Pourquoi pas

Chapitre 21

HOLDEN

Un bruit me réveilla. Quelqu'un parlait. C'était pire que ça, elle criait. Je mis quelques instants à ouvrir les yeux.

Je m'asseyais brusquement dans le lit et la voyais gesticuler dans tous les sens.

Je touchais son corps qui était brûlant. En sueur.

Je prenais son visage pleins de larmes entre les mains, et la caressais doucement. Des mots sortirent de sa bouche. C'était quasiment incompréhensible. Son corps fini par se détendre et elle murmura.

- Non. Je te promets que je ne recommencerais pas. S'il te plaît...

Puis elle ouvrit les yeux. Son corps entier était couvert de spasmes.
Son regard apeuré croisa le miens.

La peur se lisait tellement sur son visage que je l'as prit dans mes bras, elle me serrait si fort.

Je ne me sentais pas à l'aise de lui demander si elle voulait en parler. Apres tout, on avait tous nos blessures avec lesquelles on devait vivre tous les jours. Et je n'étais pas très sure qu'elle se sente prête à en parler. Nous nous connaissions depuis peu.

Elle fini par se rendormir dans mes bras. Je voyais l'heure sur son réveil qui défilait. J'étais définitivement à la bourre. Mais à l'instant même où elle s'était accroché à moi comme à une bouée de sauvetage, je n'avais tout simplement pas eu la force de la laisser toute seule.

Il était 11h06 quand elle rouvrit les yeux. Elle voulu se relever brusquement mais je la tenais fermement contre mon torse.

- T'es pas mal au réveil. Même avec de la bave qui coule.

Elle se passa précipitamment la main sur sa bouche et je ne pu m'empêcher de rire.

- T'es vraiment trop bête.

Elle me frappa sur le torse.
Puis reposa sa tête contre moi.

J'attendais patiemment qu'elle sorte de la douche. L'eau coulait depuis à peine cinq minutes et elle me manquait déjà.
J'avais peur de rallumer mon téléphone. Mais il le fallait bien. A contre-coeur je le prenais sur la table de chevet.

Les messages vinrent les uns après les autres.

Depuis que j'étais arrivé à New-York, je n'avais jamais arrêté de bosser. Mon téléphone toujours à la main, et à côté de ma tête quand j'allais me coucher.

Putain je n'avais jamais prit le temps de déconnecter du boulot. Je n'avais jamais lâché prise comme maintenant.

Je sortais rapidement de la pièce quand je vis que mon agent m'avait appelé.

- Harris, j'écoute.

- Holden on a un problème. Un sérieux problème même. Il avait l'air paniqué.

- Explique. Dis-je sèchement.

- Les photos de ta sortie nocturne ont fuité.

- Ouais, et alors ?

Je faisais le malin mais en réalité je commençais sérieusement à flipper.

- la femme n'est pas reconnaissable sur les photos. Par contre Joshua a parlé dans une interview. Apparement tu aurais ramené une prostituée dans son club. Et il aurait été dans l'obligation de te demander de partir.

- Quel enfoiré celui la !

- Le truc c'est que cette jeune femme a beau ne pas être reconnaissable sur la photo, Joshua a donné son nom et prénom dans l'interview.

- Je vais fumer cet enfoiré une bonne fois pour toute.

- La riposte n'est pas une bonne idée. Tu ne ferais qu'empirer ta réputation.

- Tu deconnes la ! Cette fille pourrait se retrouver à la rue si je ne fais rien. Si son boss l'apprend elle pourrait se faire virer !

Je suis deja en train de penser à un plan pour faire chanter ce M.Gomez. Mais il me sort rapidement de mes pensées.

- Holden ne fais rien de stupide...

Soudain, j'ai une idée de génie.

- deviens son agent.

- Comment ca ? Il a l'air complètement dépassé par la situation.

- Tu lui apprendras à gérer sa notoriété, et tu pourras faire en sorte qu'on ne l'a traite pas de pute.

- Elle me paye comment ?

- C'est moi qui paye tout.

Je m'arrête de bouger quand j'entends des pas venir vers moi. Des mains me serrent la taille.

- tu paies quoi au juste ? Elle me demande et me fait un bisous dans le dos.

- Je dois te laisser, et commence déjà à tout mettre en place. Ce soir au plaza, je te confirme l'heure par message, ne soit pas en retard. Et je raccroche.

Je me retourne pour voir ses beaux yeux verts. Elle me scrute, un sourire flotte sur son visage.

- rien Jude, le boulot.

Je vois qu'elle hésite à insister. Elle est trop curieuse pour ne rien dire.

- ah ouais ? Ça ne m'aide pas à savoir ca.

- Écoute, j'aurais aimé rester plus longtemps dans cette bulle avec toi. Mais je ne peux pas te le cacher. Il faudrait dans ces cas là que je t'empêche de sortir de chez toi et que je détruise ton tel. Ce qui... Sous un certain angle, peut être plutôt pas mal. Mais je ne veux pas être égoïste. Les journalistes ont publié une photo de nous quand on sortait de la boîte. Tu n'es pas visible mais mon connard de demi-frère a révélé ton prénom et ton nom, en te faisant passer pour une pute.

Elle se recule précipitamment en secouant la tête de gauche à droite.
Je m'empresse de la rassurer.

- mais ne t'inquiètes pas. Je t'ai trouvé un agent, il va s'occuper de ta nouvelle notoriété.

Pas de réponse.

- ce n'est qu'une histoire de temps, une fois un autre scandale sorti, tu sortiras du viseur des journalistes et tu pourras reprendre une vie normale. Je poursuis.

- Holden !

Elle me coupe net dans mon élan.
J'ouvre grand les yeux et la regarde. Je suis suspendu à ses lèvres.

- Je... Je ne veux pas de cette vie la. Fait moi sortir de tout ca. S'il te plait... Elle avait un regard triste et paniqué.

Je m'attendais à tout sauf à ca. J'en reste con.

Je me serais attendu à ce qu'elle me cri dessus et me dise de sortir de chez elle, ou dans le pire des scénarios qu'elle saute de joie car son plan pour devenir célèbre aurait enfin marché. Mais qu'elle me supplie presque de l'aider à se sortir de cette merde ?