sur ce que j'ai vu dans le Palantir. Quelque chose me dérange dans ces visions mais je n'arrive pas à savoir quoi. Je repense au petit garçon. Qui est-il ? C'est un enfant que j'ai connu ? Je revois les deux enfants lever la tête et un malaise me prend à nouveau. Pourquoi ? J'analyse les deux enfants. Je ne sais pas vraiment ce que je cherche. J'ai remarqué rapidement que le petit garçon était humain. Je me focalise sur le regard de l'enfant, et un nouveau sentiment étrange s'empare de moins. Ces yeux me semblent familiers... Je me concentre sur la fille et réalise. C'est le même ! Le même regard ! La même couleur ! Mais comment ? Qui est ce petit garçon ? Et pourquoi ses yeux ressemblent-ils tellement au mien ? Cependant, quelque chose d'autre me dérange et je n'arrive pas à savoir quoi. Je me reconcentre sur la ressemblance entre moi et lui. Car, au-delà de nos yeux, je ne peux nier le fait que nous nous ressemblons. Le poème de ma mère me revient, alors, en mémoire :
« Tout ce qui est disparu

N'est pas forcément perdu

Puisque même dans le noir

Vit la sœur de l'espoir

Héritière d'un autre temps

Liée avec l'aigle par le sang

Quand arrivera le temps sombre

Que se réveillera l'ombre

La demi-sang sera

De retour en Arda »

La sœur de l'espoir... Et si c'était plus qu'une façon de parler ? Et si j'avais vraiment un frère ? L'espoir... Qui est-il ? Soudain, un nom apparaît dans mon esprit. Estel. Cela me fait l'effet d'une claque. Aragorn ? C'est impossible. Cependant, les paroles de Saroumane résonnent à mes oreilles. Les héritiers d'Arathorn... Arathorn, qui en sindarin signifie « aigle royal ». Liée avec l'aigle par le sang... Ce serait donc la signification du poème de ma mère ? Je sais aussi que mon nom de naissance veut dire « Fille de l'aigle ». Mon destin serait donc lié à celui du Gondor car je fais partie de la lignée d'Arathorn ? Mais c'est impossible ! Comment aurais-je pu passer six mois en compagnie du rôdeur sans que l'on ne se rende compte de rien ? Mais... ai-je vraiment rien remarqué ? La présence du rôdeur me rassure et sa compagnie m'est précieuse. Serait-il possible, qu'inconsciemment j'ai ressenti le lien entre lui et moi ?

Une voix me sort de mes pensées.

... : Janjira... Venez manger avec nous.

Je tourne la tête et me retrouve face au prince elfe. Legolas me fais signe de le suivre et j'obtempère en silence. Nous rejoignons nos compagnons et mon regard se pose sur le rôdeur. Je reçois un choc. Je ne peux que constater notre ressemblance. Nos cheveux, bien que de couleurs différentes, sont ondulés. Tandis que ceux de ma mère étaient raides. Nos yeux sont du même bleu-gris profond. Il a la carrure puissante des Dunedains et mon corps, bien que svelte, laisse apparaître une certaine force. Il est vrai que nos visages sont de formes différentes, mais je sais que j'ai le visage de ma mère. Soudain, le dessin de mes parents me revient en mémoire et je ne peux nier la ressemblance des deux hommes. Nous sommes différents et en même temps tellement semblables. Je réalise alors que c'est bel et bien mon frère qui se tient en face de moi. Ma respiration se bloque, j'ai l'impression d'étouffer. Cela me parait tellement irréel, mais pourtant c'est indéniable...