Chapitre 37: La porte noire

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Nous marchons pendant près de deux jours avant d'apercevoir un immense mur noir fait de bois et de métal. Deux tours menaçantes s'élèvent tels des pics vers le ciel lugubre. Un frisson d'appréhension me parcoure. La porte noire. Finalement, nous nous arrêtons à quelques centaines de mètres du monstrueux barrage. Mon cœur s'accélère. Je tourne la tête vers Legolas et Gimli à ma gauche, puis vers Aragorn à ma droite. Malgré les milliers d'hommes présents aucun bruit ne se fait entendre. Le silence assourdissant me donne mal à la tête. Enfin, un murmure me parvient.

Pipin : Où sont-ils ?

Aragorn s'avance, imité par Legolas, Gimli, Gandalf, Pipin et Eomer. Je lance Ealdor au petit galop pour les suivre. Je sens Merry se tendre derrière moi. Nous nous arrêtons à une centaine de mètres de la porte. Mon sang cogne dans mes tempes. Soudain, mon frère prend la parole.

Aragorn : Que le seigneur de la terre noire s'avance ! Justice lui sera faite!

La porte s'ouvre légèrement dans un bruit métallique criard. Un cavalier s'avance vers nous. Il porte un casque qu'il lui recouvre tout le visage, ne laissant visible que sa bouche. Plaie ensanglantée s'ouvrant sur des dents jaunies.

Messager : Mon maître, Sauron le Grand, vous souhaite la bienvenue. Il y a-t-il quelqu'un qui a autorité pour traiter avec moi ?

Gandalf : Nous ne sommes pas venus pour traiter avec Sauron, perfide et maudit. Dîtes à votre maître ceci : les armées du Mordor doivent se disperser, il doit quitter ces terres et ne jamais y revenir.

Messager : Oh... Vieille barbe grise... J'ai là un souvenir que j'ai été chargé de te montrer.

Le messager sort de sa cape une cote de maille que je reconnais être celle de Frodon. Mon sang se glace dans mes veines. La bouche de Sauron lance la cote à Gandalf.

Pipin : Frodon !

Gandalf : Silence.

Merry : Non !

Gandalf : Silence !

Je me tourne vers Merry et lui fais signe de rester calme, avant de me retourner vers la Bouche de Sauron.

Messager : Le semi-homme vous était cher à ce que je vois. Sachez qu'il a enduré mille tourments entre les mains de son hôte. Qui aurait cru qu'un si petit être puisse supporter tant de souffrances ? C'est pourtant le cas Gandalf... Il l'a fait.

Doucement, Aragorn s'avance.

Messager : Et qui est-ce ? L'héritier d'Isildur ? Il faut plus pour faire un roi qu'une épée elfique brisée.

Soudain, Aragorn tire son épée et tranche d'un coup sec la tête de ce dernier. Il se tourne vers nous.

Aragorn : Je ne crois pas à ses dires ! Je n'y croirai jamais !

Lentement, la porte s'ouvre à nouveau, laissant apparaître une armée d'orcs.

Aragorn : On se replie !

Nous faisons demi-tour et rejoignons le reste de l'armée au galop. Je vois les regards apeurés des hommes et me retourne. La vision des milliers d'orcs s'avançant vers nous fait accélérer mon cœur dans ma poitrine. J'ai peur. Pourtant je n'arrive pas à détacher mon regard de ces centaines de milliers de corps marchant à notre rencontre. Violemment, les larmes me montent aux yeux. Je vais mourir. Aujourd'hui. Sur ce champ de bataille. Entourée de gens que je ne connais pas. En me débattant pitoyablement pour une cause qui ne devrait pas me regarder. Pour une quête que j'ai cru pouvoir finir. Je sais que mes amis ne me suivront pas dans la mort, que la Terre du Milieu ne tombera pas. Qui suis-je pour mener cette bataille ? Je ne suis pas une guerrière, juste une jeune fille perdue dans un monde qu'elle connait à peine. Soudain, la voix d'Aragorn me parvient.

Aragorn : Fils du Gondor  et du Rohan ! Mes frères ! Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur ! Un jour peut venir où le courage des hommes faillira ! Où nous abandonnerons nos amis et briserons nos liens ! Mais ce jour n'est pas arrivé ! Ce sera l'heure des loups et des boucliers fracassés ! Lorsque l'âge des hommes s'effondrera ! Mais ce jour n'est pas arrivé ! Aujourd'hui nous combattrons ! Pour tous ce qui nous est cher sur cette bonne terre ! Je vous ordonne de tenir ! Hommes de l'Ouest !

Mon regard se porte sur Aragorn son épée levée vers le ciel. Mon cœur rate un battement. Non. J'ai une raison de me battre. Peu importe qui j'étais il y a quelques mois, ce qui compte c'est qui je suis maintenant. Je me bats au côté de mes amis, de mon peuple. Pour une cause bien plus grande que tout ce que j'aurais pu imaginer. Même si je ne survis pas, même si ma quête s'arrête ici, je serais morte en me battant, en faisant mon devoir... Mon regard croise celui de mon frère et il me fais un signe de tête. Je sais que c'est à mon tour de parler. J'inspire profondément avant de me lancer.

Moi : Ce combat peut sembler vain ! Et il est tout à fait normal d'avoir peur ! Nous avons tous peur ! Mais nous devons continuer à nous battre ! Pour qu'un jour enfin, nous n'ayons plus à survivre ! Pour qu'un jour enfin, nos familles puissent vivre en paix ! Pour qu'un jour enfin, la peur soit chassée des cœurs ! Même si ce jour doit être notre dernier ! Combattons fièrement ! Ne baissons pas la tête ! Pour le Gondor ! Pour le Rohan ! Pour l'avenir des hommes ! Pour la Liberté ! Que vos bras ne faiblissent pas ! Mes compagnons ! Mes frères!

Aragorn baisse son arme et me souris légèrement. Finalement, mes amis descendent de cheval et je les imite. Des hommes s'approchent et récupèrent nos montures avant de s'éloigner.

Gimli : Jamais je n'aurais songé mourir au combat au côté d'un elfe.

Mes yeux se posent sur mon ami nain.

Legolas : Et que pensez-vous de mourir au côté d'un ami ?

Gimli : Ah, oui... Ça je peux le faire.

Je souris aux paroles de mes amis et reporte mon regard vers l'armée d'orcs. Oui. Je vais mourir. Aujourd'hui. Sur ce champ de bataille. Entouré de mes amis et de mon peuple. En me battant pour un avenir meilleur. Pour une liberté retrouvée. Car mes amis ne mourront pas, la Terre du Milieu ne tombera pas. Qui suis-je pour mener cette bataille ? Je suis la sœur d'Aragorn, l'héritière d'Isildur. Je fais partie de ce monde autant que chaque homme ici. Je protégerais mon peuple jusqu'à la fin... car tant que je continue d'y croire, il y aura toujours de l'espoir.

Aragorn se tourne vers nous et je tire mon épée.

Aragorn : Pour Frodon.

Il s'élance vers l'armée adverse, l'épée levée. Aussitôt, Merry et Pipin l'imitent et je fais de même. Bientôt tous les hommes s'élancent à l'assaut des orcs. La bataille commence.

Tout ce qui est disparu n'est pas forcément perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant